
Dans l’émission d’investigation de France 2, l’ancienne ministre du Commerce Véronique Louwagie révèle que l’ex-ministre de l’Intérieur a tenté de « dédiaboliser » la plateforme.
Une méthode radicale pour redorer l’image de l’entreprise asiatique. Dans l’émission d’investigation de France 2 Complément d’enquête sur Shein, qui sera diffusée ce jeudi 11 décembre au soir, l’ancienne ministre du Commerce Véronique Louwagie révèle que l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner l’a approchée pour tenter de « dédiaboliser » la plateforme d’ultra fast fashion, sous le feu des critiques.
« Il m’a sollicitée par SMS plusieurs fois, c’était quand même assez insistant », raconte Véronique Louwagie dans cette enquête réalisée en partenariat avec le Nouvel Obs. « Il m’indiquait que le président Tang (Donald Tang, président exécutif de Shein, NDLR) venait en France et qu’à cette occasion le président serait très honoré de me rencontrer ».
Ministre entre décembre 2024 et octobre 2025, elle dit avoir « toujours refusé » ces rencontres, que Shein « utilisait pour se dédiaboliser ». « C’est une forme de lobbying, (...) c’est pour faire passer des messages, (...) s’incruster dans le paysage du monde du textile ou du monde du commerce en France », estime-t-elle. Interrogé dans Complément d’enquête, Christophe Castaner nie ces tentatives.
Un rôle « strictement consultatif »
Sollicité par l’AFP, Shein précise n’avoir pas encore vu l’émission mais explique agir « en conformité avec les règles de la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique, NDLR) ».
Christophe Castaner a conseillé Shein de décembre 2024 à juin 2025 au sein d’un comité pour la zone Europe, Afrique, Moyen-Orient, avait précédemment expliqué le groupe fondé en Chine et basé à Singapour. « Les membres de ces comités ont un rôle strictement consultatif et ne participent en aucun cas à des activités de lobbying pour notre entreprise », rappelle Shein à l’AFP mercredi.
L’émission a par ailleurs recueilli le témoignage d’un ancien cadre de Shein, qui, sous couvert d’anonymat, évoque « l’exploitation de la main-d’oeuvre » en Chine et affirme que Shein est « expert pour diluer sa responsabilité » en se déclarant « intermédiaire ».
Shein nie toutes les accusations
Si un de ses milliers de sous-traitants est accusé de « travail forcé », Shein dira qu’il ne « savait pas », ouvrira « un audit » et « déréférencera » ce fournisseur, qui « change de nom et réexpédie le lendemain sous une autre identité », développe-t-il.
Sur les accusations de contrefaçons, il assure que le groupe, en avance sur l’utilisation de l’intelligence artificielle, « peut copier tout le catalogue » d’une autre marque.
Dans une déclaration transmise à l’AFP mercredi, Shein a dit rejeter « catégoriquement ces allégations manifestement fausses ». Selon le groupe, « ces accusations infondées sont d’autant plus discréditées qu’elles reposent sur une source anonyme et non vérifiée, dont la prétendue connaissance de notre activité est clairement erronée et dont les motivations sont obscures ».
Shein assure en outre avoir « mis en place un code de conduite fournisseurs » respectant les conventions internationales et avec une politique de « tolérance zéro entraînant la résiliation immédiate du contrat en cas de travail forcé, de travail des enfants ou de refus de se soumettre à un audit externe ».
Éva Craine