Avec la chute annoncée de François Bayrou, la course à la présidentielle 2027 s’accélère

Budget, censure, dissolution… l'avenir à un fil de François Bayrou | Les  Echos

Matignon n’est pas encore vacant que les mains se tendent vers l’Élysée. La décision de François Bayrou de se soumettre à un vote de confiance qu’il a toutes les chances de perdre a bouleversé la fin de l’été et la rentrée politique. Le bourbier du Premier ministre n’a pas tardé à se transformer en celui du président de la République, et en parallèle, les mises en scène des aspirants à l’Élysée deviennent de plus en plus flagrantes.

Le constat est partagé par tous : après la chute du gouvernement Barnier et alors qu’un scénario identique se profile pour Bayrou, le tout en moins d’un an, la France semble condamnée à l’instabilité politique, faute de coalition suffisamment solide à l’Assemblée. Certes, une nouvelle dissolution est possible et l’Élysée a fait savoir que le président ne se priverait d’aucun outil constitutionnel en cas de blocage. Mais de nouvelles élections législatives ne garantissent pas forcément une majorité stable et une situation débloquée.

Dans ce contexte, des voix s’élèvent, à gauche, à droite et à l’extrême droite, pour réclamer une présidentielle anticipée. Emmanuel Macron l’a répété, cette option est exclue. Alors, d’ici au prochain scrutin présidentiel, les intéressés, déclarés ou officieux, profitent du contexte chaotique.

La gauche reparle (dés)union, Philippe enjambe la fin du quinquennat

A gauche, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier a appelé le 1er septembre tous les partis « sans exclusive » à « se mettre dans une pièce pour et qu’on prépare la suite » quelle qu’elle soit, dissolution, nomination d’un Premier ministre de gauche ou destitution. L’initiative part mal, puisque son homologue de LFI Manuel Bompard a d’ores et déjà refusé cette invitation. Les insoumis poursuivent leur propre stratégie mais elle aussi est tournée vers la présidentielle : avant même l’annonce de François Bayrou, LFI avait prévu de déposer une motion de destitution du chef de l’Etat et a simplement repoussé son échéance au 23 septembre, à la reprise prévue de la session parlementaire ordinaire.

Pendant ce temps, dans les rangs macronistes et alliés, plus question de faire semblant. Déjà engagé dans sa campagne présidentielle, Edouard Philippe a tout simplement enjambé les 18 mois de présidence restants à Emmanuel Macron. Pas « du tout » favorable à une dissolution, même si elle peut se révéler « inéluctable », le maire du Havre ne voit que 2027 comme solution pour sortir de « l’immobilisme ». « Quant aux décisions qui permettront à la France d’aller beaucoup mieux, elles relèvent d’un débat public de fond. Elles relèvent d’une élection présidentielle, elles relèvent d’une majorité qui permettra de les mettre en œuvre. Et aujourd’hui elles sont inatteignables », a-t-il déclaré devant les jeunes adhérents de son parti, dans des propos rapportés par Le Monde.

Le même jour, à Tourcoing, Gérald Darmanin aussi profite de sa rentrée politique pour rappeler son mot d’ordre : « l’empathie sociale » qui est selon lui « désormais l’enjeu des prochains mois et, je l’espère, des prochaines années ». Membre du gouvernement Bayrou et donc obligé à une certaine retenue, le Garde des Sceaux exhorte à ne pas « mettre la charrue avant les bœufs » quand on lui parle de 2027. Sans s’exclure de l’équation.

« Si nous ne faisons pas ce à quoi je crois, oui je m’intéresserai évidemment à l’avenir de mon pays, et j’essaierai d’y contribuer directement » redit-il à La Voix du Nord

« Il faut probablement tout réinventer »

Dans la guerre de succession à Emmanuel Macron, manque un participant : Gabriel Attal, président du parti Renaissance et des députés du même groupe. Opposé à une nouvelle dissolution et bien qu’il assure vouloir mettre « toutes ses forces » pour faire fonctionner l’Assemblée, l’ancien Premier ministre ne se projette pas moins vers « l’avenir ». Et distille, lui aussi, ses idées : « Il faut probablement tout réinventer. Si on continue avec le même modèle, la même Constitution, les mêmes institutions, on sera confronté aux mêmes problèmes », estime-t-il sur France inter le 27 août. Une semaine auparavant, il avait déjà lancé un ballon d’essai sur la GPA, un sujet sur lequel il entend se démarquer de la droite mais aussi d’Edouard Philippe.

La droite n’est pas en reste. Le vote de confiance a semé la pagaille chez les Républicains, sur fond de désaccord entre les députés et Bruno Retailleau. Du pain béni pour le chef du groupe Laurent Wauquiez qui, plus réticent à soutenir le Premier ministre, grapille quelques points dans son camp en vue d’un éventuel duel face au numéro 1 de LR pour devenir le candidat de la droite en 2027. Sans oublier les autres chefs à plumes qui se préparent aussi : le Cannois David Lisnard, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui, au détour d’une interview le 1er septembre, glisse « se préparer » pour la présidentielle...

Le 28 août, Gabriel Attal croise le fer avec Fabien Roussel, Manuel Bompard, Marine Tondelier, Bruno Retailleau et Jordan Bardella. Propositions, piques, attaques en bonne et due forme, drague ouverte de l’électorat patronal... L’échange, qui se tennait dans le cadre des universités d’été du Medef, avait déjà des airs de débat de campagne présidentielle.

Jade Toussay

Date de dernière mise à jour : 03/09/2025

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