REMANIEMENT : un drôle de dîners ...

Emmanuel Macron a, certes, conforté Élisabeth Borne, mais a laissé la porte ouverte à un remaniement. Ce mardi 18 juillet était peut-être le dernier repas de l’équipe gouvernementale actuelle.

Emmanuel Macron l'a répété à ses ministres : « il faut prendre beaucoup de distance ». Néanmoins, l'enjeu est de taille, à quelques jours, voire quelques heures d'un possible remaniement. Alors pour dédramatiser l'attente d'un éventuel remplacement de ses ministres, le président de la République a décidé de les convier à un dîner avec leurs conjoints ce mardi 18 juillet.

Le chef de l'État a aussi invité les membres du gouvernement à être « très fiers » des réformes parfois « impensables » menées cette année, à commencer par celle, ultra-contestée, des retraites. Et il a promis « beaucoup de réformes décisives à la rentrée », tout en prévenant que « les choses ne seront pas plus simples », car « la vie politique française ne se simplifiera pas ».

EMMANUEL MACRON ET ÉLISABETH BORNE

« C'est sadique »

Le dîner avec les ministres et secrétaires d'État, accompagnés s'ils le souhaitent de leurs conjoints, est une tradition avant la pause estivale. Mais il tombe, cette année, en plein remaniement. « Baroque », ironise un conseiller ministériel. « C'est sadique », s'offusque même une autre. Le chef de l'État, après de longues tergiversations, s'est résolu lundi à « maintenir » la Première ministre dans ses fonctions, sans enthousiasme et après avoir songé à la remplacer par son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, d'après de nombreuses sources macronistes.

Avant le raout élyséen, le duo exécutif s'est retrouvé pour près d'une heure de tête-à-tête afin de peaufiner la liste des membres appelés à sortir du gouvernement et leurs remplaçants. Et, dans un étonnant chassé-croisé, Élisabeth Borne a redescendu les escaliers venant de l'étage présidentiel au moment même où Gérald Darmanin, lui, les montait… La Première ministre est ensuite revenue au dîner accompagnée, fait rarissime, de son conjoint.

Selon plusieurs sources du camp présidentiel, on s'oriente vers un remaniement limité à six ou sept portefeuilles, une dizaine maximum. Une annonce pourrait « potentiellement » avoir lieu dès mercredi en fin d'après-midi, selon l'entourage d'Emmanuel Macron. Le conseil des ministres, initialement prévu mercredi, a été décalé, a priori, à jeudi. Pour clore la séquence, le président doit s'exprimer d'ici la fin de la semaine, sous une forme qui reste à définir, pour repréciser son cap.

Ndiaye, Schiappa et Braun sur la sellette ?

Mardi soir, c'est le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye qui s'est présenté le premier sur le perron du palais, alors même que son sort est parmi les plus scrutés. Depuis des mois, la macronie bruisse de spéculations sur cette personnalité de la société civile accusée de ne pas assez « incarner » sa fonction, et le nom de l'actuel ministre du Budget Gabriel Attal commençait à circuler ces dernières heures pour le remplacer, même si plusieurs sources invitaient à la prudence.

« Le président a beaucoup d'attachement » pour Pap Ndiaye, « c'est lui qui l'a choisi au départ », prévient un ministre. Même scénario pour le ministre de la Santé François Braun. Sauveront-ils leurs postes ? Parmi les suivantes à arriver à l'Élysée, Marlène Schiappa est, elle, de l'avis de tous, sur le départ après avoir été épinglée pour sa gestion du fonds Marianne. Tout comme le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe, qui pourrait, selon des sources du camp présidentiel, être remplacé par une députée Renaissance comme Astrid Panosyan-Bouvet ou même la patronne du groupe à l'Assemblée nationale Aurore Bergé.

« Dans une vie antérieure, j'ai été à votre place et je sais que ces moments ne sont jamais agréables », a lancé Emmanuel Macron d'emblée, pour détendre l'atmosphère. « Il faut prendre beaucoup de distance », a-t-il ajouté, remerciant les « familles » qui « portent une partie de la contrainte des vicissitudes que vous avez à subir ». Une secrétaire d'État s'est réjouie d'une « ambiance sympathique et plutôt détendue », loin du remaniement, alors que la soirée se prolongeait autour de minuit « sur un peu de musique ».

En optant pour une réponse a minima au sortir des 100 jours qu'il s'était lui-même fixés, le 17 avril, pour relancer son quinquennat après la crise des retraites, le chef de l'État a acté le fait qu'il n'a pas réussi à trouver la solution à une équation politique délicate : l'absence de majorité absolue à l'Assemblée. « Rien ne presse. Il était urgent d'attendre. Cette séquence des 100 jours n'a fait l'objet d'aucune appropriation par les Français. C'est plus un message au microcosme », résume le directeur général opinion de l'institut de sondages Ifop, Frédéric Dabi.

La Rédaction avec AFP

Date de dernière mise à jour : 19/07/2023

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