
Qu’a fait Abbas pour mériter les honneurs, au juste ?
Le président Macron ne pourrait pas répondre. Pas grave, car la presse n’oserait jamais lui poser la question. Ce serait pourtant un moment réjouissant. Quoi qu’il en soit, lorsque le président français a invité Abbas en tant que « président de l’État de Palestine », je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux remarques du président Trump à son sujet :
Juillet 2025, Trump répondait aux critiques de Macron concernant le cessez-le-feu à Gaza négocié par les États-Unis, qu’au passage, Macron prétend désormais mettre en place (lol!) :
« Voici la bonne nouvelle : ce que Emmanuel [Macron] dit n’a aucune importance. Sa déclaration n’a aucun poids. »
Septembre 2025, Trump évoque la reconnaissance unilatérale de la Palestine par Macron à l’ONU :
« Ce qu’il [Macron] dit ne compte pas… Ça n’a absolument aucune importance. »
Février 2025, concernant les contributions des États membres de l’OTAN :
« Macron parle beaucoup, mais la France ne paie pas. Il ne reconnaîtrait pas un accord équitable même s’il lui sautait aux yeux. »
Voici le meilleur, pour les fines bouches.
Octobre 2025, concernant les accords sur les tarifs douaniers :
« Emmanuel pense pouvoir donner des leçons aux États-Unis sur les droits de douane ? Il n’a plus aucune influence sur la scène internationale, désormais. »
Donc, l’Élysée a annoncé la rencontre en désignant Mahmoud Abbas comme « président de l’État de Palestine », et le but de la rencontre est d’aborder la façon dont l’Autorité palestinienne dirigera la bande de Gaza d’après-guerres.
Il n’existe pas d’État de Palestine
S’il existait, Abbas n’en serait pas le président : Abbas a été élu président de l’Autorité palestinienne en 2005, pas de l’État de Palestine.
C’était il y a 20 ans, son mandat était pour une durée de 4 ans et il n’a pas tenu d’élections depuis 20 ans.
Dans l’inconscient de Macron, les élections démocratiques sont un détail sans importance : Abbas est président et puis voilà…
Macron vit dans un monde irréel, hélas, j’ai quelques faits à lui rappeler, ces saletés de faits qui se mettent en travers de la réalité. Voyons voir…
Macron entend :
soutenir une solution à deux États,
parler de la réforme de l’Autorité palestinienne (AP) et
promouvoir une gouvernance transitoire pour Gaza par l’AP
Petites remarques :
Il n’y aura pas deux États. Israël a dit non. Le droit international dit non. Le Premier ministre a dit non. Le chef de l’opposition, Yair Lapid a dit non. La Knesset a voté non. Les sondages montrent que même la gauche israélienne y est désormais opposée, et côté arabe, la majorité y est également hostile. Il ne s’agit en aucun cas d’une « solution » aux problèmes de terrorisme, mais d’une aggravation de ceux-ci. Voir la vidéo de ma conférence en Suisse où j’aborde en détail les arguments des uns et des autres.
Mahmoud Abbas est sincèrement, totalement et profondément disposé à parler de la réforme de l’autorité palestinienne.En revanche, il est absolument opposé à engager la moindre réforme.
Israël a déclaré que l’AP ne gouvernerait pas Gaza, donc l’AP ne gouvernera pas Gaza.
Enfin, n’oublions pas que l’AP est une entité intérimaire créée par les Accords d’Oslo (1993-1995) pour une autonomie limitée. Elle ne représente même pas le « peuple palestinien », a conclu la Cour d’Appel de Versailles en 2013.
Maintenant je laisse monsieur Macron retourner à ses rêves à deux avec son président préféré.
Jean-Patrick Grumberg
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