GAZA - Vers la deuxième étape du cessez-le-feu ?

Gaza : les Palestiniens impuissants face à la détermination israélienne |  France Culture

La prochaine phase du plan Trump piétine entre exigences israéliennes, flou sur l’après-guerre et blocages politiques, malgré la pression américaine.

Les discussions sur la deuxième phase du cessez-le-feu dans la bande de Gaza se poursuivent en coulisses mais sans avancée majeure, au moment où la trêve entre Israël et le Hamas palestinien semble particulièrement fragilisée. Pourquoi cette absence de progrès ?

Où en est-on ?

Fruit de fortes pressions américaines, le cessez-le-feu est entré en vigueur le 10 octobre, soit un peu plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, contre Israël.

La trêve reste très fragile, les deux belligérants s’accusant mutuellement et de façon quasi-quotidienne de la violer, ce qui augure mal de la réalisation du plan de paix pour Gaza présenté en septembre par le président américain Donald Trump et dont l’étape actuelle du cessez-le-feu n’est que le premier acte.

Schématiquement, le plan Trump prévoit l’enchaînement suivant: établissement d’un cessez-le-feu, retrait des troupes israéliennes et mise en place d’une nouvelle administration pour la bande de Gaza, reconstruction de ce territoire dévasté par la campagne militaire israélienne de représailles au 7-Octobre.

La première phase de la trêve prévoit notamment un repli, opéré le 10 octobre, des troupes israélienne sur une ligne leur donnant encore le contrôle de plus de 50% de la bande de Gaza, la libération de tous les otages vivants ou morts détenus par le Hamas ou ses alliés, et une montée en puissance de l’aide humanitaire entrant dans Gaza.

Tous les otages vivants ayant été libérés le 13 octobre, il ne reste plus qu’une dépouille d’otage dans Gaza, celle d’un policier israélien, après la remise mercredi à Israël des restes d’un otage thaïlandais.

Pourquoi ça patine ?

Plusieurs analystes interrogés par l’AFP rappellent que la précédente trêve s’était effondrée en mars au bout de deux mois avant même que ne soit amorcée sa deuxième phase.

Pour l’heure, le gouvernement israélien exige toujours que le dernier otage soit rendu avant d’entamer des négociations indirectes sur la deuxième phase via les pays médiateurs (Égypte, États-Unis, Qatar et Turquie).

Une conférence pour la reconstruction de Gaza, centrée autour des enjeux humanitaires, doit avoir lieu en Égypte, mais aucune date n’a encore été arrêtée.

Si le processus semble suspendu, c’est en grande partie en raison des nombreuses zones d’ombre du plan Trump.

« Israël n’a pas l’air de s’investir dans une vraie réflexion sur ce que pourrait être l’après-guerre », note pour l’AFP Michael Milshtein, chercheur à l’université de Tel-Aviv.

La résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU ayant endossé en novembre le plan Trump adopte le principe d'une « administration transitoire» internationale pour Gaza baptisée « Conseil de paix ».  Devant être dirigée par le président américain lui-même, elle valide le principe d’une démilitarisation du territoire et d’une force de stabilisation impliquant des pays étrangers... mais sans fixer la moindre échéance.

Toutes ces questions suscitent des débats en Israël et chez les Palestiniens, notamment sur leur mise en œuvre concrète.

Le Hamas a ainsi indiqué être prêt à envisager son désarmement, mais uniquement dans le cadre d’une initiative politique palestinienne.

En Israël, des ministres du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’un des plus à droite de l’histoire du pays, n’ont de cesse de répéter leur opposition au projet Trump, mais pour M. Milshtein, « il ne faut pas trop se fier [à leurs] cris d’orfraie ».

Quels enjeux politiques ?

« Netanyahu et [son ministre de la Défense Israël] Katz répètent que les Turcs n’entreront pas dans Gaza, mais si Trump estime que la Turquie est un bon partenaire pour la force internationale, ça se fera », estime-t-il aussi. Selon lui, « Israël a perdu de la marge de manœuvre, et on est loin de ce que Netanyahu exigeait encore il y a deux mois ».

De leur côté, les mouvements palestiniens ont continué à travailler sous parrainage égyptien à la création du «comité palestinien à caractère technocratique et apolitique composé de Palestiniens de la bande de Gaza compétents» devant, aux termes de la résolution 2803, «administrer les affaires courantes du territoire» sous la supervision du Conseil de paix.

« Les noms qui ont été approuvés répondent aux exigences d’Israël : ni Hamas, ni Fatah » (le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas), estime le politologue palestinien Mkhaïmar Abusada.

Qu’attendre ?

« Pour le moment, nous ne parlons que de maintenir le cessez-le-feu, et nous voyons de petits progrès, mais ce processus n’est pas terminé », explique Joost Hiltermann, de l’International Crisis Group.

« La détermination de l’administration Trump peut nourrir un certain optimisme », dit-il à l’AFP, en soulignant le pragmatisme notoire du président américain.

Les nombreuses visites de responsables américains auprès de M. Netanyahu ces deux derniers mois témoignent d’une forte pression sur Israël pour faire respecter le cessez-le-feu, note M. Abusada pour qui, si « la situation reste très floue [...] c’est aussi parce que le Hamas n’est pas clair sur ce qu’il veut ».

Le Livre Rouge

Date de dernière mise à jour : 04/12/2025

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