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LAMENTABLE ! Des Français menacés de perdre leur médecin s’ils votent RN !

Le 9 juin dernier, le Rassemblement national est sorti grand gagnant des élections européennes. Plus de 32 000 communes sur 35 000 ont placé en tête la liste de Jordan Bardella. Parmi elles, celle de Saint-Martin-des-Besaces, à l'ouest du Calvados, où le RN a recueilli près de 40% des voix. Mais dans ce village de quelque 1200 âmes, ce résultat prévisible - et d’ailleurs prévu par les instituts de sondage - a fait l’effet d’une douche froide à certains. C’est notamment le cas du médecin de la commune qui n'a pas caché à sa patientèle tout le dégoût que lui inspire le vote patriote. Sur la porte de son cabinet, il a ainsi affiché une feuille A4 noircie d'un texte en lettres capitales. « En tant que médecin, je me sens particulièrement désavoué et troublé par le résultat de ces votes inspirés par la haine et la malveillance, débute-t-il. Les préjugés, les amalgames de pensée, la bouc-émissarisation sont des manières grossières de masquer l’incompétence des marchands de haine. (…) Il y a d’autres solution que la solution finale. » Et voilà le RN traité de parti génocidaire ! On pouvait s’attendre à mieux de la part d’un homme de sciences, censément attaché à la mesure et à la raison…

CABINET MÉDICAL
 

Leçons de morale et menaces

Le bon docteur l'assure, le but est avant tout de lancer le débat, de dialoguer. « Je suis médecin, mon métier est humain et fraternel. On écoute, on aide les autres.[...] Moi, c'est la bienveillance et la fraternité que j'envisage, pas autre chose ». Mais, où est la bienveillance lorsqu’on traite 40% de ses concitoyens de nazis ? Où est l’écoute lorsqu’on affirme que l’opinion de ses semblables donne « la nausée » ? Notre médecin, prénommé Stéphane, jure être « sans jugement », mais il n’en est rien. Il a d’ailleurs déjà prévenu ses patients : s’ils recommencent aux prochaines élections, ils n’auront plus qu’à se trouver un autre généraliste. « Si le choix de l’extrême violence devait s’imposer, ce serait sans moi », menace-t-il.

L’histoire d’une déconnexion

Le docteur sexagénaire est à l’image d’une grande partie de sa génération : déconnecté. Il est resté bloqué dans la France des années 80. Jouissant très certainement d’un niveau de vie enviable, notre médecin Stéphane ne s’est pas rendu compte de la baisse du pouvoir d’achat, de l’explosion de l’insécurité, de la permanence des tensions communautaires. Surtout, il est resté sous l’emprise du discours médiatique qui, depuis quarante ans, associe au fascisme tous les partis politiques hostiles à l’immigration de masse. Aveugle aux enjeux actuels, persuadé d’être du bon côté de l’Histoire, le médecin n’a que mépris et condescendance pour les électeurs de la droite nationale. Des racistes, des nazis, ou, au mieux, des abrutis qu’il faut d’urgence rééduquer et ramener dans le droit chemin, par la culpabilisation et, si besoin, par la menace.

En face, les patients morigénés ont la grandeur d’âme de ne pas lui en tenir rigueur. Certains s’étonnent de cette prise de position inhabituelle dans une commune où chacun garde d’ordinaire ses opinions pour soi, mais nul n’a exprimé la moindre animosité à l’égard du donneur de leçon. « Je n'ai pas eu de réflexions particulières », reconnaît-il. Comme quoi, les électeurs du RN ne sont peut-être pas les effroyables nazis qu'il décrit.

Jean Kast

 

Date de dernière mise à jour : 27/06/2024

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