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MONUMENTS HISTORIQUES : Près d'un quart sont en mauvais état ! Voir le reportage

Que fait donc l'État ? 

La Cour des comptes a publié, le 22 juin, un rapport sur la politique de l’État en faveur du patrimoine monumental. Cette politique, née au XIXe siècle dans le but de sauver le patrimoine français, protège plusieurs centaines de milliers d’édifices et d’espaces environnants qui sont protégés au titre des abords des monuments historiques ou des sites. Mais les protège-t-elle vraiment ? Alors que les Français vont les admirer et les visiter cet été, ce rapport se montre très critique sur la politique de l'Etat jugée inadaptée aux nouveaux enjeux de la gestion du patrimoine. Un patrimoine dont les fragilités structurelles persistent.

RUINES DU MANOIR DE LA TURMELIERE

La Cour des comptes rappelle que, selon le dernier bilan réalisé en 2018, près d’un quart de nos monuments sont dans un état préoccupant. Si elle fait état d’une dépense publique allouée au patrimoine monumental « significative », son rapport met en évidence la connaissance incomplète du ministère de la Culture au sujet de la dépense consolidée par l’État. Le jaune budgétaire « Effort financier de l’État dans le domaine de la culture et de la communication », censé établir tous les efforts consentis, est également présenté comme incomplet au sujet des dépenses dont bénéficient les collectivités territoriales au titre du patrimoine local.

En 2009, une importante réforme de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre des opérations de conservation a eu lieu mais n’a pas eu les effets escomptés. La hausse des opérations de conservation à laquelle devait conduire cette réforme ne s’est pas démontrée.

Cette politique est également confrontée à une fragilisation des ressources humaines et de l’expertise architecturale et patrimoniale dite "de premier niveau". En cause, le peu de disponibilité des architectes des Bâtiments de France et la réforme des interventions de ces architectes.

Enfin, la réforme des sites patrimoniaux tarde à aboutir et la modernisation des dispositifs juridiques n’a jamais été accomplie. En conséquence, l’exercice des protections des monuments et des sites demeure complexe.

On retrouve, dans ce domaine comme dans bien d’autres, les défauts du système français. Tout reste centralisé. La politique de l’État en faveur du patrimoine monumental ne passe que trop peu par le conseil aux collectivités et la concertation avec les acteurs locaux, pourtant nécessaire pour les villes anciennes confrontées à des difficultés économiques et possédant un patrimoine remarquable.

La Cour des comptes juge, finalement, que « la politique de l’État en matière de patrimoine monumental souffre d’un trop grand cloisonnement entre ses trois piliers, la protection, la conservation et la mise en valeur ».

Résultat, une situation du patrimoine français préoccupante. Le rapport présente un ensemble de solutions en matière de fiscalité, de dépense publique, de protection de monuments historiques et de leur mise en valeur, qui devraient être utilisées par l’État pour améliorer la situation. Le fera-t-il ? L’État consacre au patrimoine un milliard d’euros, soit trois à quatre fois moins que le budget alloué à… notre très cher audiovisuel public (3,7 milliards d’euros).

Blandine Gérard

 

 

LES RUINES DU MANOIR DE LA TURMELIERE

Au fond d'un vaste parc romantique s'élève un château massif construit à la fin du XIXe siècle. Mais le promeneur curieux découvrira derrière cet édifice, un peu en contrebas et dissimulés par les arbres, les restes imposants d'un manoir médiéval. Ces ruines sont celles de la demeure natale de Joachim du Bellay, cette " pauvre maison " qu'à Rome il regrettera.

Le château primitif date du XIIIe siècle et fut restauré au XVe siècle par Perceval Chabot, aïeul de la mère de Joachim du Bellay. La Turmelière est alors une place-forte où les Seigneurs de Liré se retranchaient en cas de guerre. La position du bâtiment, entre coteaux escarpés et une petite vallée, le rendait quasiment imprenable. Le grand-père maternel du poète s'y installe en 1472.

Joachim du Bellay est né à la Turmelière vers 1522-1525. Il y passera toute sa jeunesse et il est certain que les paysages de bocage qui entourent le château ont pu inspirer au poète son attachement à la douceur angevine…

La demeure a été détruite en grande partie durant les guerres de Vendée mais conservée par la suite pour agrémenter, dans un esprit romantique, le parc de la propriété.

© D. Drouet

© D. Drouet

© D. Drouet

© D. Drouet

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