POUR LE SALUT DE LA FRANCE

 

Ce fut son choix et l’a pleinement assumé. Certains y ont vu la fin d’une époque ou simplement la fin d’un règne. D’autres se sont réjoui au départ du vieux général considéré comme ringard et pourtant, cet homme d’exception avait pourtant su redresser la France après l’avoir libérée entre 1944 et 1945.

En ce dimanche 27 avril 1969, les résultats du référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation sont sans appel : le « non » l’emporte avec 52,58 % des voix, contre 47,42 % pour le « oui ». Charles de Gaulle avait lié le succès de ce vote à son maintien au pouvoir.

Cependant, moins d’un an auparavant, l’homme du 18 juiçn et de la Libération avait gagné la bataille de mai 1968 qui avait vu le pays presque paralysé pendant un mois.

Avec la dissolution de l’Assemblée nationale, et avec la convocation du peuple français pour de nouvelles élections, il obtient une écrasante majorité au palais Bourbon et ainsi, il réduit au silence la gauche de François Mitterrand, celle de Waldeck Rochet (1905-1983) ainsi que le centre de Jean Lecanuet. : on notera seulement l’élection de 57 députés pour le premier, 34 pour le deuxième et à peine 27 pour le troisième. Et le président de Gaulle de préciser : « Si nous ne faisons pas de bêtises, nous sommes au pouvoir pour trente ans », confiera-t-il à Alain Peyrefitte.

Contrairement à Emmanuel Macron, Charles de Gaulle prend en compte une grande partie des aspirations des Français, et du coup, il se lance alors dans une politique de réformes. L’aggiornamento politique et territorial lui semble indispensable. D’où cette volonté de fusionner le Sénat et le Conseil économique et social ainsi que constitutionnaliser les régions comme collectivités territoriales. Pour réaliser cette opération, il aurait pu utiliser la voie législative et gagner cette entreprise, mais il préfère celle du référendum et de la vox populi.

De Gaulle demande alors son avis à Robert Grossmann, fondateur de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), sur le résultat du référendum. Le jeune militant croit en la victoire du « oui » dans sa terre natale, l’Alsace. Le général lui répond : « Si c’est “non”, je m’en vais. Il s’agit d’un sujet essentiel. Si les Français me désavouent, c’est qu’ils ne sont pas d’accord avec ma politique. »

Ainsi, le vendredi 25 avril, le chef de l’État s’adresse une dernière fois aux Français lors d’une allocution télévisée : « Françaises, Français, vous à qui, si souvent, j’ai parlé de la France, sachez que votre réponse, dimanche, va engager mon destin […] Si je suis désavoué par une majorité d’entre vous, ma tâche actuelle de chef de l’État deviendra évidemment impossible et je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions. »

Deux jours plus tard, à 22 h 30, alors qu’il ne fait plus de doute que le peuple a rejeté la réforme du président, de Gaulle ordonne à Bernard Tricot, secrétaire général de l’Élysée, de transmettre l’annonce de sa démission à l’Agence France-Presse le lendemain, en fin de matinée. Puis il change d’avis et rappelle Tricot. Il lui demande que le communiqué soit publié dès minuit. Et la dépêche tombe à 0 h 11. Elle tient en deux lignes : « Flash. Le général de Gaulle communique : Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi”. » Deux semaines plus tard, le président démissionnaire s’en va « en exil provisoire » en terre irlandaise. Il y séjournera pendant six semaines.

Charles de Gaulle était un homme courageux. Il l’a montré à plusieurs reprises au cours de sa vie politique, et le fait de mettre sa fonction en jeu, confirme bien cette volonté et cette fermeté, de grandes valeurs humaines que l’on ne retrouve quasiment plus aujourd’hui dans notre démocratie.

Emmanuel Macron ferait bien d’en tirer une leçon de sagesse et d’humilité. Son impopularité devrait le faire réfléchir et pour le bien de la France, il serait bon qu’il se retire. Mais ne rêvons pas ! Le président Macron n’a pas cette grandeur d’âme, mais au moins, regagnerait-il une certaine popularité aux yeux des citoyens s’il se décidait à dissoudre l’Assemblée Nationale.

Pierre Reynaud

 

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire