GEORGES MANDEL :  Bien que premier Résistant de France, son nom reste injustement dans l’oubli

Élisabeth Borne présidera vendredi une cérémonie de restitution d’ouvrages spoliés par les nazis ayant appartenu à Georges Mandel, ancien ministre français assassiné en juillet 1944. Suite aux recommandations de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS), les livres qui ont pu être retrouvés seront restitués à ses ayants droit. À cette occasion, la Première ministre saluera la mémoire de ce collaborateur de Georges Clémenceau qui avait poussé le général de Gaulle à rejoindre Churchill à Londres.

« Le prestigieux nom de Georges Mandel reste injustement dans les limbes de l’oubli », estime, dans une tribune que publie le JDD, Éric Daubard, président du Souvenir français. Cette association oeuvrant pour la mémoire des soldats et citoyens morts pour la France salue la « mise en lumière de cet homme exceptionnel ». Voici son texte :

« C’est à l’Hôtel de Matignon que, selon la volonté de la Première ministre Elisabeth Borne, seront restitués aux descendants de Georges Mandel d’ouvrages qui lui ont été volés par les Nazis. Outre quelques érudits passionnés d’Histoire ou de politique, qui sait aujourd’hui qui était Georges Mandel, premier Résistant de France, assassiné par la Milice ? Qui se souvient que ce fut lui, ministre de l’Intérieur au sePassionné de politique il ne tarda pas à suivre l’exemple de son mentor et occupa plusieurs mandats électifs : maire, conseiller général et même député. Très en avance sur ses contemporains, il prônait « déjà » le vote des femmes, mais aussi leur droit de se présenter aux suffrages. Appelé au portefeuille des PTT en novembre 1934, il ne tarda pas à y mettre bon ordre. Ce qui lui valut d’obtenir le ministère des Colonies, où il nomma Félix Eboué premier gouverneur de couleur. Servir la France était sa devise : « La volonté de servir l’emportait chez lui de très loin sur l’appétit de jouissance et même sur l’ambition de commander. Il aimait sa cause, non sa personne » (Emmanuel Berl). Mais les attaques à son encontre furent légion.in du gouvernement Reynaud de juin 1940, qui convainquit un jeune général de brigade à titre temporaire venant d’être nommé sous-secrétaire d’Etat de rejoindre Londres à sa place pour organiser ce qui allait devenir la France Libre ?

Servir la France était sa devise

Il était né Louis-Georges Rotschild, le 15 juin 1885 à Chatou, dans une famille de confession juive sans lien de parenté avec les banquiers éponymes. Après son baccalauréat, il se tourna vers le journalisme, prenant le nom de jeune-fille de sa mère. Grand admirateur de Georges Clemenceau, il parvint au prix d’importants efforts, à devenir un de ses proches collaborateurs, même si celui qui devint le Tigre durant la Première Guerre mondiale ne fut pas des plus tendres avec lui.

Passionné de politique il ne tarda pas à suivre l’exemple de son mentor et occupa plusieurs mandats électifs : maire, conseiller général et même député. Très en avance sur ses contemporains, il prônait « déjà » le vote des femmes, mais aussi leur droit de se présenter aux suffrages. Appelé au portefeuille des PTT en novembre 1934, il ne tarda pas à y mettre bon ordre. Ce qui lui valut d’obtenir le ministère des Colonies, où il nomma Félix Eboué premier gouverneur de couleur. Servir la France était sa devise : « La volonté de servir l’emportait chez lui de très loin sur l’appétit de jouissance et même sur l’ambition de commander. Il aimait sa cause, non sa personne » (Emmanuel Berl). Mais les attaques à son encontre furent légion.

Ce fut donc lui qui poussa le général de Gaulle à rejoindre Churchill à Londres pour continuer le combat. Pour sa part, bien que non pratiquant et ayant élevé son unique fille Claude dans la confession catholique, il expliqua que s’il partait, bien que sa notoriété eût permis de rassembler davantage, il était conscient qu’on lui aurait immanquablement reproché sa judaïcité. Il fut bientôt arrêté sur l’ordre de Pétain et rapidement libéré. Il fit écrire au vieux maréchal, sous sa dictée, une lettre d’excuses qu’il conserva jusqu’à sa mort dans son portefeuille. Puis il embarqua avec d’autres parlementaires pour poursuivre la lutte en Afrique du Nord. Il y fut de nouveau arrêté et passa dès lors de lieu de détention en lieu de détention, du Portalet à Buchenwald en passant par Oranienburg.

Georges Mandel n’était plus et la mémoire sélective de l’Histoire allait débuter sa lente descente vers l’oubli, un indécent oubli

Rapatrié en France, il quitta le 7 juillet 1944 la prison de la Santé à Paris, officiellement pour le Centre de la France. Pas dupe, il annonça aux miliciens qui l’escortaient : « Mourir n’est rien. Ce qui est triste, c’est de mourir avant d’avoir vu la libération de son pays et la restauration de la République ». Les deux Tractions stoppèrent en forêt de Fontainebleau, sous prétexte d’une panne. Il tomba d’une rafale de 9 mm dans le dos. Il était 19 heures.

Georges Mandel n’était plus et la mémoire sélective de l’Histoire allait débuter sa lente descente vers l’oubli, un indécent oubli. Ce grand homme que la patine du temps a relégué dans la mémoire collective souvent au rang d’illustre inconnu, fut pourtant cité en 1947 comme celui « qui par son patriotisme indomptable […] a bien mérité de la Nation ». Malgré les efforts de biographes remarquables, un téléfilm, les Amis de Clemenceau, la commémoration du comité du Souvenir Français de Fontainebleau à laquelle son gendre Wolfgang Kleinertz participe chaque année, le prestigieux nom de Georges Mandel reste injustement dans les limbes de l’oubli.

GEORGES MANDEL

Saluons donc la restitution par les bibliothèques allemandes de ces livres qui provenaient de la bibliothèque spoliée de Georges Mandel, et saluons l’implication de la Première ministre. Puisse-t-elle, par son initiative, remettre en lumière l’homme exceptionnel qu’il fut et l’abnégation dont il fit preuve. »

Eric Daubard

 

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