Le recteur de la Grande mosquée de Paris prend la défense de Rima Hassan

Si « l’islam de France » existe, il en est sans doute le premier porte-parole. 

Hafiz Chems-Eddine, recteur de la Grande mosquée de Paris, s’est fait un nom depuis sa nomination, en 2020.

Le Franco-Algérien prend volontiers la parole publiquement, tantôt via les publications de nature religieuse de son institution, tantôt à travers les interviews accordées à la presse dans lesquelles il a coutume de dénoncer les discriminations intolérables dont les musulmans seraient victimes en France.

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Un complot sioniste ?

Mais c’est sur X que l’homme délivre ses punchlines les plus remarquables. Après un tweet tellement tendancieux sur Salman Rushdie qu’il dut le supprimer en catastrophe, Hafiz Chems-Eddine vient à nouveau de créer la polémique sur le réseau social à l’oiseau bleu. « Inquiétant de voir une multiplication des procédures pour "apologie du terrorisme" ciblant des personnalités politiques comme Mathilde Panot et Rima Hassan », a-t-il ainsi tweeté le 24 avril dernier. Le recteur estime-t-il que Mme Hassan était dans son droit lorsqu’elle a affirmé que le Hamas menait une action « légitime » ? Lui seul le sait. En tout état de cause, l’homme n’est pas loin de relayer les thèses complotistes des Insoumis qui voient dans ces poursuites judiciaires l’acharnement « des lobbyistes travaillant pour les intérêts du régime israélien ». « Ces actions semblent chercher à étouffer les critiques envers la guerre menée contre Gaza, déclare-t-il, oubliant au passage que cette guerre a été lancée par le Hamas et non Israël. Il est crucial de protéger la liberté d'expression et de garantir un traitement équitable pour tous. »

La liberté d’expression à géométrie variable

Hafiz Chems-Eddine a raison. Il est crucial de protéger la liberté d'expression. Mais pourquoi ne l’a-t-on pas vu monter au créneau lorsqu’Eric Zemmour, Georges Bensoussan ou d’autres étaient traînés en justice par des associations dites antiracistes qui leur reprochaient certaines paroles ? Pourquoi a-t-il lui-même poursuivi Charlie Hebdo en 2006 pour des caricatures de Mahomet ? Pourquoi, en 2022 encore, a-t-il porté plainte contre Michel Houellebecq pour des propos qu’il jugeait alors inadmissibles ? « J’en appelle à la justice. […] Dans un Etat de droit, le recours au juge est un acquis précieux », déclarait-il alors. La liberté d’expression ne doit-elle être défendue que pour LFI ou les ennemis d’Israël ?

Un sondage publié mercredi 24 avril donne un autre éclairage sur le tweet polémique du recteur. On y découvre - sans surprise - que le conflit israélo-palestinien est au cœur des préoccupations des musulmans vivant en France et compte parmi les thèmes qui « vont le plus compter aux yeux des électeurs musulmans dans leur choix de vote » aux prochaines européennes. 38% de ces personnes se disent prêtes à voter pour la liste de la France insoumise, loin devant le PS qui atteint péniblement les 14% d’intentions de vote. Est-ce pour cela que Hafiz Chems-Eddine se prend soudainement de passion pour la liberté d’expression et défend la très antisioniste Rima Hassan ? Qu'il a toujours rechigné à reconnaître le caractère terroriste de l’attaque du 7 octobre (« Je suis un religieux qui n’a pas de compétence pour qualifier des actes de quelque nature que ce soit », se défausse-t-il) ? Qu'il a refusé de se rendre à la grande marche contre l’antisémitisme ?

Jean Kast

Date de dernière mise à jour : 25/04/2024

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