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Pourquoi le refroidissement climatique a-t-il accéléré la chute de Rome ?

Comment les facteurs environnementaux ont-ils été mis en lumière pour expliquer la chute de Rome ? Quels enseignements peut-on en tirer ?

L’histoire ancienne a-t-elle sa place dans la réflexion contemporaine sur la crise environnementale ? C'est la question à laquelle tentent de répondre aujourd'hui un petit nombre de spécialistes de cette période. La principale difficulté tient au fait que les sociétés antiques faisaient partie d'un monde très éloigné du nôtre que ce soit sur le plan de leur développement industriel, de leurs croyances ou de leur organisation sociale. Néanmoins, c'est ce défi qu'a tenté de relever récemment l'historien américain Kyle Harper, dans son ouvrage intitulé Comment l'Empire romain s'est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome.

La chute de l'Empire romain. Une histoire sans fin, de Bertrand Lançon

Fascination pour la chute de Rome

Depuis l'oeuvre fondatrice d'Edward Gibbon, parue en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, le thème de la chute de Rome a fasciné les historiens du monde occidental. C'est donc un sujet hyper-classique que Kyle Harper, spécialiste reconnu de l’Antiquité tardive, a tenté de renouveler. En mobilisant les découvertes les plus récentes dans le domaine des sciences du climat et de l’archéobiologie, il a mis en relief le rôle qu'avaient joué - dans l'effondrement de Rome - les changements climatiques, les éruptions volcaniques, les cycles solaires ou la circulation des virus.

Rôle des facteurs environnementaux et biologiques

Il insiste tout particulièrement sur les débuts du « petit âge glaciaire » au Ve siècle. Le refroidissement climatique, mais aussi l'épidémie de peste bubonique - qui a provoqué la disparition de la moitié de la population de l'empire vers le milieu du VIe siècle - auraient accéléré la décomposition finale de l'empire romain.

Cette thèse n'a pas fait l'unanimité parmi les spécialistes. On lui a reproché d'avoir accordé un rôle excessif aux facteurs environnementaux et biologiques, au détriment des explications sociales, économiques ou politiques.

Comment les facteurs environnementaux ont-ils été mis en lumière pour expliquer la chute de Rome ? Quels enseignements peut-on en tirer ?

Si l'on veut tirer les leçons du passé pour agir sur notre présent, il est important, en effet, d'insister sur le rôle que jouent les activités humaines dans les transformations de la nature car c'est un moyen de mieux comprendre comment les sociétés parviennent ou non à s'adapter à ces changements. Les aléas climatiques et environnementaux deviennent des catastrophes seulement lorsque des activités humaines sont exposées à un risque naturel comme les inondations ou les séismes. De même, pour qu'un virus puisse se propager rapidement dans une société, il faut que les contacts entre les êtres humains soient suffisamment développés; ce qui est le cas dans des villes très peuplées.

Les inconvénients de l'urbanisation massive

L'ouvrage de Harper a le mérité de montrer combien les facteurs environnementaux peuvent peser sur le devenir de l'humanité. Mais le principal enseignement que l'on peut en tirer, pour notre présent, concerne l'aveuglement des Romains face au problème que posait - à cette époque - la concentration dans une même ville de plus d'un million d'habitants. Certes, cela favorisa l’échange des savoirs et la spécialisation du travail, mais cette urbanisation massive augmenta en contrepartie la mortalité, en permettant une circulation accélérée des maladies infectieuses. La pression sur le capital humain fut trop forte, ce qui entrava, finalement, le développement économique de l’empire romain.

La Rédaction

Date de dernière mise à jour : 29/04/2024

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