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TERRORISME - Patrick Jardin, la peine d’un père de famille dix ans après le Bataclan

Le Bataclan, salle de concert devenue enfer - Rolling Stone

Patrick Jardin, père de Nathalie, régisseuse du Bataclan, exécutée lors des attentats du 13 novembre 2015, témoigne.

Il est des hommes qui inspirent le respect, tant les drames qu’ils traversent les éprouvent. Patrick Jardin en fait partie.

Ce garagiste originaire du nord de la France a perdu sa femme en 2004, emportée par un cancer. « On était un couple et une famille où tout allait bien, sans accrocs pendant vingt ans », confie-t-il. Onze ans plus tard, c’est une terrible image qu’il est contraint d’affronter : derrière la vitre d’une chambre de l’institut médico-légal de la préfecture de Paris, sa fille Nathalie repose sous un drap.

Quelques heures auparavant, dans la soirée du vendredi 13 novembre 2015, l’État islamique perpétrait une série de fusillades et d’attaques suicides dans la capitale. Nathalie, éclairagiste - ou lighteuse, comme on dit dans les métiers du spectacle -, travaillait depuis dix ans dans une salle de concert en forme de pagode chinoise. Ce lieu tranchait avec le style haussmannien du boulevard Voltaire. C'est le Bataclan. Ce soir-là, elle fera partie des cent trente morts exécutés par les terroristes islamistes affiliés à Daech.

Nathalie Jardin, fille de Patrick Jardin, assassinée par des terroristes au Bataclan

« Des terroristes profitent de ces flux de réfugiés pour venir en Europe... »

Depuis dix ans, son père, Patrick, se bat pour la mémoire de sa fille et pour que « ce genre d’attentat ne se reproduise plus ! », comme il l’affirme d’un ton assuré. Selon lui, les responsables politiques portent leur part de culpabilité. Les errements supposés de l’exécutif en matière de sécurité alimentent cette colère. Le 13 septembre 2015, deux mois avant les attentats, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, déclarait : « Je ne peux pas exclure que des terroristes profitent de ces flux de réfugiés pour venir en Europe. Ce n’est pas le cas pour l’instant. » Le 19 novembre, le premier flic de France reconnaît finalement, trop tard, que les terroristes « ont profité de la crise des réfugiés, notamment au moment de ce chaos, peut-être, pour certains d’entre eux, se glisser » en Europe.

Cette année, Patrick Jardin a expliqué, sur le réseau social X, qu’il ne se rendrait pas à l’hommage officiel. « Dans moins d’un mois, cela fera dix ans que je suis séparé de ma fille Nathalie, assassinée par des islamistes qui sont soit morts, soit incarcérés. Par contre, aucun des politiques auxquels on doit ces attentats – Hollande, Valls, Cazeneuve, Le Drian – n’a été inquiété, alors qu’ils sont responsables. Vous trouvez cela normal ? », a-t-il écrit en capitales, le 25 octobre dernier.

Des propos qui n’ont pas laissé indifférent Raphaël Arnault, député La France insoumise. Celui-ci a réagi quelques jours plus tard : « Il y a eu deux types de réactions à la suite du Bataclan : les fascistes qui ont œuvré pour faire monter le racisme islamophobe, avec en parallèle un candidat RN qui négocie avec Daech, et les antifascistes qui ont soutenu ou sont directement partis au Rojava pour combattre Daech. » Patrick Jardin voit dans la citation de sa publication par le parlementaire une mise en cause directe. De même pour Éric Zemmour, qui a répondu à Raphaël Arnault : « Ce député, milicien fiché S, envoyé par Mélenchon à l’Assemblée nationale, est en train d’insulter le père d’une victime du Bataclan, Patrick Jardin. Derrière la comédie antifasciste, l’inhumanité pure. »

À l’approche de la terrible date anniversaire du 13 novembre, retrouvez le témoignage de Patrick Jardin.

Jean Bexon

 

 

Date de dernière mise à jour : 12/11/2025

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