
Les commentateurs n’ont cessé de le répéter : cerné de toutes parts, incapable de bouger une oreille sans être hué, sans majorité, fût-elle relative, plus impopulaire que tous les présidents de la Vème République, Emmanuel Macron semble, depuis plusieurs mois, avoir volontairement délaissé les affaires intérieures. Après tout, la France ne l’a jamais vraiment intéressé. Ce qu’il aimait, lui, c’était se contempler en train de présider la France -éternel paradoxe du coquet, cet homme qui est capable de descendre de vélo pour se regarder pédaler. Nous ne l’amusons plus. Le jouet est cassé. Alors, le président de la République passe à autre chose, laissant le marigot parlementaire s’écharper, laissant la France Insoumise régner sur la rue et le parti socialiste sur les débats à l’Assemblée. Il se concentre sur l’étranger, histoire de laisser une trace, quelle qu’elle soit.
Or, même à l’étranger, il n’y a plus rien qui fonctionne. Après s’être fait humilier cent fois par un Donald Trump sans scrupules, voici que notre président se rend en Amérique du Sud pour reprendre une louche. Il était donc cette semaine à Belem, en Amazonie brésilienne, pour la COP 30, ce sommet climatique international qui, il y a dix ans, s’était tenu à Paris - on s’en souvient. Depuis, les États-Unis se sont retirés du fameux « accord de Paris », les choses avancent tout doucement… et la France n’a guère fait que laisser son nom à un traité qui patine. Macron, à l’époque, était ministre de l’Économie. Et il termine aujourd’hui son deuxième quinquennat. Comme le temps passe, dirait Brasillach.
Lula le balade comme une marionnette
Accueilli par le président Lula - preuve vivante (à l’attention des sarkolâtres) qu’on peut faire de la taule et revenir d’entre les morts, Macron a tenté son habituel numéro de papouilles amicales. Mais le charme ne joue plus, les gestes enveloppants sont devenus mécaniques, et Lula le balade comme une marionnette, lui saisit la main, le déplace ici ou là sous l’œil des photographes, avec une agressivité rigolarde qui rappelle Donald Trump. Absent physiquement, Macron l’est également dans le discours. Un peu de soupe sur l’urgence climatique (que l’on ne nie pas, mais qui mérite peut-être mieux que des éléments de langage plats et creux) pour commencer. Quelques mots pour déplorer que les ploucs ne se rallient pas à la doxa du GIEC : « À l'heure où les prophètes de désordre sèment le doute quant à l'urgence climatique et remettent en question les certitudes les mieux étayées, nous devons protéger la science et fonder nos politiques sur ces constats ». La politique appuyée sur la science, la traque des prophètes de désordre : c’est beau comme du Staline… pour ne parler que de l’un des deux plus célèbres moustachus du siècle.
À cela, le président ajoute les deux derniers ingrédients de sa tambouille habituelle. D’abord, une lampée de supranationalité, pour rappeler à tout le monde que c’est l’Europe qui décide, et non les nations : « Quand l'Europe prend un engagement, elle le tient. Nous avons besoin que tous les grands émetteurs s'engagent avec nous sur cette voie ». Cette voie, bien sûr, c’est celle de la fin des énergies fossiles (Emmanuel Macron n’est apparemment jamais allé en Allemagne). Et, pour finir, une généreuse brassée de pognon magique : on apprend à l’occasion que la France a donné, en 2024, 7,2 milliards d’euros de « financement climatique » aux pays en développement, et prévoit de donner 500 millions supplémentaires d’ici 2030.
Bref, business as usual : humiliation, grandiloquence, inutilité, oubli de la France et distribution de son argent à tous les vents. Même dans le « régalien », il est nul. Les dix-huit mois qui viennent vont être interminables.
Arnaud Florac