
Le 25 août 1270, à Tunis, Louis IX, roi de France, rendit son dernier soupir. Après l’échec de la septième croisade, le roi très chrétien avait tenu à repartir pour la Terre sainte, afin de ne pas demeurer vaincu. Couché sur un lit de cendres et terrassé par la dysenterie, il acheva son règne dans l’humilité et la pénitence, même si ce n’est probablement pas ainsi qu’il aurait souhaité finir. Dès 1297, l’Église le canonisa. Saint Louis, roi de France, est régulièrement invoqué depuis lors, notamment pour qu’il intercède en faveur de notre cher vieux pays.
La République, avec sa farouche volonté de tout casser, puis l’Église, avec ses volontés d’aggiornamento humanitaire, ont effacé le souvenir de la Saint-Louis. Ici ou là, cependant, à Aigues-Mortes (d’où il fit voile pour Jérusalem lors de la septième croisade, en 1248, un 25 août d’ailleurs) ou à Sète, on continue à fêter le seul roi de France qui ait été saint. Notons, par parenthèse, que cette unicité n’est pas indifférente : le pouvoir politique, même dans une monarchie chrétienne, corrompt profondément ceux qui l’exercent. Il fallait la trempe d’un Louis IX, l’éducation d’une Blanche de Castille et sans doute un coup de pouce de l’Esprit Saint pour échapper à toutes les tentations, à toutes les volontés de puissance, qui menacent une existence rien qu’humaine.
La fête de la Saint-Louis marqua profondément la France à deux titres : d’abord, pour la première fois, l’existence d’un saint dans la lignée des rois de France établissait, de manière tangible, un lien entre Dieu et le roi. La monarchie de droit divin cessait d’être, aux yeux de ceux qui n’y croyaient pas, une commodité pour devenir la condition de possibilité d’un saint Louis. Ensuite, le 25 août devint le jour où les troupes françaises faisaient hommage à leur souverain, qui était le chef des armées. C’était une sorte de 14 Juillet avant la lettre.
Avec ce goût de la farce sous-préfectorale qui caractérise les parades républicaines, le 14 Juillet a prétendu remplacer à la fois le 15 août (fête de la Vierge, fête originelle de la France dont Marie est la sainte patronne) et le 25 août (fête des armées et preuve de leur lien organique avec le pouvoir et avec le peuple). Aujourd’hui, bien rares sont les citoyens qui se souviennent des raisons pour lesquelles la fête nationale est le 14 juillet, d’ailleurs. Il ne s’agit pas de la commémoration de la prise de la Bastille (sept prisonniers, un gouverneur trop gentil qui y laissera la tête ; pas de quoi pavoiser) mais de celle de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. Alors, le 25 août, vous pensez…
Peut-être serait-ce une bonne idée de se souvenir, ne serait-ce que quelques minutes, demain, de la trace qu’a laissée Saint Louis dans l’Histoire. On n’a pas attendu Bainville ou Michelet pour cela. CNews consacre, ce 24 août, une émission spéciale (avec un documentaire de Philippe de Villiers) à son règne : c’est plutôt une bonne idée !
Bref, vous l’aurez compris, la date du 25 août, comme tant d’autres, est l’une de ces dates oubliées de l’Histoire de France, que nous gagnerions à nous réapproprier. Qui d’entre nous n’a pas avec lui, en ce moment, des enfants ou des petits-enfants qui seraient heureux d’entendre parler du chêne de la justice, de la piété du roi, de sa septième croisade et de son édifiante incarcération, de son règne plein d’équité et de courage, de l’union du territoire français grâce à lui, de sa mère Blanche, de sa femme Marguerite et de leurs dix enfants ? Bonne Saint-Louis à tous !
Arnaud Florac