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PATRIMOINE - Adieu, les châteaux cathares !

14 châteaux cathares à visiter en Occitanie

Au cœur du Languedoc se dressent des forteresses majestueuses, des citadelles médiévales érigées par les rois de France au XIIIe siècle pour affirmer leur pouvoir sur une région tourmentée. Aujourd’hui rassemblées sous le nom de « forteresses royales du Languedoc », huit sites emblématiques sont en lice pour être inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais ce projet entraîne un changement de nomination loin d’être anodin : adieu l’appellation de « châteaux cathares », terme séduisant, mais qui ne résiste pas à la vérité historique.

Un ensemble patrimonial exceptionnel

La cité de Carcassonne et les châteaux d'Aguilar, de Termes, de Lastours, de Montségur, de Peyrepertuse, de Puilaurens ainsi que de Quéribus illustrent un formidable système de contrôle territorial mis en place au lendemain de la croisade contre les Albigeois, afin de mieux surveiller la frontière du royaume de France avec celui d’Aragon. Monuments spectaculaires sur leurs éperons rocheux, ces forteresses incarnent ainsi la puissance dissuasive du royaume capétien et son autorité nouvelle sur le Midi.

Ces édifices furent également adaptés à la géographie escarpée et au relief abrupt de la région. Comme le rappelle l’historien Nicolas Faucherre, soulignant le caractère novateur de ces constructions lancé par le royaume de France, « il a fallu prendre le modèle du Louvre de Philippe-Auguste à Paris et l'appliquer à des sites vertigineux, où on ne pouvait pas développer des plans réguliers, symétriques ».

Un classement coûteux

La candidature de cet ensemble castral auprès de l’UNESCO, déposée début 2025, est soutenue par l’État, qui espère ainsi faire des forteresses royales du Languedoc le cinquante-cinquième site français reconnu par l’organisation internationale, après notamment Carnac et les rives du golfe du Morbihan. Une phase d’échanges avec l’ICOMOS s’ouvrira ainsi à l’automne, avant un avis attendu en février 2026 pour une décision finale en juillet–août 2026.

Avant cette reconnaissance, d’importants travaux de restauration et de mise en valeur doivent être menés. Certains châteaux, comme Termes ou Aguilar, nécessitent la consolidation d’urgence de leurs murailles fragilisées par les siècles et l’érosion. D’autres, tels Lastours ou Montségur, souffrent d’un accès difficile et devront être dotés d’aménagements d’accueil, de signalétique et de parcours de visite adaptés afin de répondre aux standards de l’UNESCO, sans pour autant dénaturer le paysage et l’authenticité de l’ancien pays cathare. À ce jour, près de trois millions d’euros ont déjà été investis dans les premières opérations. Néanmoins, l’ampleur du projet est telle qu’il faudra encore réunir environ vingt millions d’euros supplémentaires pour achever les restaurations, aménager les sites et garantir la préservation de ce patrimoine d’exception.

Une vérité historique à rétablir

Une autre condition est posée par l’UNESCO au classement de ces édifices : le terme de « châteaux cathares » doit disparaître.

En effet, pour les historiens, le mot « cathare » n’est pas juste pour caractériser ces monuments. Les dissidents de l’Église de Rome ont, certes, trouvé refuge dans certaines de ces places fortes lors de la croisade, mais ils n’en furent jamais les bâtisseurs. Aucune trace archéologique tangible ne relie directement leur présence à une évolution architecturale spécifique. Ainsi, l’héritage des hérétiques cathares n’est qu’immatériel, spirituel et philosophique, transmis par les témoignages écrits de l’Inquisition et la mémoire des Occitans.

De plus, après leur défaite, ces châteaux furent rebâtis, modifiés, renforcés et intégrés dans le réseau défensif capétien. Parler de « forteresses royales » rend ainsi mieux compte de leur fonction véritable : verrouiller militairement le territoire et incarner l’autorité du roi de France sur une région récemment soumise.

L’ancienne appellation de « châteaux cathares » s’est imposée dans l’imaginaire collectif au XIXe siècle, grâce aux travaux des historiens comme Napoléon Peyrat. Fascinés par ces ruines grandioses et influencés par le mouvement du romantisme, ils ont associé et réduit ces forteresses à la tragédie cathare, forgeant ainsi un mythe puissant mais historiquement fragile.

Eric de Mascureau

Date de dernière mise à jour : 19/08/2025

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