BRÉSIL - Le président Lula visera un quatrième mandat en 2026

Il a confirmé sa candidature, profitant d’un contexte politique favorable et d’une droite affaiblie par la chute de Bolsonaro.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a levé jeudi depuis l’Indonésie un mystère qui n’en était plus tout à fait un : il sera candidat à sa réélection pour un quatrième mandat en 2026.

Ces derniers mois, Lula, revenu au pouvoir en 2023 après deux premiers mandats de 2003 à 2010, a laissé entendre à plusieurs reprises qu’il comptait concourir de nouveau s’il était en bonne santé, mais sans sauter le pas franchement.

Cette officialisation survient à un moment favorable pour le champion de la gauche dans le plus grand pays d’Amérique latine.

D’une part, le camp conservateur est déboussolé et sans candidat désigné après la condamnation de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État.

De l’autre, la guerre commerciale lancée par les États-Unis contre le Brésil a favorisé un regain de popularité de Lula.

« Je vais briguer un quatrième mandat au Brésil (...). Mon mandat se termine fin 2026, mais je me prépare à disputer de nouvelles élections », a-t-il déclaré lors d’un discours au côté de son homologue indonésien Prabowo Subianto, à Jakarta.

Lundi prochain « je vais avoir 80 ans, mais vous pouvez être sûr que j’ai la même énergie que quand j’en avais 30 », a-t-il lancé.

Fin 2024, sa capacité à briguer la réélection avait été mise en doute quand il avait dû être opéré d’urgence pour résorber un hématome dans le crâne lié à une chute.

Lula était également en difficulté dans les sondages, en raison notamment d’une forte inflation sur le prix des aliments début 2025.

Rencontre Lula-Trump en Malaisie ?

Tout en cherchant à démontrer sa bonne forme, Lula s’affiche désormais en défenseur de la « souveraineté nationale » face aux États-Unis.

L’administration du président Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50% sur de nombreux produits brésiliens et infligé des sanctions individuelles à des autorités du pays sud-américain. Des mesures prises en représailles à une supposée « chasse aux sorcières » contre son allié Jair Bolsonaro, prédécesseur de Lula.

Déjà inéligible et en résidence surveillée, M. Bolsonaro a été condamné en septembre à la prison pour un complot visant à empêcher le retour au pouvoir de Lula après la victoire électorale de ce dernier fin 2022.

Après la publication mercredi par la Cour suprême brésilienne de son jugement, la défense de l’ancien chef d’État dispose de cinq jours utiles pour déposer ses recours.

Quant aux relations entre Washington et Brasilia, elles ont donné récemment des signes de détente.

États-Unis et Brésil travaillent en vue d’une rencontre entre leurs présidents en Malaisie dans les prochains jours, ont indiqué mercredi de hauts responsables des deux pays.

Lula et Donald Trump, qui ont eu un entretien téléphonique début octobre, doivent se rendre au sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), qui débute dimanche à Kuala Lumpur.

« Démocratie commerciale »

Durant sa visite en Indonésie, pays soumis à des droits de douane américains de 19%, le président brésilien a réaffirmé ses positions.

« Nous voulons le multilatéralisme, pas l’unilatéralisme. Nous voulons la démocratie commerciale, pas le protectionnisme », a-t-il affirmé.

L’Indonésie et le Brésil ont convenu à cette occasion de renforcer leurs liens et ont conclu une série d’accords.

« Comment se fait-il que deux pays importants dans le monde, tels que l’Indonésie et le Brésil, qui comptent ensemble près de 500 millions d’habitants, n’aient qu’un volume d’échanges commerciaux de 6 milliards de dollars ?", s’est interrogé Lula.

Prabowo Subianto a indiqué que les deux pays travaillaient à la mise en place d’un accord de libre-échange entre l’Indonésie et le bloc sud-américain Mercosur, qui regroupe Brésil, Argentine, Paraguay, Bolivie et Uruguay.

Le Livre rouge