Le Premier ministre a semblé oublier devant les députés que Mayotte est autant un département de France que les Pyrénées-Atlantiques.
Quand ça ne veut pas… Pour son premier grand oral à l’Assemblée nationale dans son nouveau costume de Premier ministre ce mardi 17 décembre, François Bayrou a fait face à plusieurs parlementaires remontés par le choix qu’il a fait la veille. Il avait en effet présidé depuis Pau le Conseil municipal de sa ville et assuré en visio la réunion de crise sur Mayotte, après le passage dévastateur du cyclone Chido dont le bilan, encore inconnu à ce stade, s’annonce effroyable.
Député du groupe écologiste, Steevy Gustave a donc fait part de son effarement. « Pendant que Mayotte pleure ses morts et cherche ses disparus, que tant de citoyens se mobilisent, il nous est incompréhensible que vous ayez privilégié un Conseil municipal monsieur le Premier ministre, plutôt que de vous rendre sur place », a lancé l’élu de l’Essonne, avant d’interroger : « que doit penser le peuple mahorais d’un gouvernement qui regarde ailleurs pendant qu’il souffre ? ».
Dans sa réponse, François Bayrou a nié tout désintérêt du gouvernement, rappelant que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, se sont rendus sur place pour suivre la situation et organiser les premiers secours. Puis, le maire de Pau s’est lancé dans une explication bancale, qui a provoqué une avalanche de réactions indignées. « Le président de la République a annoncé qu’il allait se rendre à Mayotte. Il n’est pas d’usage que le Premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national », a-t-il fait valoir.
« Honte absolue »
Or, Mayotte est un territoire français depuis des dizaines d’années et même le 101e département depuis 2011. Et fait partie, au même titre que la Nièvre, le Gard ou le Pas-de-Calais, du « territoire national ». Une boulette que les détracteurs du ministre perçoivent au mieux, comme de l’incompétence, au pire, comme la démonstration de son dédain à l’égard de la situation. « Une réponse coloniale. Quel mépris. Mayotte c’est la France ! », a dénoncé sur X le député LFI Thomas Portes, qualifiant les propos de François Bayrou de « honte absolue ».
Même indignation exprimée par le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat. « Mayotte ne serait pas sur le territoire national à en croire Bayrou. On comprend mieux pourquoi il a préféré assister au conseil municipal de Pau. Naufrage », a déploré l’élu parisien, tandis que son collègue socialiste, David Ros, voit dans cette déclaration « un affront de plus pour nos compatriotes mahorais ». « Les mots me manquent », commente la sénatrice écolo Marine Vogel.
La gauche n’est pas seule à condamner. « Est-ce que quelqu’un peut expliquer au Premier Ministre que Mayotte est un département, et donc fait partie du territoire national ? », interroge le député RN Antoine Villedieu, tout comme ses collègues Jorys Bovet ou Caroline Parmentier. Les premiers pas de François Bayrou à Matignon sont décidément laborieux.
Romain Herreros