
« J’ai appelé solennellement les députés et les sénateurs à […] lancer et voter la destitution de celui qui a violé les articles 3, 5, 35 et 53 de notre Constitution. » Dans son discours de clôture du congrès 2025 de son parti Debout la France, samedi 20 septembre à Yerres (Essonne), Nicolas Dupont-Aignan a pris acte de l’inutilité de réclamer une dissolution de l’Assemblée nationale, car « d’une part, la décision revient au président de la République [et] d’autre part, il reste probable qu’aucun des trois blocs, en l’absence d’une dynamique présidentielle, ne puisse disposer d’une vraie majorité ». Il estime tout aussi inutile d’espérer la démission de ce dernier, alors « qu’Emmanuel Macron n’aura jamais la dignité du général de Gaulle, quittant le pouvoir en 1969 à la suite de son référendum perdu ».
« Révolution du bon sens »
Déjà par trois fois candidat à la présidence de la République, Nicolas Dupont-Aignan avait obtenu 1,79 % des suffrages exprimés en 2012, 4,70 % en 2017 et 2,06 % en 2022. En 2017, il avait conclu une alliance de gouvernement avec Marine Le Pen, restée sans lendemain du fait de la défaite de cette dernière au second tour. Depuis, le chef de file de Debout la France n’a jamais caché sa déception quant à l’évolution du RN. Ce samedi, encore, il s’est étonné d’une « curieuse opposition patriote qui brandit des armes dont elle ne dispose pas et se refuse en même temps à utiliser la seule qui est entre ses mains au Parlement : la destitution prévue par l’article 68 ». Pour sa quatrième tentative élyséenne, l’ancien maire de Yerres (de 1995 à 2017) et député de l'Essonne (de 1997 à 2024) a choisi un positionnement voulu résolument offensif, appelant à une « révolution du bon sens », celui-là même « qui, en 1958, a inspiré le général de Gaulle pour réussir le redressement du pays ».
« Rendre le pouvoir aux Français »
Au menu des priorités : « rétablir l’ordre », arrêter « toute immigration supplémentaire » et reconstruire « l’école de la République ». Mais en ces temps de difficultés économiques sur fond de dette abyssale des finances publiques, le président de Debout la France entend aussi remettre de « l’ordre dans nos finances », assainir la politique de santé en donnant « un grand coup de pied dans la fourmilière des conflits d’intérêts » et opérer un « sursaut industriel et économique ».
« Par référendum », propose Nicolas Dupont-Aignan, « les Français adopteront une nouvelle Constitution reprenant le meilleur de la Ve et allant, comme le souhaitait à la fin de sa vie le général de Gaulle, vers une démocratie directe à la Suisse ». Dans un pays bloqué et divisé en trois blocs, à ce référendum d’initiative citoyenne (RIC) constituant s’ajouteraient ensuite d’autres consultations qui permettraient de mettre « sous tension ceux qui usent et abusent de leurs pouvoirs », au niveau national (Conseil constitutionnel, par exemple) ou local, avec la suppression des régions pour simplifier le mille-feuille bureaucratique.
« Redonner sa liberté à la France »
Enfin, « la pieuvre communautaire avec ses tentacules nous étouffe, nous étrangle », estime Nicolas Dupont-Aignan, qui propose donc « un chemin pour libérer la France » du joug bruxellois. Estimant stérile l’opposition entre partisans respectifs d’un Frexit et du plus d’Europe, il propose un plan en trois étapes. Dans un premier temps, « un moratoire de six mois », geste fort indiquant « que la France a décidé de reprendre son destin en main », se traduirait par un déploiement de « l’armée à nos frontières pour contrôler les migrations » et lutter contre le narcotrafic, l’arrêt de « tout versement financier à l’Union », la sortie « du marché européen de l’électricité » et la reprise en main par la France de sa liberté en matière de « politique industrielle et commerciale » ainsi que de « politique étrangère et de défense ». La seconde étape consisterait à proposer aux 26 États membres « une renégociation complète des traités pour dissoudre l’Union européenne et la remplacer par une organisation intergouvernementale légère préservant un marché commun et organisant des coopérations à la carte entre pays souverains ». Et, en cas de refus, « le Frexit » serait alors la solution alternative, « l’issue de secours ultime ».
Le troisième étage de la fusée serait un « nouveau traité de coopération organisant ce départ collectif ou la décision de quitter seul l’Union européenne », qui fera alors « l’objet d’un référendum dont le résultat sera bien sûr respecté ».
Nicolas Dupont-Aignan sera-t-il suivi dans ce projet ? À ceux qui en doutent, il oppose la nécessité d’une union des patriotes, union qu’ont clairement encouragée Marion Maréchal et Philippe de Villiers, furtivement présents à ce congrès par vidéos interposées.
Etienne Lombard