Journées du patrimoine 2025 : entre hommage aux bâtisseurs et appels au secours

Avec l’arrivée de l’automne, la France se prépare à célébrer et à partager avec le plus grand nombre la richesse de son patrimoine. En effet, du 19 au 21 septembre 2025, les 42es Journées européennes du patrimoine inviteront le public à porter un regard attentif, curieux et renouvelé sur les édifices qui jalonnent nos villes et nos campagnes. Le thème retenu cette année, « À la rencontre du patrimoine architectural », place donc l’architecture au cœur de l’événement. Il s’agit ainsi de mettre en valeur non seulement les monuments qui font la fierté de notre pays, mais aussi ceux qui conçoivent, restaurent et veillent à la transmission de ces merveilles.

Que pouvons-nous attendre de ces journées ?

Cette édition sera ainsi l’occasion de rendre hommage aux grands noms de l’architecture, comme Pierre de Montreuil, maître d’œuvre gothique du XIIIe siècle, Jules Hardouin-Mansart, créateur des splendeurs classiques de Versailles, ou Charlotte Perriand, pionnière de l’architecture et du design moderne. Les Journées du patrimoine mettront aussi en avant les architectes d’aujourd’hui, des architectes des Bâtiments de France, chargés de protéger et de conseiller au quotidien sur le patrimoine bâti, aux architectes en chef des Monuments historiques. Ce thème rappelle ainsi que l’architecture est une discipline vivante.

Le programme sera également tourné vers la jeunesse. Le vendredi 19 septembre, les scolaires participeront à l’opération nationale « Levez les yeux ! », organisée avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, afin de les sensibiliser à la beauté et à la fragilité du patrimoine. Le grand public pourra ensuite profiter, les 20 et 21 septembre, d’un week-end d’ouvertures exceptionnelles, de visites guidées et de rencontres avec des professionnels. En 2024, près de 6 millions de visiteurs avaient franchi les portes de quelque 17.000 sites ouverts pour l’occasion. Il ne reste plus qu’à vous, chers lecteurs, de relever le défi et de dépasser ce chiffre cette année.

Les Journées européennes du patrimoine s’inscrivent aussi dans une forme de continuité symbolique. En effet, l’année 2025 marque le cinquantième anniversaire de l’« Année européenne du patrimoine architectural », organisée en 1975. Cette initiative pionnière fut déterminante pour faire reconnaître le patrimoine architectural comme facteur de qualité de vie et stimuler sa protection à l’échelle du continent.

Par ailleurs, elles coïncident également avec le centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925, événement fondateur de l’Art déco. Ces deux commémorations élargissent ainsi la portée des Journées du patrimoine et replacent l’architecture dans une perspective historique et culturelle européenne.

Des initiatives de sauvegarde

Parallèlement à ces journées, de nombreuses initiatives particulièrement importantes ont lieu afin de protéger notre patrimoine. En effet, l’une d’entre elles, « Le Plus Grand Musée de France », porté par Allianz en partenariat avec la fondation Sauvegarde de l’art français, vise depuis 2021 à identifier, restaurer et faire rayonner des œuvres d’art mobilières locales - tableaux, sculptures, fontaines, tapisseries - qui, souvent, passent inaperçues, mais qui n’en sont pas moins en péril. À ce jour, plus de 300 œuvres ont déjà été signalées et repérées, témoignant d’une forte mobilisation des citoyens.

Le principe est simple mais puissant : chacun peut proposer une œuvre près de chez soi et de sa région, un jury la sélectionne parmi les candidatures et un vote désigne les lauréats. Chaque œuvre primée recevra alors une somme de 8.000 euros pour sa restauration. Ce modèle participatif illustre l’importance de la mobilisation locale et citoyenne dans la sauvegarde du patrimoine.

Se mobiliser pour les églises

Une autre initiative récente, portée elle aussi par la fondation Sauvegarde de l’art français, concerne le patrimoine religieux, et plus particulièrement le plus petit et le plus humble. En effet, de nombreuses petites églises et chapelles rurales, souvent nichées dans des villages parfois oubliés, sont aujourd’hui en grand danger, victimes de la vétusté, du manque d’entretien ou de l’absence de culte régulier. Pour contrer ce triste destin, selon Le Figaro, la fondation cherche à mobiliser les Français, à défaut de recevoir les 200 millions d’euros promis en 2023 par Emmanuel Macron et dont seulement un dixième est parvenu pour l’instant.

Afin de donner une dimension nationale à cette mobilisation, la fondation organise ainsi un vote en ligne : dans chaque région, trois églises seront proposées au choix des Français pour bénéficier en priorité des dons récoltés. Le président de la fondation, Olivier de Rohan, rappelle avec force la légitimité de cette démarche : « À une époque où on protège scrupuleusement les chauves-souris et les hannetons, protégeons aussi la beauté des édifices qui sont considérés par le Conseil d’État comme des éléments du patrimoine commun. »

Cette action se veut aussi tournée vers l’avenir. En effet, la fondation insiste sur l’importance de sensibiliser les jeunes générations, de moins en moins croyantes, mais pour qui ces édifices doivent demeurer des repères culturels et historiques. « Nous voulons recréer un engouement, et pour cela, les habitants doivent redécouvrir des lieux de culte qu’ils ne connaissent plus », explique Lionel Bonneval, directeur de la fondation. « Nous aidons déjà les écoles à faire des visites d’églises avec des classes d’élèves qui n’y ont jamais été. »

Ainsi, soutenir ces campagnes, c’est non seulement rendre hommage aux bâtisseurs d’hier et aux restaurateurs d’aujourd’hui mis à l’honneur lors des Journées du patrimoine, mais aussi affirmer une conviction forte : préserver le patrimoine, et notamment nos églises, c’est préserver notre mémoire, notre héritage et une part essentielle de notre identité millénaire et chrétienne.

Eric de Mascureau