
POLITIQUE - Les sièges de partis politiques sont très scrutés tant ils racontent l’évolution du paysage national. Quand le Parti socialiste a entamé sa chute électorale au lendemain du quinquennat Hollande, il a aussitôt dû se séparer de son mythique immeuble rue de Solférino, trop grand et trop cher à entretenir. En 2023, Les Républicains ont été contraints de quitter leurs bureaux de la rue de Vaugirard pour les mêmes raisons.
En cet été 2025, c’est Renaissance qui, six ans après avoir acquis un bâtiment dans le VIIIe arrondissement de Paris, doit le revendre. L’annonce a été faite par le patron du parti, Gabriel Attal, ce mardi 8 juillet lors d’une réunion de son bureau exécutif.
Le parti présidentiel va donc quitter à la rentrée les 2 800m² de son siège historique, répartis sur sept étages, pour des locaux plus petits, situés à proximité de l’Assemblée nationale. Un déclassement qui n’est, là encore, pas déconnecté du contexte politique. En 2019, l’achat du siège illustrait « le macronisme triomphant », souligne le Parisien, qui a révélé l’information, confirmée par l’AFP. Une dissolution et trois déconvenues électorales plus tard, l’état d’esprit est plus terne.
Emmanuel Macron n’a plus les coudées franches et limite l’essentiel de son action aux dossiers internationaux. La preuve de son impuissance est chaque jour un peu plus forte. Contrairement à 2019, où il disposait d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale et d’un gouvernement acquis à sa cause, il doit aujourd’hui composer avec des courants de pensée éloignés du sien. Preuve en sont les bisbilles récurrentes et la difficulté à tenir la cohérence d’un « socle commun » plus si commun.
Sans parler du nombre d’adhérents à jour de cotisation, qui a fortement chuté. De 35 000 adhérents en 2023, il est passé à 8 500 fin 2024. C’est l’un des chantiers auxquels entend s’atteler Gabriel Attal, propulsé à la tête de Renaissance cet hiver. Moins d’élus, moins de militants, des résultats électoraux en berne, une influence réduite à néant et une incertitude sur l’incarnation en 2027 : le déménagement s’imposait.
Sensation d’avoir « limité la casse »
Ironie de l’histoire : alors que le prix de l’immobilier semble toujours au plus haut à Paris (en tout cas pour l’achat d’appartements), Renaissance va perdre de l’argent dans la vente de ses locaux. Acheté 35 millions d’euros en 2019, le siège a été vendu au prix de 31,4 millions d’euros. « L’immobilier de bureau a beaucoup de mal à se vendre en ce moment », explique un proche de Gabriel Attal dans le Parisien, se réjouissant tout de même d’avoir réussi à « limiter la casse ».
Sur 2 000 m², les nouveaux bureaux seront installés au 11-13, avenue Robert-Schuman, dans le VIIe arrondissement de Paris, tout près de ceux du MoDem de François Bayrou. Renaissance ne sera plus propriétaire et versera un loyer tous les mois. La vente de ce siège acte pour l’ancien Premier ministre la volonté d’écrire une « nouvelle page » de son parti, comme il l’a exprimé il y a quelques semaines.
Le 5 juillet, Gabriel Attal a affirmé lors d’un meeting à Paris vouloir « proposer un chemin » aux Français pour la présidentielle de 2027. Un chemin qui pourrait, une nouvelle fois, passer par un changement de nom du parti. Face aux « Jeunes avec Macron » (JAM) qui ont décidé de se rebaptiser « les Jeunes en marche (JEM) » il a déclaré : « Vous avez changé de nom. Moi, ça m’inspire. » La page du macronisme triomphant est bel et bien tournée.
Marceau Taburet