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RÉVOLUTION FRANÇAISE - 25 août 1767 : Saint-Just, l’Archange de la Terreur, né dans le sang d’un roi

Saint-Just, la Terreur à l'ordre du jour : épisode du podcast La Révolution  française | France Inter

Né le 25 août 1767, et mort guillotiné à vingt-six ans, Louis-Antoine de Saint-Just traverse la Révolution comme un météore, à la fois éblouissant et redouté. Orateur acéré, organisateur impitoyable et farouche accusateur de Louis XVI, son nom se confond avec l’exigence radicale d’une République de vertu, mais également avec celui de son allié et maître à penser Robespierre, qu’il suivra jusqu’à l’échafaud.

La Genèse d'un révolutionnaire

Saint-Just voit le jour à Decize, dans la Nièvre, à la fin de l’été 1767. Fils d’un officier bourguignon, il grandit entre le Nivernais et la Picardie, fait ses études chez les Oratoriens à Soissons et s’initie très tôt aux grandes lectures politiques, philosophiques et morales qui nourriront sa vision radicale de l’organisation de la société.

La Révolution, en 1789, offre au jeune homme la possibilité de mettre en œuvre ses idées. Proche des Montagnards et de Robespierre, il fréquente également Camille Desmoulins. Lorsqu’il atteint sa vingt-cinquième année, l’âge minimal exigé, il est élu député de l’Aisne en septembre 1792 à la Convention, où son éloquence et son patriotisme révolutionnaire l’imposent rapidement comme une figure centrale de la République montagnarde.

Un baptême politique avec le sang d’un roi

Sa véritable naissance politique a lieu lors des débats sur l’avenir du roi déchu, Louis XVI. Refusant l’idée d’un procès ordinaire, il réclame et justifie la condamnation à mort du souverain par le simple fait qu’il est roi. Il déclare notamment en novembre 1792 : « Je dis que le roi doit être jugé en ennemi, […] On s’étonnera un jour qu’au dix-huitième siècle on ait été moins avancé que du temps de César lorsque le tyran fut immolé en plein Sénat, sans autres formalités que vingt-trois coups de poignard et sans autre loi que la liberté de Rome. Et aujourd’hui l’on fait avec respect le procès d’un homme assassin d’un peuple, pris en flagrant délit, la main dans le sang, la main dans le crime ! ».

Pour lui, la République ne peut être, survivre et compter en son sein des partisans de la monarchie : « Ceux qui attachent quelque importance au juste châtiment d’un roi ne fonderont jamais une République ». Enfin, il annonce, avant même le jugement, le verdict qui sera le sien : « Pour ma part, je ne vois pas de moyen : cet homme doit régner ou mourir […] On ne peut régner innocemment. Tout roi est un rebelle et un conspirateur ».

Un député sur tous les fronts

Saint-Just ne combat pas seulement à l’Assemblée. Envoyé en mission sur les fronts de l’Est, il réorganise l’armée du Rhin à l’automne 1793. Il y impose la discipline et l’épure du moindre suspect. Sa correspondance et ses arrêtés montrent ainsi un représentant qui gouverne à marches forcées, au nom du salut public.

Au printemps 1794, il est envoyé au front du Nord, où il participe à la victoire des armées de la Révolution à Fleurus, le 26 juin 1794. « Il n'y a que ceux qui sont dans les batailles qui gagnent », déclare-t-il.

Parallèlement, lorsqu’il revient à Paris, il défend une République sociale. Ses décrets de ventôse, en février et mars 1794, envisagent la confiscation des biens des ennemis de la liberté et des contre-révolutionnaires au profit des patriotes pauvres. Espérant que cette mesure montre au monde les bonnes volontés de la Révolution, il déclare : « On trompe les peuples de l'Europe sur ce qui se passe chez nous. On travestit vos discussions. On ne travestit point les lois fortes ; elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l'éclair inextinguible. Que l'Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux, ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu'il y propage l'amour des vertus et le bonheur ! le bonheur est une idée neuve en Europe »

La chute d’un ange

Avec la radicalisation toujours plus sanglante de la Terreur, Saint-Just devient l’une des voix les plus tranchantes du camp robespierriste. Il pourfend successivement les Girondins, les hébertistes, les dantonistes et tous ceux qu’il juge trop modérés ou indulgents. Déclarant ne servir que la République, il affirme : « Je ne suis d’aucune faction : je les combattrai toutes ».

L’« Archange de la Terreur » approuve également la loi des suspects, votée en septembre 1793. Pour lui, ceux qui ne partagent pas les idées de la Révolution sont en dehors de la République et doivent donc être détruits : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

Cependant, la folie destructrice et meurtrière de la Terreur finit par soulever une coalition de ses adversaires. Les 9 et 10 thermidor de l’An II, soit les 27 et 28 juillet 1794, Saint-Just est ainsi arrêté avec Robespierre, avant d’être guillotiné le 28 juillet sur la place de la Révolution. Il n’aura alors survécu guère plus d’un an à Louis XVI et, ironie de l’Histoire, aura fini par illustrer lui-même sa propre maxime : « Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement ».

Eric de Mascureau

 

Date de dernière mise à jour : 24/08/2025

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