L’abbé Costa de Beauregard, déclaré bienheureux : une vie pour les pauvres

La France, fille aînée de l’Église, n’a pas encore dit son dernier mot ni donné son dernier enfant à Dieu. Ainsi, le vendredi 17 mai, le Vatican a béatifié un Français, le père Camille Costa de Beauregard, plus d’un siècle après son décès.

Né en 1841, le petit Camille grandit au sein d’une famille aristocratique française exilée dans l’ancien royaume de Sardaigne. Il est alors soumis au charitable exemple de son père, qui n’hésite pas à se soucier des plus démunis en faisant construire une école ou encore un hôpital. Lors de sa 22e année, il entend l’appel de Dieu et accepte sa vocation à devenir prêtre. Pour cela, il se rend au séminaire français de Rome afin d'y être formé. Il est ordonné prêtre à Rome, le 26 mai 1866, dans la magnifique basilique Saint-Jean-de-Latran.

Vatican – Reconnaissance du miracle obtenu grâce à l'intercession du  Vénérable Camille Costa de Beauregard

Une vie au service des plus jeunes

Le jeune abbé Costa de Beauregard repart ensuite pour son diocèse natal et devient vicaire de la cathédrale de Chambéry en 1867. La même année, une épidémie de choléra ravage la région et laisse de nombreux orphelins. Touché et ému par cette misère, le père Camille décide d’agir. Comme Don Bosco en Italie, il cherche à s’occuper des jeunes isolés. Pour cela, il n’hésite pas à frapper aux portes des riches, à commencer par sa propre famille, afin de fonder une institution pouvant accueillir ces mineurs et s’en occuper. Acquérant enfin un domaine suffisamment grand pour son projet, il remercie sa mère, qui l’a beaucoup aidé : « Grâce à ce charitable prêt, ma chère petite maman, nous sommes enfin tout à fait chez nous. » Cette belle œuvre devient l’orphelinat du Bocage, qui allait héberger plus d’une centaine de pensionnaires. Le père Camille, propulsé par la réussite de son projet, doit refuser à plusieurs reprises la mitre d’évêque, préférant sa soutane noire au violet épiscopal.

C’est après une vie toute dévouée à son sacerdoce et au service des plus petits que s’éteint l’abbé Camille Costa de Beauregard, le 25 mars 1910. Cependant, sa mort ne signifie pas la fin de son œuvre. Sa fondation est confiée aux Salésiens de Don Bosco qui perpétuent sa mission de former et d’instruire la jeunesse perdue.

Plus d’un siècle d’attente

Qu’est-ce qui fait de cet homme un candidat à la béatification ? Pour qu'une personne soit bienheureuse ou sainte, il faut qu’un miracle lui soit attribué et que celui-ci soit reconnu officiellement, au Vatican, par le Dicastère pour les causes des saints. Pour ce qui concerne l'abbé Costa de Beauregard, il s'agit de la guérison d’un enfant intervenue peu de temps après le décès du prêtre. À la suite d'une vilaine blessure, l'œil de cet enfant était déclaré perdu par la médecine. Cependant, une infirmière - peut-être inspirée par quelque force céleste - essuya le visage de l’enfant avec un mouchoir ayant appartenu à l’ecclésiastique et il fut miraculeusement guéri.

Malgré cet événement d’importance, la cause de béatification du prêtre français n'est ouverte qu’en 1961. Et il faut attendre 1991 pour que Jean-Paul II déclare ce prêtre vénérable. Enfin, en 2015, la cause du père Camille de Beauregard est relancée avec la découverte de documents attestant du miracle. Comme un rappel qu'à la fin du IXXème, l'époque du socialisme triomphant, l'église continuait à avoir le souci des plus pauvres.

Eric de Mascureau

Date de dernière mise à jour : 20/05/2024

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