Iran : le journaliste et opposant Rouhollah Zam a été exécuté

La honte d'un régime islamique ...

Lamentable, triste, écoeurant ! 

Le Monde devrait tourner le dos à l'Iran, une république islamique où la simple opposition au régime en place se termine par une condamnation à mort.

Bien sûr, l’Union européenne et plusieurs ONG ont condamné l’exécution de Rouhollah Zam. Mais les médias ont été très discrets sur cette exécution, alors que souvent, ils mettent en exergue des faits qui ne méritent pas toujours la une des journaux ou des chaînes de télévision.

Il aurait donc fallu manifester publiquement notre indignation envers l'Iran, un pays où le pouvoir islamique ne supporte pas les oppositions politiques qui défendent les libertés totalement bafouées depuis bien longtemps. 

Ainsi, la situation des droits de l'homme est jugée très préoccupante en Iran. Il est de même du statut des femme qui font face à une situation de discrimination vis-à-vis des hommes, comme le montre l'inégalité de leurs droits concernant le mariage. A noter notamment que la loi islamique permet, en effet, aux hommes d'épouser quatre femmes à titre permanent et de prendre autant d'épouses « temporaires » par des contrats religieux qui peuvent durer de quelques heures à plusieurs années. Les femmes qui contractent des mariages temporaires sont des veuves ou des divorcées.

Mais revenons à la condamnation de Rouhollah Zam. Rappelons que ce dernier est un ancien journaliste connu pour gérer un groupe Telegram appelé 'Amadnews', qu'il a fondé en 2015. Zam a joué un rôle important dans les manifestations de 2017 et 2018, qu'il a couvert de manière indépendante. Il est fréquemment l'invité de Voice of America's Persian service, service de diffusion, en persan, par radio et télévision, du gouvernement américain..

Ce samedi 12 décembre 2020, 'Iran a mis à exécution la condamnation à mort de Rouhollah Zam, accusé d'avoir joué un rôle actif dans le mouvement de protestation de 2017-2018.

Le journaliste et opposant iranien Rouhollah Zam, un temps exilé en France, a été exécuté samedi 12 décembre 2020 en Iran, rapidement après la confirmation de sa condamnation à mort pour son rôle dans la vague de contestation de l’hiver 2017-2018.

Le « contre-révolutionnaire » Zam a été pendu, a annoncé la télévision d’Etat, rappelant que la Cour suprême avait confirmé sa condamnation à mort en raison de la « gravité [de ses] crimes » contre la République islamique.

Le porte-parole de l’Autorité judiciaire, Gholamhossein Esmaïli, avait indiqué mardi, que cette institution avait statué « il y a plus d’un mois » sur le cas de Zam et confirmé « le verdict [rendu en juin par le] tribunal révolutionnaire » de Téhéran.

RUHOLLAL ZAML’opposant iranien Ruhollah Zam, un temps exilé en France, le 30 juin 2020

L’ONG demandait aussi à l’Union européenne d’intervenir rapidement auprès du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, « pour qu’il annule ce verdict cruel ».

L’organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF), qui avait accusé l’Iran d’avoir enlevé Zam alors qu’il se trouvait en Irak afin de le juger au pays, a dit samedi être « choquée que [les autorités iraniennes] aient mis à exécution leur sentence ».

Zam avait vécu en exil plusieurs années en France avant d’être arrêté par les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, dans des circonstances obscures.

« Escalade choquante »

Qualifiant Zam de « journaliste et dissident », l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, avait rapidement réagi à cette annonce, jugeant que cette confirmation marquait « une escalade choquante dans le recours de l’Iran à la peine de mort comme arme de répression ».

Rôle actif dans la contestation de l’hiver 2017-2018

Son arrestation avait été annoncée en octobre 2019, mais l’Iran n’a pas précisé le lieu ni la date des faits, accusant l’opposant quadragénaire d’être « dirigé par le renseignement français et soutenu » par les services secrets des Etats-Unis et d’Israël.

Zam, qui disposait du statut de réfugié en France, a dirigé une chaîne (Amadnews) sur la plateforme de messagerie cryptée Telegram, et a été reconnu coupable d’avoir joué un rôle actif, par l’intermédiaire de ce média, dans la contestation de l’hiver 2017-2018.

Au moins 25 personnes ont été tuées dans ces troubles ayant touché plusieurs dizaines de villes iraniennes entre le 28 décembre 2017 et le 3 janvier 2018. Téhéran avait qualifié de « sédition » ce mouvement de protestation contre la vie chère ayant rapidement pris un tour politique.

A la demande des autorités iraniennes, Telegram avait accepté de fermer Amadnews – qui comptait alors près de 1,4 million d’abonnés – en reprochant à ce canal d’avoir incité à la « violence ».

Procès en février 2020

Le procès de Zam s’était ouvert en février.

Selon l’acte d’accusation, l’opposant avait comparu pour « corruption sur terre », un des chefs d’accusations les plus graves en République islamique d’Iran, passible de la peine capitale.

Il était poursuivi également pour « des délits contre la sécurité intérieure et extérieure du pays », « espionnage au profit du service de renseignement français », et insulte au « caractère sacré de l’islam ».

L’Autorité judiciaire avait indiqué en juin qu’il avait été jugé coupable de l’ensemble des chefs d’accusation retenus contre lui.

A l’ouverture du procès, la télévision d’Etat iranienne avait diffusé un « documentaire » au sujet des « relations de Rouhollah Zam ».

« Aveux télévisés »

Dans une autre « interview » avec la télévision d’Etat, le détenu Zam apparaît déclarant avoir cru aux idées réformatrices jusqu’à son emprisonnement pendant près de trois mois lors du grand mouvement de contestation contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, mais nie avoir incité à la violence.

Amnesty International appelle régulièrement les autorités iraniennes à cesser la diffusion d’« aveux télévisés » de suspects jugeant que ces méthodes « violent les droits de la défense ».

En septembre, l’exécution d’un jeune lutteur iranien, Navid Afkari, pour le meurtre d’un fonctionnaire lors de manifestations antigouvernementales en 2018 avait suscité un tollé à l’étranger et sur les réseaux sociaux.

De nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer ce qu’elles avaient qualifié d’empressement des autorités à exécuter un verdict, prononcé, selon les soutiens d’Afkari, sur la base d’aveux extorqués sous la torture.

Avec au moins 251 exécutions en 2019, l’Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale, selon le dernier rapport mondial sur la peine de mort d’Amnesty International.

Source : © 2020 AFP

Date de dernière mise à jour : 13/12/2020

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