François Bayrou et Simone Veil participent à la présentation du projet pour l’UDF de François Léotard, à la maison de la Chimie à Paris, le 13 mars 1996..
Suite au renversement de Michel Barnier par l’Assemblée nationale le 4 décembre dernier, François Bayrou lui a succédé. Nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, le président du MoDem (et ancien membre de l’UDF, Union pour la Démocratie Française) s’est imposé, en près de quarante ans, comme l’une des figures majeures de la politique française. Pourtant, au fil de sa longue carrière, il ne s’est pas fait que des amis, même au sein du centre. En 2007, l’ancienne ministre de la Santé, Simone Veil, avait réglé ses comptes avec son confrère dans les colonnes du Monde.
Cette même année, environ un mois avant les élections présidentielles, celle qui soutenait le candidat Nicolas Sarkozy (du parti UMP) avait vivement critiqué son rival, qui briguait également Matignon. « Bayrou, c’est pire que tout », avait-elle déclaré. Figure respectée de la politique, notamment pour son combat en faveur des droits des femmes, elle dressait alors le portrait d’un homme qu’elle jugeait perfide et opportuniste. « Je connais tout de son passé et ses trahisons successives », avait-elle asséné, faisant référence au coup de fil de François Bayrou à Jacques Chirac au lendemain de sa qualification pour le premier tour de la présidentielle de 1995, devançant alors le président sortant Édouard Balladur. Simone Veil avait ainsi jugé « indécent de se précipiter de la sorte » pour soutenir le concurrent de celui qui l’avait pourtant nommée ministre de l’Éducation.
«Il a répondu qu’il s’en fichait »
Nommé à ce poste de 1993 à 1997, François Bayrou avait également annoncé lors de sa première année, un projet de réforme de la loi Falloux sur l’enseignement public. Le Figaro Etudiant explique qu’il était question de « déplafonner les subventions des collectivités locales au bénéfice des écoles privées » suscitant « un important mouvement de contestation dans l’enseignement public, avant d’être annulé par le Conseil constitutionnel ». À cette période, Simone Veil l’avait ainsi confronté. « Il a répondu qu’il s’en fichait, qu’il voulait pouvoir mettre ses enfants dans le privé. Il a surtout mis un million de personnes dans la rue », avait-elle ajouté.
Enfin, la question du port du voile à l’école faisait débat dans les années 1990. Encore non tranchée juridiquement, François Bayrou, toujours ministre de l’Éducation nationale, avait publié en 1994 une circulaire visant à réglementer le port de signes religieux à l’école, en ciblant notamment le foulard islamique. Une initiative qui n’avait pas été du goût de Simone Veil, qui lui reprochait de ne pas avoir écouté ses conseils pour régler au mieux la situation. « Là non plus, il n’a rien voulu faire et il n’a rien réglé », expliquait-elle encore au Monde en 2007. À noter que la loi interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les établissements publics sera finalement adoptée en 2004, mettant un terme à ces débats.
Léa Mabilon