Après 10 ans de guerre, la Syrie toujours déchirée
La situation terrible que vivent des milliers de Syriens à l'occasion du dixième anniversaire d'une triple guerre menée sur leur territoire, qui les a déchirés, ne retient pas l'attention de la communauté internationale. De nombreuses organisations humanitaires s'efforcent de dénoncer les conditions infrahumaines dont souffrent des milliers de personnes en Syrie, mais elles n'obtiennent pas l'écho nécessaire dans les médias les plus influents, notamment à la télévision, pour que les dirigeants politiques ressentent une pression électorale suffisante de la part de leurs citoyens pour les obliger à fournir l'aide humanitaire correspondante.
La Syrie, 10 ans de guerre et 80% de la population vivant dans la pauvreté. Pier Jabloyan, missionnaire salésien de Syrie, explique que "la paix sera atteinte lorsque les pays décideront de travailler pour la population qui souffre et non pour leurs propres intérêts". Eusebio Muños, directeur des Missions salésiennes, affirme : "De nombreux enfants syriens ne savent pas ce que signifie vivre en paix et voir leurs besoins couverts".
Les chiffres de ces dix années sont terribles : plus d'un demi-million de morts, 200 000 personnes disparues, 5,6 millions de réfugiés, 6,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, 13,4 millions de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire pour vivre, plus de 2,4 millions d'enfants non scolarisés, 60 % des enfants qui ont faim... Jabloyan conclut dramatiquement qu'à présent, ils ne souffrent plus des bombardements quotidiens, mais qu'ils sont confrontés à la guerre économique et au coronavirus avec la plupart des hôpitaux et des centres de santé détruits.
Cette situation humanitaire n'a pas beaucoup d'influence sur les négociations entre les différents acteurs qui ne cherchent que leurs propres intérêts dans un pays qui est devenu un centre stratégique de la région. Le dictateur syrien Bachar el-Assad est parvenu à remporter la guerre contre les rebelles en quête de démocratie et de liberté en s'inscrivant dans le sillage empoisonné du printemps arabe, animé par des intérêts inavouables. La Russie a réussi à récupérer en Syrie, face à la politique hésitante et contradictoire de Trump, une bonne partie de son rôle de superpuissance internationale, malgré sa faiblesse économique, avec de nouveaux systèmes d'armes et ses bases militaires renforcées à Lakatia et Tartus, un point naval en Méditerranée. Et les puissances régionales ont mesuré leurs forces pour le contrôle de la région.
Entre les deux, des groupes terroristes comme Daesh ont fait irruption, profitant d'une situation de soutien indirect qu'ils ont ensuite perdue face à leur cruauté et à l'extorsion des populations qu'ils contrôlaient à Raqa, en Syrie, et à Mossoul, en Irak.
Aujourd'hui, Israël se bat pour empêcher l'Iran de consolider ses bases en Syrie et pour empêcher le réarmement du Hezbollah au Liban de se poursuivre. Sur le front nord, la Turquie poursuit son invasion de la zone où elle combat la milice kurde. Son objectif est d'empêcher à tout prix la création d'un État kurde et de regagner la popularité que le président Erdo?an perd de jour en jour.
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