Bernard Pivot, la culture au plus niveau

Bernard Pivot est un journaliste français, écrivain, critique littéraire, animateur et producteur d'émissions culturelles télévisées, né le 5 mai 1935 à Lyon et mort le 6 mai 2024 à Neuilly-sur-Seine.

D'abord journaliste au Figaro littéraire, qu'il quitte en 1974 après avoir été rédacteur en chef, Bernard Pivot fonde le magazine Lire.

Il lance à la télévision l'émission littéraire Apostrophes, qu'il présente de 1975 à 1990, elle reste la référence en matière de culture à la télévision, il anime ensuite l'émission Bouillon de culture de 1991 à 2001. Il crée des championnats d'orthographe et des dictées qui remportent un immense succès populaire.

Bernard Pivot est élu en 2004 à l'académie Goncourt et il en est le président de 2014 à 2019.

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Jeunesse et études

Bernard Claude Pivot naît le 5 mai 1935 à l'hôpital de la Croix-Rousse, de Charles Pivot (1909-1999) et Marie-Louise Dumas (1912-1989), épiciers lyonnais demeurant rue de Bonnel dans le 3e arrondissement.

Durant la Seconde Guerre mondiale, son père est prisonnier de guerre en Allemagne. Sa mère se réfugie dans la maison familiale, à Quincié-en-Beaujolais, où Bernard est scolarisé. De son propre aveu, il lit en particulier un dictionnaire et déclare à ce sujet : « Je n’avais qu’une vieille édition du Petit Larousse et les Fables de La Fontaine. C’est le premier livre que j’ai lu en jouant à saute-mouton dans le livre. Je notai sur un carnet des mots qui me plaisaient et qui me paraissaient intéressants. J'allais chercher dans le Larousse, des mots des Fables de La Fontaine que je ne comprenais pas »

Lors du retour de Charles Pivot en 1945, la famille regagne Lyon, s'installe avenue du Maréchal Foch dans le 6e arrondissement et reprend son commerce. À l'âge de dix ans, Bernard est placé au pensionnat religieux Saint-Louis. Il se passionne pour le sport, ce qui fera « oublier » à ses maîtres sa médiocrité dans les autres matières, à l'exception du français et de l'histoire.

Élève au lycée Ampère puis étudiant en droit à université de Lyon, le jeune Bernard Pivot s'inscrit ensuite à Paris au Centre de formation des journalistes (CFJ) en 1955 et en sort vice major de sa promotion en 1957

Presse écrite

Après un stage au Progrès, à Lyon, Bernard Pivot se forme au journalisme économique pendant un an puis entre au Figaro littéraire en 1958.

En 1971, l'hebdomadaire disparaît et Bernard Pivot devient chef de service au Figaro.

Il quitte le journal en 1974 lorsque Jean d'Ormesson en devient directeur général. Jean-Louis Servan-Schreiber lui propose alors un projet de magazine qui débouche, un an plus tard, sur la création du magazine Lire.

Entre 1974 et 1977, il tient une chronique dans l'hebdomadaire Le Point11. De 1992 à 2022, il est chroniqueur, d'abord humoristique, puis littéraire au Journal du dimanche.

Il utilise, pour ses chroniques gastronomiques, les noms de plume « Jean-René Saverne » et « Antoine Dulac »

Radio

De 1970 à 1973, Bernard Pivot tient une chronique quotidienne mi- sérieuse mi- comique sur Europe 1. Il travaille également pour la station RTL durant les années 1980.

Télévision

Bernard Pivot apparaît pour la première fois à la télévision le jour du nouvel an 1967, pour parler de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan. En 1968, il est invité par Jean Prasteau dans l'émission À la vitrine du libraire pour parler de la critique littéraire.

À partir d'avril 1973, il produit et anime l'émission Ouvrez les guillemets, diffusée sur la première chaîne de l'ORTF.

L'année suivante, l'ORTF éclate et l'animateur lance l'émission Apostrophes sur Antenne 2, qu'il rejoint à la demande de Jacqueline Baudrier, sur les conseils d'Yves Berger et de Pierre Jean Remy et Marcel Jullian, le président de la chaîne

. L'émission est diffusée en direct chaque vendredi soir à 21 h 30 à partir du 10 janvier 1975. Durant 75 minutes, Pivot débat avec plusieurs invités. Il est parfois reçu par les écrivains auxquels il consacre une émission spéciale, comme Marguerite Duras et Alexandre Soljenitsyne. Apostrophes rassemble jusqu'à deux millions de téléspectateurs, stimule les ventes de livres et devient le « magazine littéraire de référence » de la télévision.

L'émission est récompensée par le 7 d'or du meilleur magazine culturel ou artistique en 1985 et 1987 tandis Bernard Pivot reçoit lui-même le 7 d'or du meilleur animateur et du meilleur producteur de télévision en 1985, puis celui du meilleur animateur de débats en 1987.

Il aura beau animer par la suite d'autres programmes culturels rencontrant du succès, c'est Apostrophes qui reste « la » référence en matière de culture à la télévision

Après 724 numéros et la diffusion de la dernière émission d'Apostrophes le 22 juin 1990, un entretien entre Bernard Pivot et Pierre Nora paraît dans la revue Le Débat.

En décembre 2019, Bernard Pivot est critiqué pour son attitude dans l'émission Apostrophes du 2 mars 1990, lors de laquelle il interroge d'un ton badin l'écrivain Gabriel Matzneff, qu'il qualifie, au milieu de l'hilarité générale, de « professeur d'éducation sexuelle » et de « collectionneur de minettes ». Matzneff, invité pour son livre Mes amours décomposés, se vante dans ce livre de pratiques pédophiles, notamment de « sodomiser des mineurs ». Denise Bombardier, écrivaine québécoise invitée à l'émission, est alors la seule à protester et à dénoncer l’écrivain.

Dans la foulée de la mise en ligne par l'Ina de la vidéo de l’émission, Bernard Pivot déclare qu'à cette époque « la littérature passait avant la morale ». Face à la polémique qui enfle, il déclare quelques jours plus tard qu’il n’a pas eu les mots qu’il fallait, ajoutant : « Il m’aurait fallu beaucoup de lucidité et une grande force de caractère pour me soustraire aux dérives d’une liberté dont s’accommodaient tout autant mes confrères de la presse écrite et des radios. »

Bouillon de culture

À partir du 17 janvier 1991, sur Antenne 2 (devenue France 2 en septembre 1992), Bernard Pivot présente Bouillon de culture, qui traite de l'actualité littéraire, mais aussi de cinéma, de théâtre, etc. Diffusée à 22 h 40, l'émission est regardée par plus d'un million de téléspectateurs. Elle est récompensée par le 7 d'or du meilleur magazine culturel en 1995. Par la suite, le programme connait une forte perte d'audiences.

En juin 2001, son arrêt provoque l'émoi dans le monde de l'édition et des médias. Le Journal du dimanche consacre alors un numéro spécial à Bernard Pivot. En octobre 2001, soit quatre mois après son arrêt, Bouillon de culture reçoit un deuxième 7 d'or (celui de la meilleure émission culturelle).

Championnats d'orthographe et autres émissions

En 1985, il crée et présente les Championnats de France d'orthographe, puis les Championnats du monde d'orthographe, renommés les Dicos d'or. Il coanime l'émission avec Catherine Matausch, puis Florence Klein. La dernière édition a lieu sur France 3 en novembre 2005.

Ces championnats, qui remportent un immense succès populaire, étaient généralement composés de questionnaires sur la langue française et l'orthographe suivis par une dictée (écrite par la linguiste Micheline Sommant pour les demi-finales et par Bernard Pivot pour la finale).

De janvier 2002 à décembre 2005, il s'ouvre à la rencontre d'étrangers qui ont choisi d'ajouter la culture et la langue françaises à leur propre culture originelle. Cette émission, intitulée Double je, est diffusée une fois par mois sur France 2 le dimanche soir.

En octobre 2008, il coanime avec Laurence Boccolini et Jean-Pierre Foucault Français, la Grande interro !, une émission consacrée à la langue française et diffusée en première partie des soirées sur TF127.

Juré

Bernard Pivot fait partie du jury du prix Interallié. Élu en 2002, il a succédé à Jean Couvreur, mort l'année précédente

En octobre 2004, il est élu à l'académie Goncourt.

En janvier 2014, l'écrivaine Edmonde Charles Roux lui cède la présidence de l'académie. C'est en sa qualité de président de cette académie qu'il évoque dans un message posté sur le réseau social Twitter, en mars 2017 (pendant la campagne de l'élection présidentielle), le nouveau verbe « m'acroniser » qu'il évoque à la manière d'un mot du dictionnaire.

Le 3 décembre 2019, il annonce qu'il quitte l'académie Goncourt au 31 décembre suivant et qu'il en sera dès lors membre d'honneur.

Cette démission coïncide d’une part avec la diffusion en décembre 2019, sur les réseaux sociaux, d'archives de l'INA relatives à une émission d'Apostrophes de 1990, au cours de laquelle l'écrivain Gabriel Matzneff commente ses pratiques pédophiles ; d’autre part, avec la parution en janvier suivant du livre accusatoire de Vanessa Springora contre le même Matzneff.

La Rédaction

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Date de dernière mise à jour : 18/05/2024

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