
Occupé sur la scène internationale, le président n’avait plus fait de déplacement en France depuis près de deux mois. Il est à La Rochelle ce mardi 4 novembre.
 Impuissant face à l’instabilité politique, critiqué jusque dans son camp, désavoué par les Français… Pour Emmanuel Macron, les derniers mois de mandat ressemblent à un long chemin de croix. Mobilisé à plein temps sur la scène internationale, le chef de l’État renoue avec les déplacements sur le territoire national.
Il est ce mardi 4 novembre à La Rochelle, en Charente-Maritime, pour l’ouverture des Assises de l’économie de la mer. L’occasion de s’écarter un peu du conflit ukrainien, des enjeux bruxellois, et du cessez-le-feu à Gaza pour embrasser les thématiques liées aux océans, à la pêche, à la protection de la biodiversité et à la défense.
La dernière fois qu’Emmanuel Macron était apparu en public, au contact des Français, c’était mi-septembre à l’abbaye de Pontlevoy, dans le Loir-et-Cher. Selon le Parisien, il devrait profiter de son déplacement en Charente-Maritime pour redonner vie au « Grand débat » qu’il avait initié lors de la crise des Gilets jaunes fin 2019. Espérant sans doute que la séquence qui lui avait plutôt réussi il y a six ans lui offre un peu d’air.
Car ces dernières semaines, le locataire de l’Élysée apparaît dans une mauvaise passe. Non seulement il n’a pas su rebondir après la dissolution ratée de l’Assemblée nationale en juin 2024, mais les Français le tiennent pour responsable du chaos actuel. Le dernier baromètre Verian pour Le Figaro Magazine montre l’étendue du désastre : Emmanuel Macron a atteint le taux de popularité le plus faible pour un président de la Ve République, à égalité avec François Hollande. Seulement 11 % de Français lui font confiance. À titre de comparaison, Nicolas Sarkozy, pourtant loin de faire consensus, n’était jamais tombé sous la barre des 20 %.
Dans un moment marqué par les discussions autour du budget, et alors que la France semble toujours aussi instable (une censure du gouvernement n’étant pas totalement à exclure), Emmanuel Macron a joué ces derniers temps la carte de la discrétion. Même après la démission surprise de Sébastien Lecornu le 6 octobre, le président n’avait pas pris la parole, préférant se murer dans le silence. Il avait finalement reçu les forces politiques à l’Élysée quelques jours plus tard pour leur rappeler la nécessité d’adopter un budget avant la fin de l’année.
Une tournée de l’Amérique du Sud en fin de semaine
Surtout, le chef de l’État est lâché par une partie de sa famille politique. Entre Gabriel Attal qui affirme « ne plus comprendre ses décisions », et Édouard Philippe qui appelle à longueur de plateaux à sa démission, Emmanuel Macron est fragilisé comme jamais. L’une de ses dernières sorties sur la suspension de la réforme des retraites, qu’il avait préféré rebaptiser « décalage » contrairement aux éléments de langage fournis par son Premier ministre, avait irrité en interne. Ce qu’il a, semble-t-il, compris. Selon le Parisien, le président aurait confié en privé « lâcher le manche » de « la politique nationale. »
Sur le budget, on ne l’a pas entendu, conformément à la « carte blanche » laissée au gouvernement. Mais est-il vraiment si discret en coulisses ? Sur des dossiers très particuliers, comme l’armée ou le numérique, il n’est jamais très loin des arbitrages et des tractations entre Matignon et Bercy. À La Rochelle, Emmanuel Macron devrait prendre la parole à la mi-journée. Fera-t-il des annonces ? Ou plutôt : peut-il faire des annonces ? Sa parole est au moins attendue sur l’échec de l’appel d’offres lancé pour le projet éolien offshore au large de l’île d’Oléron, et les risques pour l’économie locale.
En fin de journée, il devrait s’arrêter à Rochefort pour visiter la maison Pierre Loti, un monument qu’il a découvert il y a quelques années dans le cadre du Loto du patrimoine et auquel il s’est attaché. Mais dès le lendemain, le chef de l’État mettre de nouveau le cap sur l’international puisqu’il montera dans un avion direction le Brésil, puis le Mexique, avant de se lancer dans une tournée des pays d’Amérique du Sud. Loin, très loin des débats budgétaires et du risque de censure du gouvernement.
Marceau Taburet