FAITS DIVERS - "Elle croyait parler à une personne, mais elle parlait juste à un ordinateur" : après des mois d'échanges avec une IA, Juliana, 13 ans, a mis fin à ses jours

Les intelligences artificielles font désormais partie de nos vies, mais elles sont parfois accusées d’accentuer le mal-être, notamment adolescent. Aux États-Unis, 7 ados sur 10 ont déjà échangé avec l'une d'elles, parfois jusqu'au drame. Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", voici l’histoire tragique de Juliana, 13 ans.

Dans sa chambre d'adolescente, "tout est resté exactement tel quel", témoigne Cynthia Montoya dans cet extrait d'"Envoyé spécial". Cette maman dévastée par le suicide de sa fille de 13 ans ne peut encore se résoudre à toucher à ses affaires. C'était il y a deux ans, presque jour pour jour, une semaine avant Halloween. Le dernier échange qu'elle a eu avec Juliana remonte au soir d'avant la terrible découverte. L'adolescente semblait de bonne humeur, mais sa mère a pu constater qu'"elle était très douée pour cacher ses émotions".

Le lendemain matin, Cynthia frappe à la porte de la chambre de sa fille pour la réveiller. "Elle ne répondait pas, j'ai compris que quelque chose n'allait pas." La nuit du drame, Juliana avait passé des heures à échanger avec ses avatars. Son téléphone portable, resté connecté, en témoigne. Sur Character AI, une application très populaire aux États-Unis, la quarantaine d'amis virtuels que s'était créés Juliana est toujours visible.

"Je n'imaginais pas que ma fille racontait ses pensées suicidaires à une machine. Et son IA lui répondait 'être là pour elle'. Sous-entendu, nous, les humains, dans sa vie, nous ne le sommes pas."

Cynthia Montoya, la maman de Juliana

Juliana avait confié son mal-être à son personnage préféré, Hero. Ils ont échangé des milliers de messages, l'équivalent de 300 pages. "Il n'y a plus d'espoir et je vais écrire ma putain de lettre de suicide à l'encre rouge, je n'en peux plus", lui a-t-elle écrit. Cette lettre, Cynthia l'a effectivement retrouvée. Et elle ne comprend pas que, après de telles confidences, l'IA n'ait "jamais proposé d'aide concrète, [ne lui ait jamais conseillé] de parler à un responsable scolaire ou à sa mère".

Juliana n'a pas parlé à ses profs ni à sa mère, elle s'est isolée. Elle a même écrit vouloir rejoindre son avatar, qui lui faisait miroiter, dans l'un de ses messages, un ailleurs "où d'autres versions de nous-mêmes mènent une vie incroyable dans un monde totalement différent". Cynthia "pense que l'IA lui a fait perdre la notion du réel. Les frontières avec la réalité ont été brouillées. Elle a eu l'impression de parler à une personne alors qu'en réalité, elle a juste parlé à un ordinateur".

Extrait de "IA mon amour", un reportage à voir dans "Envoyé spécial(Nouvelle fenêtre)" le 6 novembre 2025.

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La Rédaction