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Matignon : Lecornu sort vainqueur du casting de l’horreur politique

Sébastien Lecornu (premier ministre) EN DIRECT : actualités, biographie  courte

La France sait. Le ministre de la Défense Sébastien Lecornu devient le septième Premier ministre d'Emmanuel Macron. Enfermé à l’Élysée, le président de la République a livré son choix dans un délai record. Et pour cause : sans fusible, sans bouclier, soumis aux appels croissants à la démission, il était dangereusement exposé. Il a choisi un proche, fiable, presque un garde du corps, dans un réflexe de défense et de crispation face au danger imminent. « Un macroniste qui sera tenu en rênes serrées par Macron », analyse Marine Le Pen. La principale opposante au pouvoir n'est pas dupe : « Le Président tire la dernière cartouche du macronisme, bunkerisé avec son petit carré de fidèles. Après les inéluctables futures élections législatives, le Premier ministre s’appellera Jordan Bardella. » Bien considéré par l’armée, Lecornu rappelle Charles Hernu, le fidèle ministre de la Défense de Mitterrand qui passait pour un homme énergique au tempérament droito-compatible, avant que l’on ne découvre qu’il avait été rémunéré durant des années par le KGB soviétique… Faute de KGB, Lecornu ne court pas ce risque. Il court le risque d'être considéré pour ce qu'il est, soit l'ombre de Macron. L’homme qui hurlait en meeting « parce que c’est notre projet ! » n’en a plus. Pour Lecornu, le principal défi consiste donc à gouverner auprès d’un Président usé politiquement, décrédibilisé et qui ne parvient pas à écarter l’idée qu’il est en sursis… court. Le contexte n’est donc pas idéalement porteur pour rassembler et constituer une majorité à la Chambre.

La France ne manquait pas de candidats. Pour reprendre les rênes d’un pays plombé par 3.400 milliards d’euros de dettes, ingouvernable car divisé en trois grands pôles (extrême gauche, centre et droite nationale), entravé par l’Europe, menacé socialement par la poussée de l’islam fruit d’une immigration sans limite, on se bouscule au portillon. C’est en soi assez curieux, voire suspect. Car ce n’est pas un lit de roses qui attend l’heureux élu, s’il veut faire vraiment son travail, c’est-à-dire redresser la France après huit ans de macronisme. Les banlieues sont une poudrière, les agriculteurs, les policiers, les profs, les ouvriers, les patrons, les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux boomers, la droite et la gauche : tous les compartiments de la société sont à bout. La France a fait le chemin de l'horreur économique vers l'horreur politique et sociétale. « Que ceux qui veulent mourir lèvent le doigt », lançait le Cyrano de Rostand, épée en main. Les doigts levés sont nombreux...

Les fantômes d'une maison hantée

Plus personne, heureusement, n'a parlé de Lucie Castets, objet d’une intense campagne de communication orchestrée par La France insoumise et son baryton Jean-Luc Mélenchon, qui a fait flop. Cette étoile sans la moindre expérience pour occuper un poste éjectable est passée dans l'oubli sans provoquer de regrets excessifs de part et d’autre de l’échiquier politique.

Mais certains noms sont revenus comme les fantômes d'une maison hantée. Pas de prévisions sans entendre le nom de Gérald Darmanin dont le bilan, après des années passées au service de la Macronie à l’Intérieur puis à la Justice, ne brille pas par des résultats spectaculaires en matière de sécurité, d’ordre public, de lutte contre l’islamisme ou de maîtrise de l’immigration.... Au grand dam de Kevin et Matteo, accusés à tort de dévaliser les spectateurs de foot anglais…

Autre personnalité citée un temps pour Matignon, Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé. En 2022, Macron lui avait préféré la très sectaire et ancienne socialiste Élisabeth Borne, qui cumulera les 49.3 pour faire passer ses mesures. Un choix judicieux salué avec enthousiasme et perspicacité, sur Twitter à l’époque, par… Catherine Vautrin : « Enfin, une femme à Matignon ! Bravo à @Elisabeth_Borne et plein succès à la France. » Chacun peut aujourd’hui constater que le vœu de « plein succès à la France » n’a pas été suivi d’effet sous le mandat de Borne… Troisième possibilité écartée, Xavier Bertrand, président LR de la région des Hauts-de-France, dont la grande qualité aux yeux du centre, de la gauche et sans doute du Président Macron est sa haine anti-RN réflexe, technique et viscérale. Éternel candidat à Matignon, Bertrand aura tout fait pour décrocher la timbale, sans négliger aucune compromission ni aucune bassesse, déclarant volontiers préférer les communistes aux « identitaires du RN ». Lorsqu’il reconnut son appartenance au Grand Orient de France dans une interview, en 2008, François Fillon aurait eu ce mot rapporté par Le Canard enchaîné : « Maçon, je le savais ; en revanche, franc… »

Mer démontée

La journée du 9 septembre avait même amené une nouvelle candidate, Yaël Braun-Pivet. Macroniste sans nuances, la présidente de l’Assemblée nationale, qui aura réussi à confier ses poules à d’autres qu’aux policiers chargés de sa protection, se sentait appelée à un destin qui la porte au-dessus du perchoir.

« Chacun peut gouverner lorsque la mer est belle », disait Publilius Syrus. La mer démontée appelle des qualités et un courage exceptionnels. Lecornu sera-t-il la personnalité sacrificielle destinée à devenir l'homme ou la femme providentiels dont la France a un besoin aujourd'hui vital ? Emmanuel Macron, qui avait pris 51 jours pour nommer Michel Barnier (avec le succès que l'on sait), a décidé vite pour nommer... son double. Avec Lecornu, le macronisme bégaye mais ne change en rien.

Marc Baudriller

Date de dernière mise à jour : 10/09/2025

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