
À Toulouse, la bataille pour le Capitole s’annonce féroce. À première vue, le maire sortant Jean-Luc Moudenc devrait batailler avec le ou les candidats de gauche qui sortiront vainqueurs des tractations menées en coulisses. Sauf qu’un invité surprise, le Rassemblement national, pourrait s’insérer dans l’équation et bouleverser les équilibres du second tour des municipales 2026.
Un premier sondage publié la semaine passée, commandé par le Parti socialiste et réalisé par Cluster17 auprès de 861 Toulousains, crédite en effet une liste menée par le RN et le parti ciottiste UDR de 10 % des intentions de vote au premier tour (la marge d’erreur est de 2 %). Et ce, dans les deux hypothèses de vote étudiées, qui différent selon le jeu des alliances à gauche entre insoumis, socialistes et écologistes.
Avec un tel scénario, le parti frontiste pourrait ainsi se maintenir et obtenir au minimum un élu dans l’opposition. Surtout, selon nos confrères de La Dépêche, un passage du RN au second tour pourrait jouer un bien mauvais tour à Jean-Luc Moudenc. L’ancien LR, qui a claqué la porte du parti en reprochant sa « droitisation » deux ans après sa réélection en 2020, espère grappiller des voix parmi les votants du RN.
« Il peut donner les clés de la ville aux mélenchonistes »
En cas de maintien du parti d’extrême droite, Moudenc pourrait se voir privé d’un certain nombre d’électeurs qui maintiendraient leur vote. Une menace bien réelle que redoute l’édile divers droite, soutenu par Renaissance et Les Républicains, qui a décidé de prendre les devants. « Je ne sous-estime pas le RN, il n’a aucune chance de gagner la ville mais il peut donner les clés de la ville aux mélenchonistes, s’il y a une triangulaire au second tour », prévenait-il début novembre au micro d’Ici.
En juin dernier, déjà, le maire affichait en meeting sa volonté de ne pas se mettre à dos les électeurs RN, dont la colère face aux problèmes nationaux « jamais réglés » était selon lui « légitime », relate La Dépêche. Jean-Luc Moudenc recommandait alors d’échanger avec « ces amis, ces voisins, ces relations professionnelles, ces membres de notre famille ». Ses craintes sont motivées par les récents scores du parti à la flamme, qui n’a cessé de gagner des voix dans la Ville rose lors des derniers scrutins nationaux.
Associé au parti d’Éric Ciotti, le RN, qui n’a pas encore annoncé son candidat pour les municipales de mars prochain, pourrait miser sur Julien Leonardelli, 38 ans, conseiller régional devenu eurodéputé. « L’objectif certain, c’est d’avoir des élus au Capitole », projetait ce dernier en mars auprès d’Actu. Toute alliance avec Reconquête, le parti d’Éric Zemmour crédité de 3 % des intentions de vote par Cluster17, est en revanche exclue.
S’il desservirait la municipalité sortante, un maintien du RN au second tour pourrait en revanche profiter à la gauche, qui bénéficie à elle seule de plus de 50 % des intentions de vote d’après le même sondage. À condition, toutefois, que celle-ci parvienne à s’unir. Entre les Insoumis du député François Piquemal et les socialistes de François Briançon, qui espèrent le ralliement des écologistes, la bataille des alliances fait rage.
Léo Aguesse