DETTE PUBLIQUE - Le « Titanic » économique à la dérive

marc touati

L’économiste Marc Touati alerte une nouvelle fois face à une situation budgétaire catastrophique, alors que la dette publique française franchit de nouveaux records historiques.

Un endettement hors de contrôle

La dette publique française a atteint 3 482,2 milliards d’euros au troisième trimestre 2025, soit 117,4 % du PIB. Ce niveau se rapproche dangereusement du record historique de 117,8 % enregistré au premier trimestre 2021, en pleine crise sanitaire.
Depuis fin 2019, la dette a explosé de près de 1 095 milliards d’euros, tandis que le PIB n’a progressé que de 530 milliards sur la même période. Cet écart de 564 milliards illustre, selon l’économiste, une dérive budgétaire sans précédent où l’argent emprunté ne génère plus de croissance économique.

Un contraste saisissant avec nos voisins

La comparaison avec l’Allemagne est particulièrement édifiante. Depuis 2007, la dette française a bondi de 179,8 %, contre seulement 69,4 % outre-Rhin. Sur la même période, le PIB allemand a progressé de 78,5 %, dépassant même l’augmentation de sa dette publique. La Suisse fait encore mieux, avec une dette n’ayant augmenté que de 16,6 % face à une croissance du PIB de 41,5 %.

La France, mauvaise élève de la zone euro

Avec un déficit public attendu autour de 5,4 à 6 % du PIB pour 2025, la France occupe la première place des mauvais élèves de la zone euro. Le dernier excédent budgétaire du pays remonte à 1974. L’État représente à lui seul 81,7 % de la dette totale, avec 2 845,7 milliards d’euros.
En incluant les engagements hors bilan, notamment les retraites des fonctionnaires, l’endettement réel atteindrait 7 000 milliards d’euros, soit largement plus de 200 % du PIB.

La sanction des marchés financiers

Les taux d’intérêt de la dette française ont grimpé à 3,63 % pour les obligations à 10 ans le 22 décembre, un niveau inédit depuis novembre 2011. Les obligations à 30 ans ont même dépassé les 4,5 %, du jamais-vu depuis juin 2009.
Cette hausse génère un effet de contagion dans toute la zone euro, y compris en Allemagne où les taux ont atteint 2,9 %. Plus inquiétant encore, l’écart de taux entre la France et l’Italie s’est réduit, plaçant parfois les obligations françaises au-dessus des italiennes.

Une paralysie politique aggravante

L’absence de budget voté pour 2026 illustre l’impasse politique. Une loi spéciale devra être adoptée pour assurer la continuité de l’État, basée sur le budget 2025. Des ordonnances pourraient suivre en janvier, mais une motion de censure menace le gouvernement.

Cette instabilité intervient alors que le pays aurait besoin de réformes structurelles urgentes pour réduire ses dépenses de fonctionnement et rationaliser son administration.

Des signaux d’alerte mondiaux

La situation française s’inscrit dans un contexte international tendu. Au Japon, la Banque centrale a relevé ses taux à 0,75 %, un plus haut depuis août 1995, tandis que les taux obligataires japonais à 10 ans ont atteint 2,07 %, leur niveau le plus élevé depuis février 1999.
En réaction à ces incertitudes, l’or a franchi les 4 482 dollars l’once, établissant un nouveau record historique et confirmant son statut de valeur refuge.

L’exemple argentin comme lueur d’espoir ?

L’économiste cite néanmoins l’Argentine comme contre-exemple positif. Sous la présidence de Javier Milei, le pays a réduit drastiquement ses dépenses publiques, supprimé le contrôle des prix et ramené le nombre de ministères de 21 à 9. Résultat : une croissance attendue de 5 % en 2025-2026, une inflation tombée de 211 % à 30 %, et une dette publique divisée par deux, passant de 157 % à 75 % du PIB.
Pour Marc Touati, la France dispose encore d’une marge de manœuvre, mais à condition que ses dirigeants acceptent de regarder la réalité en face et entreprennent les réformes nécessaires avant qu’il ne soit trop tard.

La Rédaction service Économique

 

 

Date de dernière mise à jour : 30/12/2025

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