Dans la tourmente depuis plusieurs semaines, le producteur de tracteurs beauvaisien suspend sa production entre le 20 décembre et le 20 janvier. Un mois d’arrêt, signe que le marché mondial du machinisme agricole est dans le dur.
De mémoire de travailleur, c’est un record dont AGCO, 1500 salariés, se serait bien passé. Pour la première fois depuis très longtemps, la production sur le site beauvaisien va donc être mise à l’arrêt en plein hiver à compter de ce vendredi 20 décembre, pour une durée d’un mois. Reprise annoncée le 20 janvier prochain pour les salariés de la production ; plus tôt pour certains cadres et employés administratifs.
Pour tenir cette fermeture prolongée, « les ouvriers vont puiser sur leurs jours de flexibilité », glisse-t-on dans les rangs syndicaux, 9 jours selon nos informations ; mais aussi dans des jours de flexibilité résiduels de 2024 et sur des RTT et des congés payés.
Pas de perte de salaire donc, mais « l’enjeu pour l’entreprise, c’est que les salariés de tous les services puisent un peu dans leurs congés payés, pour obtenir le droit, ensuite, de recourir au chômage partiel », confie un salarié, pas très heureux à l’idée qu’il lui reste « deux semaines et demi de congés pour les vacances d’été. Sans les enfants, que va-t-on faire d’un mois de congés en janvier ? »
« 50 commandes par semaine en moyenne »
La fermeture du site de production beauvaisien pendant un mois apparaît comme inévitable. Le machinisme agricole traverse une crise sans précédent, les carnets de commandes sont au plus bas, avec « 50 commandes par semaine en moyenne actuellement, contre 300 à 400 quand ça allait bien », s’alarme-t-on parmi les syndicats. « Cette période d’inactivité va permettre, on l’espère, de redonner du travail aux salariés. »
Du côté de la direction, on dépeint le tableau d’un machinisme agricole à l’arrêt, «inflation», «accès difficile au crédit», «les agriculteurs diffèrent leurs investissements». Surtout, la fermeture du site beauvaisien n’est pas un cas isolé : «En Finlande et en Italie les usines AGCO reprendront le 20 janvier ; l’Allemagne reprendra le 27 janvier, nous nous adaptons grâce à nos accords de flexibilité qui le permettent».
Alors qu’un plan social est en cours chez le géant des tracteurs, Thierry Lhotte, directeur général d’AGCO Europe, a promis aux élus de la communauté d’agglomération du Beauvaisis en novembre dernier comme aux salariés qu’il n’y avait pas de projet de suppression de postes au sein de la production. À ce stade, seuls sont concernés les techniciens et les cadres de l’entreprise.
Les négociations autour du plan social qui prévoit désormais selon nos informations la suppression de 94 postes sont toujours en cours. Et les conditions du plan social pourraient être signées début janvier par l’ensemble des syndicats, « globalement les salariés sont d’accord même si une grosse dizaine d’entre eux qui ont des petits salaires ont compris qu’ils partiraient avec pas grand-chose », constate un cadre qui reprendra lui… le 2 janvier.
Chez Gima, fabricant de boîtes de vitesses, entreprise voisine en proie aux mêmes difficultés de marché qu’AGCO, la reprise est annoncée pour le 6 janvier. Mais parmi les salariés, on n’exclut pas « une annonce de dernière minute » qui repousserait la reprise du travail.
Mathieu Hérault