
Un adolescent de 14 ans a été interpellé mercredi matin à Benfeld, dans le Bas-Rhin, après avoir agressé à l’arme blanche une enseignante de 66 ans, un geste qui a choqué cette petite commune à une trentaine de kilomètres au sud de Strasbourg.
Le pronostic vital de la professeure de musique, blessée au visage dans sa classe, n’est pas engagé, a précisé le rectorat de l’académie de Strasbourg.
Interpellé peu après, le jeune garçon s’est porté lui-même des coups de couteau. En arrêt cardio-respiratoire, il a été ranimé et transporté par hélicoptère à l’hôpital de Strasbourg en urgence absolue, a indiqué la gendarmerie. Son «pronostic vital est engagé», a déclaré la procureure de Strasbourg Clarisse Taron. « Il est actuellement sédaté pour au moins 48 heures et ses jours sont en danger ».
Des chants de la Wermacht
Le mineur, en classe de 3e, était «très suivi par l’équipe éducative de l’établissement» et «en fragilité scolaire», a précisé à l’AFP un porte-parole du rectorat. Par le passé, il avait été «contrôlé par les policiers parce qu’il faisait des signes nazis, chantait «Erika» (chant militaire de la Wehrmacht) en cours, aimait les croix gammées, des trucs comme ça», a raconté aux journalistes Florine, une collégienne de 14 ans.
Selon une élève, témoin directe de la scène, l’agresseur aurait frappé à la porte avant de s’en prendre à l’enseignante. «On était en cours de musique lorsque ça a toqué à la porte», a raconté cette collégienne au quotidien les «Dernières nouvelles d’Alsace». «La professeure a ouvert et l’élève l’a tout de suite agressée. Il l’a frappée au visage. La professeure avait du sang partout au niveau du visage. Puis, il est parti. La professeure est rentrée dans la classe pleine de sang. On a hurlé», a-t-elle poursuivi.
« Elle a vraiment toujours le sourire »
José, 16 ans, ancien élève de l’établissement qui a suivi les cours de l’enseignante, se dit « choqué ». « Elle a vraiment toujours le sourire, et je comprends pas comment on a pu faire ça à une personne si bienveillante, si gentille », dit-il à l’AFP.
Pour Jean-Rémi Girard, président du syndicat enseignant Snalc, « on sait qu’il y a des élèves qui peuvent péter des câbles ». Après la crise du Covid, « il y a eu des effets sur la santé mentale de nos élèves », et donc de l'«inquiétude» chez les professeurs. Pour autant, « il n’y a pas de solution miracle », a dit à l’AFP ce responsable syndical, ajoutant « on ne va pas mettre des portiques de détection de métaux » à l’entrée des établissements.
«Ce drame ne doit pas devenir un fait divers de plus ni être instrumentalisé dans des polémiques ou récupérations politiques indignes», a réagi de son côté Morgane Verviers, secrétaire générale de l’UNSA Education dans un communiqué. « Les agressions contre nos collègues appellent une réponse de fond et durable », a-t-elle estimé.
La Rédaction