
Face à un système politique qui est en pleine fuite en avant, nous lançons trois batailles décisives en cette rentrée. La création d’un dossier sur l’héritage noir de Robert Badinter…
L’entrée au Panthéon de Robert Badinter est prévue le 9 octobre prochain, la date anniversaire de la promulgation de la loi d’abolition de la peine de mort a été voulue par Emmanuel Macron. Pour Jean-Yves Le Gallou et l’équipe de Polémia, c’est une décision incompréhensible, tant la politique de Robert Badinter fut nocive pour la France. D’ici le 9 octobre, Polémia vous proposera de nombreux articles montrant à quel point Robert Badinter a fait du mal à notre pays, rendant impensable sa panthéonisation. Dans l’article ci-dessous, c’est le grand héritage politique de Robert Badinter qui est évoquée. L’abolition de la peine de mort en 1981 est souvent célébrée comme une avancée humaniste majeure du XXe siècle en France. Robert Badinter, alors ministre de la Justice, en est présenté comme le héros solitaire, l’incarnation du courage moral contre la barbarie supposée d’une époque révolue.
Mais derrière cette légende dorée se cache une réalité bien moins glorieuse : celle d’un passage en force, d’un déni assumé de la volonté populaire et d’un mépris affiché pour les victimes. À l’heure où la défiance envers les élites politiques et médiatiques atteint des sommets, il est urgent de revisiter cet épisode en le débarrassant de ses mythes et de ses silences volontaires.
Le peuple ignoré : une abolition imposée contre l’opinion majoritaire
En 1981, lorsque le président François Mitterrand, fraîchement élu, nomme Robert Badinter garde des Sceaux, l’opinion publique française est très largement favorable au maintien de la peine capitale. Selon un sondage IFOP de septembre 1981, 62 % des Français sont même opposés à son abolition. Ce chiffre n’est pas une anomalie : tout au long des années 1970, l’adhésion à la peine de mort oscille entre 60 et 70 % selon les instituts de sondage.
Ces chiffres révèlent un décalage profond entre les aspirations populaires et les décisions des élites. Or, dans une démocratie digne de ce nom, un tel écart devrait appeler à la prudence, à la consultation, voire à un référendum. Il n’en fut rien. L’Assemblée nationale vote l’abolition le 18 septembre 1981. Aucune consultation populaire n’a jamais été organisée. Au nom de quelle légitimité morale ou juridique peut-on prétendre rendre justice « au nom du peuple français » tout en méprisant aussi ouvertement sa volonté ?
SIGNEZ LA PÉTITION DE POLÉMIA CONTRE L’ENTRÉE DE ROBERT BADINTER AU PANTHÉON !
Robert Badinter, figure de l’oligarchie contre la souveraineté populaire
Robert Badinter n’est pas un élu du peuple en 1981. Il est un homme de réseaux, issu d’un univers clos où le pouvoir politique, le monde intellectuel et les sphères médiatiques fusionnent dans une même vision universaliste, déconnectée des réalités vécues par la majorité des Français. Son action s’inscrit pleinement dans cette logique : celle d’une oligarchie se croyant investie d’une mission civilisatrice, envers et contre le peuple.
Le traitement médiatique de l’époque ne laisse guère de doute sur l’intention d’influencer l’opinion par des biais émotionnels et moralisateurs. Les exécutions, pourtant rares à cette époque (la dernière en 1977), sont mises en scène comme des actes de barbarie étatique. Pendant ce temps, les crimes les plus atroces, commis par des assassins souvent récidivistes, sont passés sous silence.
Le réseau de Badinter bénéficie d’un appui médiatique massif, notamment par l’intermédiaire de son beau-père, Marcel Bleustein-Blanchet, patron de Publicis, alors principal pourvoyeur de publicité dans les grands médias. On ne peut balayer cette influence d’un revers de main : la connivence entre les sphères économique, médiatique et judiciaire constitue l’un des traits saillants du fonctionnement oligarchique de notre démocratie contemporaine. Et cette connivence pèse sur la formation de l’opinion publique en orientant le débat dans une seule direction : celle du progressisme abstrait et hors-sol.
Une justice désincarnée, indifférente aux victimes
L’abolition de la peine de mort fut saluée comme un progrès moral, mais à quel prix ? Celui de l’invisibilisation des victimes, réduites au silence dans le débat public. On glorifie l’humanisme de l’abolition mais on oublie les familles brisées, les enfants massacrés, les femmes torturées, les récidives sanglantes. L’État, garant de la sécurité des citoyens, a choisi de détourner le regard.
Depuis, les peines incompressibles restent l’exception et les condamnés les plus dangereux retrouvent tôt ou tard la liberté. Patrick Henry, dont Badinter fit le cheval de bataille de sa croisade abolitionniste, avait enlevé, séquestré et assassiné un enfant de 7 ans. Il fut libéré en 2001 pour raisons médicales. Où est la justice dans ce scénario ? Où est la compassion pour la victime ?
Une réforme sans débat, au nom d’une idéologie
Enfin, l’abolition fut aussi un acte de brutalité juridique. Aucune révision constitutionnelle, aucun débat de fond sur le rôle de la peine dans la société. Loin d’une réflexion collective sur la dissuasion, la sanction, la réhabilitation ou la prévention, la loi Badinter fut une démonstration de force politique.
L’argument central consistant à dire que « la peine de mort n’a pas d’effet dissuasif » est parfaitement infondé. Des études sur le sujet indiquent pourtant le contraire ; nous publierons un article à ce sujet. Au minimum, le doute aurait dû profiter à la prudence, mais c’est l’idéologie qui a tranché.
Cette réforme s’inscrit dans une série d’évolutions où le droit cesse d’être l’expression d’un pacte collectif pour devenir un instrument d’ingénierie sociale façonné par une caste convaincue de détenir la vérité morale. Le peuple, lui, n’a plus qu’à s’incliner. C’est ce modèle que nous devons aujourd’hui remettre en question.
Repenser le droit, rétablir la souveraineté
L’abolition de la peine de mort en 1981 fut bien plus qu’un simple changement législatif. Ce fut un acte de rupture, un coup porté à la souveraineté populaire, à la fonction dissuasive du droit pénal et à la légitimité du peuple à choisir les modalités de sa propre justice. En cela, elle fut le prélude à une longue série de réformes imposées d’en haut, contre la base, dans un mépris croissant des attentes populaires.
Revenir sur cette séquence signifie reconnaître que le peuple fut spolié, que la justice fut instrumentalisée et que la démocratie fut confisquée. Restaurer une justice crédible, exigeante et respectée suppose de sortir du dogmatisme et de redonner au peuple sa place dans les décisions fondamentales. Car une justice qui ignore les victimes, qui méprise les citoyens et qui célèbre ses propres mythes n’est plus une justice : c’est une idéologie en robe noire.
Jean-Yves Le Gallou