
Depuis plusieurs mois déjà, les observateurs politiques se demandaient si la droite patriote marseillaise serait la plus bête de France. Ce n’est, semble-t-il, pas le cas. Le jeudi 2 octobre, Stéphane Ravier a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la mairie de Marseille pour la quatrième fois et qu’il laissait ainsi le champ libre à Franck Allisio, le poulain du Rassemblement national.
Le sénateur des Bouches-du-Rhône renonce. Sur le plateau de Marseille politiques, sur BFM TV, il a déclaré : « Nous avons une chance historique. Il y aura, en 2026, une opportunité de remporter la victoire. Et je ne veux pas être le diviseur. » Les intentions de vote en faveur des deux têtes d’affiche nationalistes, 17 % pour Stéphane Ravier et 19 % pour le député des Bouches-du-Rhône, laissent en effet supposer que l’union peut mener ce camp à la victoire.
Oublier le passé
Pour ce faire, Stéphane Ravier, qui martèle « Mon adversaire, c’est la gauche. Mon ennemi, c’est l’extrême gauche », appelle ses soutiens à se mobiliser en faveur de Franck Allisio : « Si mes soutiens me font confiance, je leur demande de renouveler cette confiance en allant dans la permanence du RN, en se mettant à disposition de la campagne de Franck Allisio. »
La nouvelle a évidemment été accueillie avec joie par le candidat du RN, qui a salué le geste du sénateur dans un communiqué : « Stéphane Ravier vient de faire ce que nous ne voyons qu’exceptionnellement en politique : il a placé Marseille et les Marseillais au-dessus de ses intérêts personnels. » Franck Allisio, qui a œuvré pour le rapprochement des droites dans les Bouches-du-Rhône en reprenant le RPR, ajoute : « Nous avions promis l’unité aux Marseillais, nous tenons parole aujourd’hui. »
Certes, mais disons-le, ce n’était pas gagné d’avance, tant le Rassemblement national et Stéphane Ravier semblaient irréconciliables. Pour rappel, le sénateur des Bouches-du-Rhône a quitté le parti à la flamme en février 2022 après avoir apporté son parrainage à Éric Zemmour pour la présidentielle. En interne, cela a été perçu comme une trahison et source de grandes tensions qui ont poussé Stéphane Ravier à faire ses valises, lui qui militait depuis des décennies au Front puis au Rassemblement national.
Regarder vers l’avenir
Le divorce s'est fait dans la douleur, qu’en est-il des retrouvailles ? Elles ont mis longtemps à se dessiner, comme le laisse entendre Franck Allisio à BV : « Ça fait un an qu’on rediscute. » Il précise : « Quand on est intelligent et qu’on veut le bien commun, on trouve des solutions. Maintenant, la question est : est-ce que les Marseillais veulent continuer avec le "macronomélenchonisme" ou est-ce qu’ils veulent enfin mettre Marseille en ordre ? »
Évidemment, Franck Allisio veut croire qu’il sera élu en mars prochain : « Marseille pourra être la grande surprise et la grande victoire des municipales pour mon parti. » À tort ou à raison, il ne peut s'empêcher de penser à l’après 2026 et de voir la cité phocéenne comme une sorte de laboratoire : « Si Marseille tombe, la France tombera. Si Marseille bascule du bon côté, je pense que ça aura une influence directe sur la présidentielle. »
Sarah-Louis Guille