
La controverse s’amplifie autour d’une députée LFI inconnue du grand public : Nathalie Oziol. Au lendemain de la publication d’un article de Libération signé Charlotte Belaïch, la députée LFI de l’Hérault se retrouve au cœur d’une polémique houleuse mêlant accusations de communautarisme électoral et déclaration plus qu’ambiguë sur l’assassin de Samuel Paty.
Dans un premier article mis en ligne le 5 novembre, Libération révélait les propos tenus par la députée lors d’un entretien filmé dans sa permanence le 5 juin 2024, conduit par Taibi Bouklit. Interrogée sur une boucle WhatsApp intitulée « Oumma Montpellier » – un groupe militant ayant soutenu LFI lors des élections européennes –, Nathalie Oziol expliquait « ne pas être d’accord » pour qu’on dise, « comme le maire de Montpellier, que c’est un fanatique musulman qui a tué Samuel Paty ». Et d’ajouter dans une argumentation d'un misérabilisme déresponsabilisant qu'on peine à croire : « Ce n’est pas une question de religion, mais de moyens, de hiérarchie, de comment le gouvernement considère l’Éducation nationale. Mon rôle, c’est de réaxer : on arrête les diversions, de cibler les boucs émissaires, on remet le curseur sur les vrais problèmes. » Ces déclarations, replacées dans le contexte de l’enquête sur l’assassin du professeur, Abdoullakh Anzorov, qui avait revendiqué son acte au nom du prophète et diffusé des messages ultra-religieux, ont suscité un vif émoi sur X après la publication de l'article.
Quelques heures après la parution de l’article, Nathalie Oziol a réagi sur X (ex-Twitter), accusant Charlotte Belaïch de mensonge. Dans une logique de « meute » – celle-là même que la journaliste décrivait dans son livre éponyme – plusieurs militants insoumis ont à leur tour pris pour cible la reporter de Libération. Le journal a, dans la foulée, publié ladite vidéo citée dans l'article de la journaliste, ce 6 novembre.
Riposte judiciaire et colère de Mickaëlle Paty
Face à ces propos, Carine Chaix, avocate de Mickaëlle Paty, sœur du professeur décapité à Conflans-Sainte-Honorine en octobre 2020, a publié ce 6 novembre un communiqué particulièrement sévère. Elle y reproche à la députée son refus de qualifier l’assassin de Samuel Paty de fanatique musulman : des « propos indignes d'une représentante de la Nation ». « L’islamisme n’est pas qu’une opinion, mais une idéologie religieuse meurtrière fondée sur une lecture fanatique de l’islam », écrit Me Chaix.
« Refuser de nommer l’idéologie islamiste, c’est abandonner ceux qu’elle menace. » L’avocate écrit que « l’Histoire enseigne qu’on ne combat pas un totalitarisme en fermant les yeux sur sa nature. Il est temps, effectivement, de réaxer le débat afin que les pouvoirs publics cessent de minimiser cette menace. À suivre votre refus de stigmatiser le fanatisme musulman pour considérer que le seul problème réside dans l’administration, aurait-il fallu hier ne pas « stigmatiser » le nazisme pour ne pas heurter les Allemands ? » Elle ajoute que Mickaëlle Paty lui a demandé d’examiner les propos de la députée sous l’angle d’un possible délit d’apologie du terrorisme. La sœur du professeur remarque auprès de Marianne : « "Fanatique musulman" est un groupe nominal : on ne peut en retrancher un mot sans en altérer volontairement le sens.
Etienne Campion