
Il déprimait dans son palais, après sa dissolution kamikaze, mais le retrait inattendu de Trump sur le dossier ukrainien, lui a redonné des ailes. Il revit et se pose en leader de l’Europe en guerre.
Pour l’instant, l’Europe ne voulant pas la paix, elle est hors-jeu. Mais tout va très vite.
À Ryad, Américains et Ukrainiens ont décidé de proposer un cessez-le-feu de 30 jours à Poutine. Mais après la nuée de drones qui se sont abattus sur Moscou et d’autres villes cette nuit, je ne suis pas certain que le Tsar accepte une trêve avant d’avoir présenté l’addition à Zelensky.
Et comme le deal « terres rares contre reprise de l’aide américaine » semble en bonne voie, on se demande si Trump, aussi imprévisible que déroutant, ne va pas opérer encore un virage à 180° et menacer Moscou de sanctions, tout en armant massivement l’Ukraine.
La frénésie de Macron pour des « conseils de guerre » stériles organisés tous les trois jours, tourne au ridicule. Sans armée digne de ce nom, il se pose en chef de guerre.
Mais il ne fait qu’étaler l’impuissance de l’Europe, ses divisions, son indécision, ses craintes et ses doutes. Spectacle pitoyable qui renforce Trump dans sa volonté de traiter sans l’Europe, comme c’est le cas en Arabie ce jour.
Cette Europe va-t-en-guerre, menée par un excité qui ne rêve que de la défaite de Poutine, est vue comme un obstacle à la paix par Trump et le Tsar.
En 2022, Macron présidait l’UE. Il avait une chance historique de se battre pour la paix aussi longtemps que nécessaire. Mais il a fait le choix de la guerre en armant l’Ukraine.
Le résultat ? Une amitié franco-russe fracassée, une France discréditée dans les négociations de paix, un climat de guerre entretenu par la macronie pour redorer le blason d’un Macron qui a tout raté depuis 2017.
Ce jour, Macron réunit 31 chefs militaires de l’UE, de la Grande-Bretagne, du Canada, de la Turquie, mais sans les États-Unis. Il va encore nous agiter le spectre d’une invasion russe totalement imaginaire, alors qu’il serait mieux avisé de s’inquiéter de la submersion migratoire qui va tout emporter.
Mercredi, ce sera une autre réunion entre les ministres de la Défense. Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Pologne, France et Ukraine par visio-conférence, sont impliqués.
Tous ces pays voudraient peser sur l’échiquier mondial, mais c’est la cacophonie et finalement le désarroi qui prévalent.
Comment soutenir l’Ukraine sans les États-Unis ?
Comment réarmer l’Europe ?
Où trouver les financements ?
Quels pays sont prêts à déployer des soldats de la paix en Ukraine ?
Combien d’hommes ? 20 000 ? 30 000 ?
Quelle mission, où les positionner ?
Y a-t-il risque d’escalade ?
En cas de clash, quelle riposte opposer ?
Comment protéger ces troupes sans le soutien américain ?
Quid de l’Otan ?
Quelle réaction de Poutine ?
Que feront les États-Unis en cas de crise majeure avec les Russes ?
Avant de faire la paix, y aura-t-il une trêve dans les airs et sur mer ?
Toutes ces questions ne font que diviser les Européens et accentuer le manque de crédibilité militaire. Ce n’est pas sérieux. Seule la paix est un objectif crédible.
On se demande à quoi servent ces réunions, toutes initiées par Macron, alors que personne n’est capable d’apporter la moindre réponse. C’est encore de la gesticulation pour que Macron existe.
En dernier ressort, c’est Poutine qui aura le dernier mot. Si Trump croit lui imposer quoi que ce soit et exerce un chantage ou des menaces contre le Kremlin, en prétendant œuvrer pour la paix, il n’obtiendra rien d’autre qu’une escalade.
Tout cela nous montre que l’Europe n’est qu’un nain politique et militaire. Sans Washington, c’est le désarroi, car aucune armée européenne n’est crédible, pas plus l’armée française que l’armée britannique. Elles sont à reconstruire, comme Poutine a reconstruit la sienne en vingt ans.
Jacques Guillemain