NOUVELLE-CALÉDONIE : Kanak, Caldoches, FLNKS, CCAT… Le vocabulaire pour mieux comprendre la crise en cours

L’archipel est secoué par de violentes émeutes depuis lundi, sur fond de réforme électorale.

Émeutes en Nouvelle-Calédonie : nuit de chaos à Nouméa

Du jamais vu depuis quarante ans. La Nouvelle-Calédonie est secouée par de très violentes émeutes depuis lundi, en marge de l’examen d’une réforme électorale depuis Paris. Le soulèvement des indépendantistes a provoqué une poussée de fièvre dans l’archipel, avec au moins six morts et des centaines de blessés selon le dernier bilan.

Au milieu de ce flot d’information, des termes se répètent : Kanak, Caldoches, CCAT… Voici leur explication pour y voir plus clair dans cette crise.

Les Kanak

Sur l’archipel, français depuis le XIXe siècle, les Kanak, soit la population autochtone mélanésienne de l’île, forment la principale communauté : sur les 271.400 habitants du territoire, ils représentaient au dernier recensement de l’Insee en 2019 plus de 41 % de la population.

Ils vivent principalement dans les zones les plus pauvres de l’archipel.

Le terme, dérivé du « Canaque » utilisé par les colons, a été réapproprié par la population autochtone dans les années 1980, à l’époque du dernier grand soulèvement indépendantiste.

Les Caldoches

Les Caldoches représentent l’autre principale communauté calédonienne : 24 % de la population. Le terme est en premier lieu utilisé par la communauté kanak pour désigner les descendants de colons libres ou bagnards français.

Les Calédoniens d’origine européenne se présentent eux plutôt comme des… « Calédoniens ».

Le FLNKS et les indépendantistes

En Nouvelle-Calédonie, le principal clivage politique se situe entre indépendantistes et non-indépendantistes. Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie est actuellement présidé par un indépendantiste, Louis Mapou.

Les trois référendums issus de l’accord de Nouméa (1998) sur le statut de la Nouvelle-Calédonie, organisés en 2018, 2020 et 2021, se sont soldés par une victoire du « non ». Mais le dernier a été boycotté par les indépendantistes, qui n’en reconnaissent pas le résultat.

Le FLNKS est le principal mouvement indépendantiste. Ce Front de libération nationale kanak et socialiste a été créé en 1984, après la dissolution du Front indépendantiste.

Il s’agit d’un rassemblement de partis politiques et de groupes militants qui luttent pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, en s’inscrivant dans l’histoire de la lutte contre la colonisation. Ces groupes sont classés à gauche.

Les loyalistes

Dans l’autre camp, les loyalistes, aussi appelés non-indépendantistes, œuvrent pour que l’archipel demeure sous le giron français. La principale coalition s’appelle d’ailleurs Les Loyalistes et est formée de partis classés au centre et à droite.

Cette coalition est née en 2020 autour d’une campagne pour le « non » au dernier référendum. Sa principale figure est la présidente de la province Sud et ex-secrétaire d’Etat Sonia Backès.

La CCAT

La Cellule de coordination des actions de terrain, ou CCAT, est dans le collimateur du gouvernement depuis le début des émeutes : les autorités accusent ses responsables d’être les commanditaires des violences.

Le parquet de Nouméa a ouvert une enquête notamment pour association de malfaiteurs visant « des commanditaires » présumés des émeutes, dont « certains membres de la CCAT ».

Le collectif indépendantiste a été qualifié d'« organisation mafieuse » par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Les indépendantistes parlent d’une « campagne de désinformation » orchestrée par l’Etat. Il s’agit d’une organisation récente, créée en novembre 2023, frontalement opposée à la réforme électorale qui a mené aux émeutes.

Émeutiers et miliciens

La quasi-totalité des émeutiers qui ont participé aux violences qui secouent l’île depuis lundi sont des indépendantistes kanak.

De nombreux groupes d’autodéfense se sont aussi organisés, en particulier dans l’agglomération de Nouméa, en érigeant des barricades pour protéger certains quartiers. Ces groupes sont essentiellement composés de « Caldoches » et métropolitains.

« Caillou » ou Kanaky ?

Le « Caillou » est l’une des appellations officieuses de l’archipel. Ce surnom, qui concernait surtout l’île principale de Grande-Terre, est désormais utilisé par extension pour toute la Nouvelle-Calédonie.

Le terme fait référence au nickel, ce minerai brut dont l’archipel détient 20 à 30 % des ressources mondiales et dont l’exploitation est au cœur de l’économie locale.

Les indépendantistes appellent le territoire « Kanaky », ou plus rarement « Kanaky-Nouvelle-Calédonie ».

La Rédaction avec AFP

Date de dernière mise à jour : 19/05/2024

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