
Dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron souhaite installer six vitraux contemporains réalisés par l’artiste Claire Tabouret.
CULTURE - Le sujet l’agace profondément. Stéphane Bern ne comprend pas la décision d’Emmanuel Macron et de l’archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich de remplacer six vitraux de la cathédrale Notre-Dame datant du XIXe siècle… par des vitraux contemporains. Ces œuvres, conçues par l’artiste Claire Tabouret, l’une des figures les plus reconnues de l’art contemporain, doivent être installées d’ici fin 2026.
« Je n’ai rien ni contre Claire Tabouret ni contre les vitraux contemporains. Il y en a à la cathédrale de Chartres (Eure-et-Loir) et j’ai participé à la collecte. Mais je leur suis favorable quand les anciens sont détruits ou détériorés », a expliqué dans un long entretien à Ouest-France l’animateur passionné d’histoire et de patrimoine français.
Stéphane Bern ne manque pas de rappeler que ces vitraux sont classés aux monuments historiques, et font à ce titre l’objet de la plus grande protection en matière de conservation du patrimoine. Pour lui, remplacer ces œuvres historiques soulève des questions sur la préservation de l’authenticité et de l’intégrité de la cathédrale, un symbole fort du patrimoine français.
« Juste parce que le Président le veut ? »
« Pourquoi l’État s’affranchit-il des règles qu’il impose aux autres ? Juste parce que le Président le veut ? », peste l’animateur. « Le Président, je passe mon temps à dire ce que je pense – et pas que du bien – de ses décisions », avoue-t-il par ailleurs un peu plus loin dans l’interview.
L’animateur engagé, qui a suivi de très près la rénovation de la cathédrale et sa réouverture au mois de décembre, s’indigne notamment du coût de ces vitraux, 4 millions d’euros, qu’il juge inadapté en temps de crise budgétaire.
Toutefois, « on n’est pas près de voir ces vitraux », lance-t-il, en s’accrochant à l’avis défavorable de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Pour autant, cet avis reste consultatif. Par le passé, cette commission s’était par exemple opposée à la pyramide du Louvre ou aux colonnes de Buren au Palais Royal.
Une pétition contre les vitraux en question
Stéphane Bern n’est pas le seul à s’opposer à ce projet de vitraux contemporains, colorés et, pour la plupart, composés de motifs floraux et géométriques. De nombreux défenseurs du patrimoine ont signé une pétition initiée par Didier Rykner, directeur du site La Tribune de l’Art, qui souligne que les anciens vitraux n’ont pas été endommagés par l’incendie. La pétition a déjà recueilli plus de 248 000 signatures.
L’association de défense du patrimoine Sites & Monuments a également déclaré entendre saisir la justice, ce qui ne pourra intervenir qu’une fois déposée l’autorisation de travaux, équivalent d’un permis de construire. « Ces vitraux sont importants pour l’architecture et vont disparaître alors que, dans les beffrois nord et sud, existent des verrières blanches (non décoratives et récentes) qui pourraient accueillir des vitraux contemporains », a fait valoir Julien Lacaze, président de cette association.
La Rédaction