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INDUSTRIE D’ARMEMENT : comment l’Allemagne sabote la souveraineté française

Le futur chancelier Friedrich Merz devant les députés allemands : « Nous  devons agir maintenant pour renforcer drastiquement nos capacités de  défense »

Depuis des décennies, la France et l’Allemagne sont présentées comme les piliers d’une Europe de la défense autonome. Pourtant, derrière les discours lénifiants sur la « complémentarité » et la « souveraineté européenne », se cache une autre réalité : l’Allemagne utilise les programmes de la Base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) pour s’approprier le savoir-faire français, marginaliser nos industriels et renforcer son propre complexe militaro-industriel. Le rapport du Sénat n°184, publié en décembre 2025 sous la plume de Pascal Allizard (LR, proche de Juppé et Wauquiez) et Hélène Conway-Mouret (PS), est emblématique de cette naïveté. Au lieu de dénoncer les déséquilibres criants et les risques pour notre souveraineté, les sénateurs se contentent de vanter les mérites d’une coopération qui, en pratique, profite avant tout à Berlin.

Ils passent sous silence les réalités industrielles les plus accablantes. Pourtant, de nombreux experts et responsables ont dénoncé ces déséquilibres, notamment la dilution du rôle dirigeant français dans le projet d’avion de combat du futur (SCAF) et l’imposition de la domination allemande dans le projet de char du futur (MGCS).

En outre le rapport ne tire aucune leçon de l’échec de l’Eurofighter, un programme européen marqué par des retards, des surcoûts et une dépendance aux États-Unis. Pourtant, cet exemple montre que les coopérations avec l’Allemagne sont souvent déséquilibrées et inefficaces :

L’Eurofighter, développé par un consortium allemand, britannique, italien et espagnol, a accumulé des retards et des surcoûts, tout en restant moins performant que le Rafale, pourtant développé en solo et à moindre coût par la France ;

L’Allemagne a utilisé l’Eurofighter pour renforcer son industrie (Airbus Defence and Space), tout en limitant l’accès des autres partenaires aux technologies critiques .

Le rapport minimise systématiquement les risques de dépendance et les déséquilibres :

Il n’y a pas de remise en cause de la gouvernance du SCAF, alors qu’elle est clairement défavorable à la France ;

Pas de critique de la stratégie allemande, qui consiste à accéder aux technologies françaises sans partager les siennes ;

Pas d’analyse des alternatives , comme une coopération avec d’autres pays.

1. L’Allemagne, bénéficiaire net : comment Berlin pille la France sous couvert de « coopération »

1. Le SCAF : une gouvernance truquée pour asphyxier Dassault

Le SCAF devait être le symbole de l’autonomie européenne. En réalité, il est devenu l’outil d’une mainmise allemande sur les technologies françaises, comme l’ont dénoncé plusieurs acteurs clés.

A. Airbus, maître du jeu : comment l’Allemagne a réduit Dassault à un rôle de figurant

De 50 % à 33 % : la dilution programmée de Dassault : au lancement du SCAF, Dassault et Airbus devaient partager équitablement le projet. Aujourd’hui, Dassault ne contrôle plus que 33 %, contre 66 % pour Airbus . Cette évolution n’est pas le fruit du hasard, mais d’une stratégie délibérée de l’Allemagne pour s’approprier les technologies françaises ;

L’Espagne, complice objectif de Berlin : en intégrant Madrid dans le projet, l’Allemagne a verrouillé la gouvernance en sa faveur. Dassault, qui a prouvé sa capacité à concevoir seul un avion de combat (Rafale), se voit imposer des décisions par des partenaires moins expérimentés .

B. Les manœuvres politiques de Berlin

Un chantage permanent : l’Allemagne utilise sa position dominante pour imposer ses vues sur la gouvernance, les exportations et les choix technologiques. Berlin a même bloqué des ventes potentielles du SCAF à des pays tiers, sous prétexte de « respect des règles européennes », alors qu’elle achète elle-même des F-35 américains ;

Un double jeu : pendant que l’Allemagne pille les technologies françaises, elle continue de dépendre des États-Unis pour ses propres besoins de défense.

2. Le MGCS : Rheinmetall, ou l’art de marginaliser Nexter

Le projet de char du futur (MGCS) illustre la même logique de dominance allemande, comme l’ont souligné plusieurs experts et industriels.

A. Rheinmetall, sous-traitant devenu maître

De 50 % à 33 % : la prise de contrôle allemande. Initialement, le MGCS devait être équilibré entre Nexter (France) et KMW (Allemagne). Aujourd’hui, Rheinmetall a imposé une répartition de 66 % pour l’Allemagne, 33 % pour la France ;

Un démonstrateur 100 % allemand : Rheinmetall développe désormais son propre démonstrateur, le KF-51 Panther, et signe des partenariats avec d’autres pays (Hongrie, Italie), sans la France. Cela prouve que Berlin utilise le MGCS pour renforcer son propre complexe militaro-industriel, pas pour construire une Europe de la défense.

B. Les conséquences pour la France

Perte de savoir-faire : Nexter, qui a développé le Leclerc (l’un des meilleurs chars du monde), voit son expertise dilapidée au profit de Rheinmetall ;

Dépendance accrue : la France risque de devenir dépendante des technologies allemandes, alors qu’elle était jusqu’ici autonome .

3. Le double jeu allemand : coopération européenne le jour, achats américains la nuit

L’Allemagne promeut la BITDE… tout en achetant massivement du matériel états-unien :

F-35 et Patriots : Berlin dépense des milliards pour des avions et missiles états-uniens affaiblissant la crédibilité de la coopération européenne ;

Une stratégie claire : l’Allemagne utilise la BITDE pour accéder aux technologies françaises, tout en protégeant son propre complexe militaro-industriel et en restant dépendante de Washington ;

Un deux poids, deux mesures : pendant que Berlin bloque les exportations du SCAF pour « respecter les règles européennes », elle achète elle-même des F-35 états-uniens.

II. Les alternatives : et si la France se passait de l’Allemagne ?

Contrairement au rapport du Sénat, qui ne jure que par la coopération franco-allemande, des solutions existent pour préserver la souveraineté française, comme le soulignent plusieurs experts et responsables.

1. Coopérer avec l’Inde : un partenariat gagnant-gagnant

L’Inde a besoin de technologies : son programme AMCA (avion de 5e génération) pourrait bénéficier de l’expertise de Dassault, déjà partenaire pour le Rafale ;

Un marché immense : l’Inde, confrontée à la Chine, est prête à investir massivement. Une alliance franco-indienne renforcerait l’autonomie des deux pays, sans les risques de la gouvernance allemande ;

Une complémentarité industrielle : l’Inde cherche à réduire sa dépendance à la Russie. Une coopération avec la France permettrait de mutualiser les coûts et les compétences.

2. Le Japon : un allié technologique de premier plan

Expertise en furtivité et moteurs : le Japon développe le Mitsubishi X-2 Shinshin et le programme F-X (avion de 6e génération). Une coopération avec Dassault permettrait d’accéder à des technologies de pointe, sans dépendre de l’Allemagne ;

Un partenaire fiable : contrairement à Berlin, Tokyo ne cherche pas à marginaliser la France .

3. Le Brésil et les EAU : des marchés stratégiques

Brésil : un partenariat pour moderniser sa flotte (Rafale + transferts de technologie) ouvrirait des débouchés en Amérique latine ;

Émirats arabes unis : déjà clients du Rafale, les EAU pourraient cofinancer des projets innovants (drones, missiles), réduisant la dépendance aux fonds européens.

Jean Lamolie

Date de dernière mise à jour : 28/12/2025

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