
L’économiste Marc Touati dresse un tableau sombre de la situation française, tandis que l’Italie redresse la barre.
La France traverse une période de turbulences sans précédent. Après 125 heures de débat parlementaire, le volet recettes du budget 2026 a été massivement rejeté à l’Assemblée nationale par 404 voix contre une seule pour. Cette situation révèle une crise politique profonde qui menace la crédibilité du pays sur la scène internationale.
L’avenir budgétaire incertain
Le projet de loi de finances, actuellement examiné par le Sénat depuis le 27 novembre, fait face à de multiples obstacles. Les scénarios possibles sont nombreux : adoption d’un texte de compromis, loi spéciale prolongeant le budget 2025, passage par ordonnances, ou même motion de censure début 2026. Cette dernière hypothèse nécessiterait 289 voix, un seuil qui pourrait être atteint selon les alliances politiques.
L’économiste prévoit un déficit public proche de 6% du PIB pour 2025 et 2026, avec une croissance économique stagnante. Les agences de notation, jusqu’ici conciliantes, pourraient procéder à des dégradations significatives, entraînant une hausse des taux d’intérêt à 10 ans, actuellement à 3,5%, qui pourrait atteindre 4,5% voire 5%.
Le spectre de l’économie de guerre
Les déclarations récentes du chef d’état-major des armées évoquant une préparation à un conflit potentiel en 2030 suscitent l’inquiétude. Une économie de guerre impliquerait des prélèvements autoritaires, réquisitions et possibles ponctions sur l’épargne des Français. Avec une dette publique atteignant 3500 milliards d’euros (7500 milliards en incluant le hors-bilan), soit 227% du PIB, la France dispose de marges de manœuvre limitées.
Le match France-Italie : 9 à 1 pour l’Italie
Pendant que la France s’enlise, l’Italie connaît une embellie spectaculaire. L’agence Moody’s a relevé la note italienne pour la première fois en 23 ans. La comparaison est édifiante :
- PIB par habitant : l’Italie rattrape la France, comblant un écart de 10% depuis 2020
- Croissance : 6,8% pour l’Italie contre 5,2% pour la France depuis 2019
- Balance commerciale : l’Italie affiche 50 milliards d’excédent contre 80 milliards de déficit français
- Chômage : 6,1% en Italie contre 7,7% en France
- Déficit public : environ 3% pour l’Italie contre 5,4% (au mieux) pour la France
- Dépenses publiques : 50,4% du PIB en Italie contre 57,5% en France, champion mondial
- Plus symbolique encore, les taux d’intérêt à 10 ans de la dette française ont dépassé ceux de l’Italie, inversant une tendance historique.
L’Europe en perte de vitesse
Christine Lagarde, présidente de la BCE, a lancé un avertissement : le modèle de croissance européen ne tient plus. La zone euro ne représente plus que 11% du PIB mondial contre 20% pour la Chine et 15% pour les États-Unis. L’Europe souffre de sa dépendance aux pays tiers et de son retard technologique, notamment dans l’intelligence artificielle.
Volatilité des marchés
Les marchés boursiers connaissent également des turbulences. Le Nasdaq a chuté de 7,9% entre fin octobre et mi-novembre, avant de remonter partiellement. Le Bitcoin a perdu 35% en quelques semaines, passant de 124 620 à 88 840 dollars, illustrant l’extrême volatilité des actifs numériques.
Face à cette situation, l’économiste appelle à la lucidité et à la prudence, tout en espérant un sursaut salvateur pour redresser la trajectoire du pays.
La Rédaction