GILETS JAUNES ...
ET SANS-CULOTTES
Il suffit de connaître un tout petit peu notre grande Histoire de France pour savoir que les Gilets Jaunes d’aujoud’hui sont les nouveaux Sans-Culottes du 21 ème siècle.
Mais qui étaient donc les Sans-Culottes ?
À l’origine, c’est le nom donné par mépris, au tout début de la Révolution française de 1789, aux manifestants qui portent des pantalons à rayures et non des culottes, symbole vestimentaire des aristocrates de l’Ancien Régime. Dans les faits, les sans-culottes sont des révolutionnaires du petit peuple de la ville et défenseurs d’une République égalitaire. À l’époque, ils sont jugés par les autres révolutionnaires comme des individus « radicaux » car ils préconisent la démocratie directe, sans aucun intermédiaire. Leur tenue est constituée d’un pantalon à rayures bleues et blanches, au lieu de la culotte courte et des bas portés par les nobles et les bourgeois. Ils arborent également un bonnet phrygien rouge porté aussi bien par les hommes que par les femmes. Cette coiffure est un signe de protestation exhibé par des commerçants, des artisans, des employés, des avocats, ou encore des bourgeois, mais aussi par des personnes de toutes conditions qui se présentaient comme « patriotes ». Ainsi, le bonnet phrygien devint rapidement un symbole de ralliement et une manière de réponse violente à la noblesse du moment.
Il faut dire aussi que le sans-culotte représente alors une nouvelle forme de société, étant devenu alors un personnage important de la Révolution française. Il s’oppose à celui de l’aristocrate par son costume évidemment, mais aussi par ses manières, son langage, ses symboles empruntés aux couches les plus populaires de Paris. En clair, les sans-culottes déclenchent un effet de mode dans tous les domaines : l’habillement, le langage, la musique, la décoration, la cuisine, la civilité, l’humour, la manière d’être et de parler et même les idées nouvelles : le sans-culottisme.
Mais revenons aux Gilets Jaunes, nos « révolutionnaires » actuels.
Chaque samedi et surtout depuis le début de l’année, on nous décrit les Gilets Jaunes comme des individus dangereux qui mettent la capitale comme également d’autres villes de province à « feu et à sang », et « prêts à tuer » selon les propos récents du ministre de l’Intérieur. À dire vrai, s’il existe quelques Gilets Jaunes très radicalisés, une grande majorité d’entre eux reste très pacifiste et clairement, les violences des manifestations n’ont rien à avoir avec celles que la France a connues sous la période révolutionnaire entre 1789 et 1799. À cette époque, notre territoire et en particulier Paris, connaissaient les pires émeutes avec des affrontements extrêmement violents entre les défenseurs de la royauté soutenus par les armées du Roi et les insurgés. Il faut dire que la violence régna en maître absolu au cours des heures noires de la Révolution et spécialement pendant la Terreur où 500.000 personnes furent emprisonnées, 100.000 exécutées ou victimes de massacres dont 17.000 guillotinés et près de 30.000 fusillés.
Alors, comparons ce qui est comparable. Les manifestations des Gilets Jaunes sont plutôt pacifistes comparativement à celles de la Révolution française ou plus près de nous, aux insurrections de mai 68. Peut-on comparer Eric Drouet et Maxime Nicolle à Danton, Saint-Just, Marat ou Robespierre ? Peut-on les comparer aussi à Cohn-Bendit, Geismar ou Krivine ? Certainement pas. Assurément, Drouet et Nicolle sont des contestataires, mais ils se distinguent plus par des mots que par des actes. Et quand on voit certains commerçants parisiens bien implantés ou leurs représentants, venir pleurer sur les chaînes de télévision, pour l’unique raison d’un chiffre d’affaires en baisse, on ne peut être que dégoûtés. Oui, dégoûtés de constater l’individualisme de ces chefs d’entreprises dont le seul objectif de faire « du chiffre » sur le dos des autres, alors que des familles n’ont plus les moyens de nourrir leurs enfants le 15 du mois. D’autant plus que ces nantis devraient comprendre que leur baisse de revenus - si elle existe - ne vient pas seulement des manifestations citadines, mais d’un pouvoir d’achat en baisse chez les Français dont le responsable principal est le pouvoir macronien.
Allons donc ! Arrêtons de gémir et de condamner des gens qui adhérent au mouvement des Gilets Jaunes car, reconnaissons-le, c’est le seul moyen pour eux, de se faire entendre et de revendiquer simplement leur droit à une vie décente, eux qui sont abandonnés depuis bien longtemps par la classe politique.
En conclusion, les Gilets Jaunes sont dans leur droit absolu de manifester jusqu’à ce que le gouvernement de Monsieur Macron leur donne satisfaction. En évidence, ce droit doit s’exercer dans le calme et le respect des biens d’autrui. Mais leur cause est légitime, et nous devons les soutenir face à un président de la République sourd à la colère d’un peuple rongé par la souffrance.
La France doit changer en profondeur. Les Gilets Jaunes ont entrepris une grand action nationale pour réformer la République et pour restituer aux citoyens leurs droits volés. Oui, les droits acquis avec tant de sacrifices par nos aînés au cours des siècles passés, ces droits dont les promoteurs furent les premiers Sans-Culottes de la Révolution française.
Pierre Reynaud
Date de dernière mise à jour : 31/05/2019
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