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CINÉMA 7 JOURS - Nouveau drame iranien scénarisé par Mohammad Rasoulof : une réussite VIDÉO

LA FRANCE LIBÉRÉE CINÉMA

En avril dernier sortait sur les écrans Lire Lolita à Téhéran, une adaptation de l’autobiographie d’Azar Nafisi, qui posait la question, en fin de récit, de l’exil pour toutes ces femmes iraniennes opposées au régime des mollahs. Un dilemme qui est au cœur, aujourd’hui, de 7 jours, réalisé par le cinéaste irano-allemand Ali Samadi Ahadi.

Co-écrit avec le réprouvé Mohammad Rasoulof (Un homme intègre, Le diable n’existe pas), le film devait initialement être réalisé par ce dernier, qui tourna concomitamment Les Graines du figuier sauvage – long-métrage polémique qui lui valut une condamnation à huit ans de prison et le poussa à s’exiler définitivement à Hambourg…

En cinq mois seulement, Ali Samadi Ahadi parvint à produire et à mettre en boîte le projet, tourné discrètement en dehors du pays, dans les montagnes de Géorgie (!), pour un résultat final tout à fait saisissant.

Très librement inspiré de la figure de Narges Mohammadi, une militante iranienne pour les droits de l'homme, de surcroît prix Nobel de la paix en 2023, 7 jours nous raconte l’histoire de Maryam, une militante condamnée par le régime, qui profite d’une permission de sortie d’une semaine, pour raison médicale, afin de passer la frontière et de retrouver sa famille, réfugiée depuis des années en Allemagne. Ses proches l’ignorent encore, mais Maryam n’a pas l’intention de rester à leurs côtés. Elle compte, en effet, retourner en prison dans le délai imparti par les autorités et poursuivre son combat en Iran…

Un drame politico-familial aux accents de thriller

Pensé partiellement comme un thriller, avec dissimulations, échanges de téléphones portables, itinéraires périlleux, passeurs, frontières hyper surveillées et compte à rebours sous tension, 7 jours n’en reste pas moins un drame. D’abord familial, tant est douloureuse pour Maryam la perspective d’être à nouveau séparée de ses enfants et de son mari après les avoir à peine retrouvés ; puis politique, dans la mesure où la question centrale demeure celle de l’engagement personnel et des sacrifices que l’on consent pour la défense de nos idées. Car contrairement à son actrice Vishka Asayesh, qui a fait le choix de l’exil en 2023, comme Golshifteh Farahani et Zar Amir Ebrahimi avant elle, Maryam estime plus légitime de mener le combat de l’intérieur plutôt que de l’étranger.

Si la dimension thriller intéresse bien évidemment le cinéaste, qui a pris soin de décrire les itinéraires en montagne des Iraniens et des Afghans fuyant la région, c’est surtout le dilemme politico-familial qu’il choisit de mettre en exergue, avec toutes les incompréhensions suscitées chez les proches de Maryam…

Réussi sur ses deux versants, bien écrit, le film offre à Vishka Asayesh un rôle mémorable. Avec un peu de chance la verra-t-on peut-être, prochainement, dans des films français, elle qui a choisi la France comme pays d’exil?

Pierre Marcellesi

 

 

Date de dernière mise à jour : 13/08/2025

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