
Malgré les avertissements, la France n’avait ni stocks de vaccins ni plan d’action lorsque la maladie est apparue en juin 2025. La vaccination massive soulève aujourd’hui des questions sur son efficacité et ses effets secondaires, selon Hélène Banoun, pharmacien biologiste, ex-chercheur Inserm.
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC), maladie virale touchant les bovins, a frappé la France fin juin 2025 dans les Savoie. Pourtant, les autorités sanitaires s’attendaient à son arrivée depuis l’épidémie qui avait ravagé les Balkans en 2016-2017.
Une impréparation critiquée
Selon l’experte Hélène Banoun, la France est le seul pays européen à ne pas avoir prévu de plan de réaction. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait pourtant recommandé dès 2017 de constituer une banque de vaccins et d’approfondir les connaissances sur la maladie. Aucune de ces recommandations n’avait été mise en œuvre.
Lorsque l’épidémie a débuté, la France ne détenait pas de vaccins et a dû commander 350 000 doses en urgence, puis 650 000 doses supplémentaires. En décembre 2025, 900 000 doses ont été commandées, mais il faudrait 14 millions de doses pour vacciner l’ensemble du cheptel français.
Des vaccins efficaces mais imparfaits
Les vaccins utilisés (OBP d’Afrique du Sud et Bovilis-Lumpyvax de Merck) sont des vaccins vivants atténués à base de la souche Neethling. Ils offrent une protection complète en trois semaines et durent au moins un an selon les études.
Toutefois, la situation sur le terrain est plus nuancée. Les animaux non vaccinés ne développent pas tous une maladie grave : plus de la moitié guérit spontanément en quelques jours. Le vaccin protège contre les formes sévères, mais peut provoquer de la fièvre chez une majorité d’animaux vaccinés.
Des effets secondaires à surveiller
Les effets indésirables rapportés incluent une baisse temporaire de la production laitière, de la fièvre, des nodules au point d’injection et, plus rarement, des avortements. La fréquence officielle est estimée à 0,1%, mais certains témoignages d’éleveurs suggèrent des taux plus élevés.
L’article soulève également une interrogation : les deux vaccins ne contiennent pas la même quantité de virus, avec des variations allant de 1 à 50 selon les lots, ce qui pourrait expliquer des différences d’efficacité et d’effets secondaires.
Le risque de recombinaison virale
Plusieurs experts, dont Eeva Tuppurainen, mettent en garde contre la vaccination d’animaux déjà infectés, qui pourrait favoriser la recombinaison entre souches vaccinales et sauvages. Ce phénomène a déjà été observé en Asie avec l’apparition de souches recombinantes.
Abattages et enjeux économiques
La France a pratiqué des abattages totaux de troupeaux, y compris vaccinés, notamment dans le Haut-Doubs en décembre. Cette politique vise à préserver le statut sanitaire permettant l’exportation de bovins vivants. La récupération du statut « indemne » nécessite deux à trois ans sans vaccination ni maladie.
Le document questionne toutefois la justification scientifique de ces abattages, notamment celle basée sur une étude montrant une possible transmission par des animaux asymptomatiques, jugée « peu convaincante » par l’auteure.
Une solution à court terme
L’analyse conclut que la vaccination peut limiter les conséquences économiques, mais ne peut éradiquer la maladie. L’immunité naturelle des troupeaux serait la solution à long terme, mais elle est économiquement impossible à envisager dans le contexte actuel de l’élevage français.
La Rédaction