MARSEILLE - Marché de Noël et foire aux santons, deux salles, deux ambiances

Crèche de noël provençale et santons de Provence, véritable institution à  noël. MyProvence

Noël approche, les marchés consacrés à cette fête chrétienne battent leur plein… ou pas ! À Marseille, disons-le, c’est morne plaine.

Dos au Vieux-Port, une cinquantaine de chalets en bois occupent l’esplanade centrale du bas de la Canebière. Une arche lumineuse et quelques barrières métalliques visant à empêcher l’accès des deux-roues font office d’entrée. Derrière, les cabanons sont disposés de part et d’autre d’une allée centrale où clients et curieux déambulent. Ce jeudi 4 décembre, ce n’est pas la grande affluence. Quelques personnes âgées se mêlent à des travailleurs venus « faire un saut à l’heure de la pause déj' ». Globalement, les commerçants présents ne sont pas submergés par les demandes.

Il faut dire que les stands n’ont rien de rare et que la diversité des produits proposés laisse à désirer. Sur les étals, beaucoup de véritables faux savons de Marseille, des écharpes, des pyjamas, des peluches, des maquettes en bois… Très peu de choses qui font réellement penser à Noël, si ce n’est un ou deux stands qui sortent du lot, dont celui des matriochkas, très colorées et faisant la part belle aux personnages de la Sainte Famille.

Pour toutes et tous

Hormis cela, le « Noël marseillais » ressemble plutôt à une manifestation inclusive et de gauche, voire d’extrême gauche. Pour preuve, au rayon gastronomie, le stand savoyard propose du jambon halal, un échantillon de ce que la mairie appelle « des spécialités culinaires pour toutes et tous ». Plus loin, trois affiches mises en tête de gondole par une créatrice donnent la « recette pour un monde meilleur ». Voici les trois étapes : « Faire fondre les SUV au bain-marie », « casser les avions et jeter les blancs » et « découper les gros porcs en dés ». Comprenne qui pourra.

Ce marché de Noël n’en a que le nom. Et, parole de Marseillais, comparé à ce qu’il était il y a quelques années de cela, cette version 2025 est tout bonnement sans intérêt. Le nombre de commerçants a drastiquement diminué et les spécialités régionales ne sont plus au rendez-vous. Où sont passés les vendeurs de nougats, de calissons, de fruits confits, les tissus provençaux, les stands de lavande… ? Mystère et boule de gomme. Pour « vivre pleinement la magie des fêtes », comme promis par la municipalité, il faudra repasser.

Pour les purs et durs

Aujourd’hui, il n’y a plus que la foire aux santons qui conserve son essence. Là, sur le quai du Port, pas de surprise. Marcel Carbonel, Arterra, Daniel Coulomb et autres Campana sont fidèles au poste. Chacun a évidemment sa spécificité, son identité, son style, mais personne n’invente le fil à couper le beurre. Marie, Joseph, Jésus, le ravi, les moutons, les bergers, l'âne et le bœuf ainsi que l’ange sont à leur place, prêts à être emballés dans de petits morceaux de papier de soie pour être emportés dans les foyers marseillais.

Ici règne un certain calme. Les sujets sont manipulés avec grand soin par les santonniers comme par les clients. Les visages sont étudiés, les mains sont scrutées. Une attention particulière est portée à ces pièces uniques.

Sur ce côté du Vieux-Port, il n’y a pas de précipitation, personne ne se jette sur tel ou tel objet dans l’espoir de terminer au plus vite ses achats de Noël. Acheter un santon demande de la réflexion.

Le contraste entre ces deux marchés est saisissant. La foire aux santons fête cette année sa 223e année d’existence et semble ne pas avoir pris une ride, tandis que le marché dit de Noël de la Canebière a tout l’air d’être en bout de course. Preuve qu’importer une autre culture et d’autres traditions ne fonctionne pas.

Sarah-Louise Guille

Date de dernière mise à jour : 06/12/2025

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