
À Carcassonne, la tête de file d’un réseau de prostitution a été interpellée, ce lundi 13 octobre, informaient, en milieu de semaine, plusieurs quotidiens locaux. Le mis en cause, un travesti paraguayen d’une trentaine d’années, a été interpellé après six mois d’une enquête minutieuse menée par la police judiciaire de la ville occitane. Agissant au moyen du site Sex model, le réseau procédait à ses activités en louant pour de courtes durées des appartements via la plate-forme Airbnb, ont rapporté l’InfOccitanie ou encore L'Indépendant.
Pourtant, bien que le parquet de Carcassonne ait reconnu des faits de prostitution, ceux-ci n’ont pas fait l’objet de poursuites spécifiques. Les services de police contactés par Boulevard Voltaire expliquent une situation « plus compliquée que cela ». L’homme, lui-même prostitué, ayant été découvert en situation irrégulière sur le sol national lors de sa garde à vue, a été transféré, dès le mardi 14 octobre, au centre de rétention administrative (CRA) de Perpignan, en attendant son expulsion du territoire français.
Des prostituées sous OQTF
Toujours selon une source policière, Boulevard Voltaire a appris que la majorité des femmes impliquées dans ce réseau sont de nationalité étrangère, certaines étant déjà sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Si elles feront désormais l’objet d’une surveillance particulière de la part des services de police afin de prévenir toute reprise d’activité, leur avenir sur le territoire français demeure incertain. Comme elles, ils sont nombreux, venus de l’étranger, proxénètes ou exécutants parfois sous OQTF, à alimenter aujourd’hui les réseaux de traite qui prospèrent désormais sur l’ensemble des régions françaises.
En octobre 2024, Le Parisien relatait déjà l’arrestation, à Juvisy-sur-Orge, d’un Libyen d’une vingtaine d’années, lui aussi visé par une OQTF, soupçonné de proxénétisme aggravé, encore au moyen du site qui abrite des propositions de services sexuels. Quelques mois plus tôt, en juin, un réseau de proxénètes étrangers travaillant pour une mafia nigériane avait été mis en cause dans une vaste affaire de traite humaine à Paris. Selon la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, le Nigeria figure en effet parmi les pays les plus représentés, dans ces dossiers : sur les 4.823 victimes d’exploitation accompagnées en 2024 par 44 associations, plus de 1.200 étaient nigérianes.
Des étrangers surreprésentés dans le trafic humain
Une tendance lourde qui se retrouve dans la prostitution, en France : sur les 30.000 à 44.000 personnes prostituées estimées dans le pays, 90 % seraient étrangères, selon les chiffres du gouvernement. Les réseaux s’appuient ainsi sur une main-d’œuvre vulnérable, souvent en situation irrégulière, parfois sous le coup d’une OQTF, comme à Carcassonne.
Une proportion, donc, écrasante dans ces pratiques, certes tolérées par la loi française mais qui demeurent prohibées pour le proxénète et l’acheteur de services sexuels. Pourtant, certaines associations, à l’image de l’Amicale du nid, qui accompagne les personnes prostituées, vont jusqu’à réclamer la levée des OQTF pour les femmes en situation irrégulière engagées dans un parcours de sortie. Ces associations semblent pourtant ignorer l’évidence : la prostitution de masse ne reculera pas tant que perdureront les flux migratoires qui l’alimentent.
Aliénor de Pompignan