François Bayrou fait les comptes

Budget 2026 : François Bayrou dresse un sombre état des lieux | France  Culture

e Premier ministre a dressé un catalogue de mesures visant à une réduction massive du déficit public. Tout le monde devra faire un effort pour réaliser 43,8 milliards d’économies en 2026.

L’objectif affiché par François Bayrou consiste à ramener le déficit de 5,4 % du PIB en 2025 à 4,6 % en 2026, avec une trajectoire vers 3 % en 2029 afin de respecter les critères européens. Soit un effort budgétaire total de 40 à 44 milliards €, incluant les surcoûts de la défense, soit environ 43,8 milliards €.

Une année blanche et des tours de vis un peu partout

Parmi les mesures préconisées par Bayrou : le gel en 2026 des revalorisations : pensions, prestations sociales, barèmes d’impôt sur le revenu et CSG resteront au même niveau qu’en 2025 – un effort collectif temporaire estimé à sept milliards €.
Un rééquilibrage des dépenses sociales dont 5 milliards € d’économies prévues sur les dépenses de santé par :

Doublement de la franchise médicale (de 50 à 100 €),

Réduction des arrêts maladies jugés abusifs,

 Réexamen des remboursements hors affection longue durée

Fonction publique & suppression d’emplois

Le plan du Premier ministre prévoit 3 000 suppressions de postes dans la Fonction publique grâce au non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite.
L’augmentation du budget de la Défense prévoyant un surplus de +3,5 milliards € pour la défense en 2026 (et +3 milliards € en 2027), couvert par le plan d’économie global.

Suppression de jours fériés

Bayrou propose de supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai (Victoire 1945), afin de générer plusieurs milliards d’euros.

Lutte contre la fraude et niches fiscales

Pour réaliser encore des économies, l’État renforcera la lutte contre la fraude fiscale, sociale et sanitaire. Un projet de loi sera déposé en sens à l’automne pour mieux détecter et recouvrer les fraudes. À cela s’ajoute la suppression des niches fiscales jugées inefficaces, et l’introduction d’un forfait remplaçant l’abattement de 10 % sur les pensions en faveur des retraités modestes.
Le plan Bayrou prévoit aussi la création d’une « contribution de solidarité » pour les plus hauts revenus, dont les contours seront fixés via les commissions parlementaires.

Justification et contexte politique

François Bayrou a souligné la dépendance excessive de la France à la dépense publique (57 % du PIB) et l’urgence de corriger cette dérive pour éviter une crise grecque. Il a ainsi averti : « On s’est habitué au déficit… chaque seconde, la dette de la France augmente de 5 000 €. »
Ces mesures marquent l’un des efforts de rigueur budgétaire les plus importants de la Ve République. Elles sont néanmoins très contestées et risquent d’alimenter une motion de censure, notamment face à un Parlement sans majorité absolue.

« Un discours de vérité »

« Il n’y a pas de courage à promettre ce qu’on ne pourra pas financer. Le courage, c’est de dire que nous devons corriger collectivement une habitude mortelle pour le pays » explique François Bayrou qui assume un discours de vérité, quitte à aller à l’encontre de la popularité immédiate. Il revendique une démarche de responsabilité républicaine, tout en préparant l’opinion à des sacrifices temporaires « pour sauver le modèle social français sur le long terme. »

Les réactions politiques

Rassemblement National (RN)
Marine Le Pen : « Nous soutenons la nécessité de réduire le déficit, mais pas sur le dos des Français modestes. La suppression des jours fériés et le gel des pensions sont inacceptables. » Le RN menace de ne pas voter le budget et laisse planer l’hypothèse d’une motion de censure, sans l’avoir confirmée pour l’instant.

Les Républicains (LR)
Éric Ciotti et Bruno Retailleau critiquent « un effort mal ciblé, qui évite de réduire réellement le nombre de fonctionnaires et de revoir les politiques publiques. » Le LR propose plutôt une réforme de l’État et un allègement des dépenses locales.

Nouveau Front Populaire (NFP) — Union de la gauche
Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Olivier Faure (PS) dénoncent « un plan d’austérité massif ». La NUPES (ex-NFP) demande un référendum et envisage une motion de censure avec d’autres groupes.

Horizons et Renaissance (centristes)
Les partis proches du président Macron soutiennent prudemment le Premier ministre, mais expriment des inquiétudes sur l’impact social. Certains élus Renaissance ont évoqué en off des « mesures courageuses mais risquées politiquement ».

Réactions syndicales et patronales

Syndicats (CGT, CFDT, FO, UNSA) appellent à une journée nationale de grève à l’automne 2025. La CFDT déplore un manque de concertation, même si elle reconnaît la nécessité d’une trajectoire budgétaire. La CGT parle d’« attaque frontale contre les droits sociaux ».
MEDEF et CPME : Le patronat salue le « retour à une orthodoxie budgétaire », mais s’inquiète d’un « ralentissement de la consommation intérieure » du fait du gel des prestations et des hausses de prélèvements pour les hauts revenus.

Émilien Lacombe

Date de dernière mise à jour : 15/07/2025

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