
[Mise à jour le 19 septembre 2025 à 18h45] Ce vendredi 19 septembre soir, on apprend (source BFM TV) que Anne Hidalgo a décidé de porter plainte contre X pour « dénonciation calomnieuse ».
On ne pourra pas dire qu’Anne Hidalgo, durant son dernier mandat, n'a pas tout tenté pour faire marcher le petite commerce, dans sa bonne ville de Paris. Preuve en est la publication sur les réseaux sociaux, ce mercredi soir, par l’association Transparence citoyenne, « association non partisane dont le but est de promouvoir la transparence, la responsabilité et la moralité de la vie publique », de la montagne de facturettes (plus d'une centaine !) correspondant à des frais d’habillement au profit du maire de Paris depuis 2020.
5.050 euros en cinq ans : un SMIC par mois
Tout de suite, mettons les choses au point pour le lecteur facétieux : on ne trouvera pas d’achats de sous-vêtements, comme cela avait été le cas, au temps de la splendeur macronienne, de la députée de l’Hérault Coralie Dubost, « épinglée » pour ce type d'emplettes sur ses frais de représentation ! Non, mais en vrac et au hasard, dans cette farfouille vestimentaire, de quoi faire le bonheur de ces dames des pieds à la tête : une paire de chaussures (429,16 euros), une veste rayée jersey (408 euros), une jupe longue plissée (252 euros), une robe cintrée de toile stretch (516 euros), une blouse à 192 euros (pas pour faire le ménage dans la mairie, on imagine), un vêtement imperméable à 1.000 euros (il pleut souvent, sur Paris), un manteau à capuche à 474 euros (les hivers sont rudes, à Paris, malgré le réchauffement climatique), une robe Dior à 2.800 euros (Paris sera toujours Paris), etc. On n'a pas trouvé le maillot de bain spécial baignade dans la Seine (normal, elle était habillée en femme-grenouille). Tous nos prix sont donnés TTC. On ne va pas déballer toute la marchandise, les curieux iront par eux-mêmes faire leur marché sur X et sur le site de l’association Transparence citoyenne. Au total ? Soixante-quinze mille cinquante euros TTC depuis 2020. 75.050 euros ? Vous me direz que cela ne représente pas grand-chose, au regard du budget de fonctionnement de la ville de Paris qui avoisine les dix milliards d’euros en 2025 : les frais de garde-robe de madame le maire sur cinq ans ne représentent, au final, qu’à peine 0,0075 % du budget annuel de la ville. Pas de quoi faire prendre d’assaut l’hôtel de ville par les sans-culottes.
Guillaume Leroy, président de Transparence citoyenne, ne voit pas la chose tout à fait comme cela. Interrogé par BV, il nous dit que son association se place du point de vue du citoyen de base. « 75.000 euros, c’est l’équivalent de combien de taxes foncières, pour des familles qui ont vu cet impôt fortement augmenter durant le mandat de Mme Hidalgo ? » Et puis, ajoute-t-il, « c’est une question de principe : cet argent, c’est de l’argent public. Chaque euro d’argent public doit être justifié. » 75.000 euros sur cinq ans, c’est, histoire de bien redescendre sur Terre, grosso modo, un SMIC par mois.
La question de la légalité de ses achats est posée
Mais, faisons-nous remarquer à Guillaume Leroy, Paris est une ville mondiale et, donc, il n’est pas scandaleux, a priori, que le premier magistrat de la Ville Lumière, amené à recevoir des personnalités étrangères ou à se rendre lui-même à l’étranger, ne nous fasse pas honte en s’habillant comme un sac et, donc, soit vêtu, certes sans ostentation, mais avec élégance. C’est, du reste, l’argument donné par la ville de Paris à nos confrères du Figaro : « …Anne Hidalgo reçoit des chefs d’État et des délégations étrangères tout au long de l’année. Les vêtements achetés dans le cadre de ses frais de représentation sont utilisés à cet effet. » Pourquoi pas. Sauf que, du coup, on se pose la question de l’opportunité de l’achat de trois jeans (deux en taille 40, un en taille 38 !), le 31 août 2021. Et, comme le fait encore remarquer Guillaume Leroy, il est bien difficile de rattacher ces achats à des réceptions d’autorités. Par ailleurs, il se pose même la question de la légalité de tels achats, au vu d’une jurisprudence récente de la chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d’Azur qui avait retoqué les dépenses d’un maire de la région en rappelant que les frais de représentation ne peuvent inclure des dépenses d’habillement, sauf cas particuliers (cérémonie officielle, tenue de gala obligatoire).
Évidemment, Stérin...
Alors, face à ces révélations, la mairie de Paris s’est empressée d’essayer de décrédibiliser l’association Transparence citoyenne : rendez-vous compte, cette association a été financée par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, la nouvelle bête noire de la gauche, fait remarquer au Figaro la mairie de Paris. Et donc, serait-on tenté de dire, ça change quelque chose à la réalité des faits ? Oui, car il y aurait des arrière-pensées politiques… En toute transparence, Leroy ne cache pas que son association a effectivement bien reçu un financement de la part du projet Périclès, soutenu par le milliardaire, mais qu’elle n’a jamais reçu la moindre sollicitation, pression ou consigne dans la conduite de ses travaux pour promouvoir la transparence de la vie publique. Il fait d’ailleurs remarquer que l’on peut vérifier sur le site de l’association la liste des villes de plus de 10.000 habitants dont les frais de représentation ont été épluchés. On y trouve notamment des villes de droite, bien de droite, notamment Béziers et Perpignan…
Pour conclure, on ne résiste pas à la tentation de mentionner tout particulièrement une petite facturette (une dernière, pour la route) épinglée par l'association Transparence citoyenne : la mairie de Paris a payé les rubans de sa Légion d’honneur facturés par la Monnaie de Paris pour un montant de… 6,25 euros. C’est ce qui s’appelle une gestion à l’euro près.
Georges Michel