
Il est des heures où les nations, si antiques soient-elles, sentent passer sur leur nuque le souffle froid de l’Histoire. Nous vivons l’une de ces heures. Tandis que le pays s’abandonne aux prestiges mourants de ses certitudes, une force étrangère à notre génie, impérieuse et dissolvante, œuvre déjà dans l’ombre, mais n’hésite plus à se montrer au grand jour. Elle avance, sûre de son dessein, d’autant plus hardie que ceux qui devraient la nommer se dérobent devant leur devoir premier : dire la vérité.
Nos gouvernants, que la prudence apparente dispense trop souvent du courage, feignent de distinguer entre l’écorce et le noyau, entre l’idéologie fanatique — qu’ils baptisent du nom atténué d’Islamisme — et la doctrine entière dont elle procède, c'est-à-dire l’islam. Ils s’enferment dans l’illusion qu’un mot suffit à tronquer la réalité, qu’en affublant le péril d’un diminutif inoffensif, ils en neutraliseront la puissance.
Ainsi s’imagine-t-on écarter l’orage en voilant la montagne.
Cependant, dans les faubourgs de l’esprit public comme dans les provinces de l’âme nationale, la menace grandit. Ce n’est pas seulement une secte égarée qui se lève : c’est un système complet, total, conquérant, qui rêve de recouvrir nos lois, notre culture, nos mœurs, de son manteau uniforme. La dispute n’est plus politique ; elle devient civilisatrice. Car toute civilisation se fonde sur un ordre et tout ordre sur une fidélité. Or la fidélité que réclame cet adversaire masqué mais invasif n’est pas celle de nos pères ; elle ne procède ni de nos sources grecques, ni de notre sens romain, ni de notre enracinement chrétien ; elle est d’une autre souche, d’un autre climat, étrangère à nos pierres comme à nos morts. Elle est contraignante, elle est totalitaire et se vente de n’avoir aucune hâte dans son entreprise d’annexion et de domination.
Le combat lui est d’autant plus facile que nous avons renoncé depuis 80 ans et la fin de la dernière guerre mondiale à faire Nation. Nous ne faisons même plus tribu. Chacun avançant seul dans un espace vidé de toute substance identitaire. Nous sommes devenus de paisibles consuméristes encore un peu chrétiens et nous deviendrons de paisibles consommateurs musulmans.
Ce combat s’annonce ; nul ne saurait désormais en nier la possible voire probable imminence. Il ne s’agit nullement d’appeler à la haine — faibles sornettes de barbares — mais de rappeler que les nations se tiennent debout lorsqu’elles regardent le danger droit dans les yeux.
Le premier acte de toute défense est la nomination claire du péril ; le second, la résolution.
Que nos dirigeants comprennent enfin que la civilisation ne se protège pas par des euphémismes, mais par la lucidité. Et que la lucidité, quand l’heure sonne, commande d’appeler les choses par leur nom. Nous le savons, le Djihad a deux visages, l’un exogène et violent, l’autre endogène et séducteur prosélyte s’il le faut.
A moins que nos dirigeants n’aient depuis longtemps renoncé à défendre la France et ce que nous sommes, voire qu’ils aient encouragé cette entreprise par la soumission ?
Cacher le mot, c’est déjà trahir l’idée.
Jean-Jacques Fifre