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MERCOSUR : Le coup de gueule de Pascal Deshayes

Accord commercial UE-Mercosur : Inquiétudes du réseau européen Slow Food -  Slow Food

En visite au Brésil, Emmanuel Macron s’est dit « plutôt positif » sur la possibilité de dire oui à l’accord commercial entre l’UE et plusieurs pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et récemment la Bolivie). « C’est une trahison, constate Pascal Deshayes, président de la Coordination rurale de Meurthe-et-Moselle. Notre président ne tient pas sa parole. Le traité est quasiment signé. Cela fait cinq ou six ans que lui et les dirigeants de Bruxelles nous mènent en bateau. Ce sont des menteurs. Nous, au niveau de la coordination rurale, nous avons dénoncé ce traité depuis le début. C’est insupportable. »

Clauses de sauvegarde et clauses miroir

Le président français a pris la précaution d’ajouter que ce traité de libre-échange serait accompagné de « clauses de sauvegarde ». De quoi s’agit-il ? « On ne sait pas trop, affirme Pascal Deshayes. Nous, on avait demandé des clauses miroir qui ne seront pas respecter. Les clauses miroir, c’est d’interdire les produits qui contiennent des molécules qui sont interdites chez nous, en France et en Europe. Mais comment fait-on pour contrôle les produits qui viennent d’Argentine, du Brésil ou d’ailleurs ? C’est quasiment impossible. »

Des quantités phénoménales

De fait, il n’y a aucune garantie sanitaire sur les produits qui vont être déversés sur l’Europe. Or, ce sont des quantités phénoménales qui vont arriver. « Cela représente quand même 100.000 tonnes de viande bovine. Et ce sont des morceaux nobles, les beaux morceaux, le reste, ils le garderont. Cela correspond en réalité à 200.000 tonnes chez nous. C’est un truc de fous. Une grosse partie va venir en France, un peu en Allemagne. Même chose pour la volaille du Brésil. »

Le blé détaxé venu d’Ukraine

Le Mercosur est déjà très inquiétant pour les producteurs français. Mais il s’ajoute à l’accord avec l’Ukraine. « C’est le deuxième danger, souligne Pascal Deshayes. Sous prétexte du conflit avec la Russie, l’Europe a dédouané tous les produits agricoles. Ils n’ont pas de taxe. Si bien qu’aujourd’hui, il y a du blé ukrainien qui arrive à 130 € rendu en France alors que chez nous, il est à 160 € et il était à 240 € l’année dernière. Ça craint. Malgré la bonne moisson de cette année, on n’est pas mieux loti que l’année précédente avec une très mauvaise moisson, mais avec de prix à peu près corrects. Les deux conjugués, Ukraine et Mercosur, vont porter un coup fatal à notre agriculture. On avait déjà un accord avec la Canada, des contrats avec l’Asie… »

Les agriculteurs sacrifiés

Pourquoi ces accords commerciaux insensés avec autant de pays ? « Tous ces accords internationaux, c’est pour vendre de l’Airbus, des trains ou des voitures. On fait du troc avec l’agriculture. Nous ne sommes plus que 400.000 agriculteurs en France. Nous étions 1,2 million il y a 20 ans, et 30% vont partir à la retraite dans les 10 ans qui viennent. Il va rester à peine 250.000 agriculteurs. C’est ce qu’ils veulent ? »
La souveraineté alimentaire dont on nous rebat les oreilles ? « C’est de la foutaise, répond le président de la CR54. On ne mourra jamais de faim, même sans agriculteurs, comme je l’ai dit à la préfète lorsqu’elle était encore à Nancy. Tout sera importé. Par contre, on aura peut-être des boutons sur la figure… »

Un suicide par jour chez les agriculteurs

Les syndicats agricoles sont vent debout contre ces accords qui les ruinent. Envisagent-ils de nouvelles actions ? « Des manifs, cela ne sert pas à grand-chose. On s’en fout des agriculteurs. En ce moment, on a des épizooties comme la dermatose sur les bovins. Pour une vache contaminée, ils font abattre tout le troupeau. C’est scandaleux. Il y a la grippe aviaire. On a trouvé une quarantaine de grues mortes à l’étang de Lachaussée (Meuse). Même chose dans le sud-ouest. Le monde paysan va crever de toute façon. Il y a un suicide par jour chez les agriculteurs. L’administration n’en a rien à faire.
Il n’y a pas un secteur agricole qui n’a pas de soucis. Les producteurs d’amandes, de noisettes ? Ils n’ont plus de droit d’utiliser les néonicotinoïdes, les producteurs ont perdu 30 à 40% de leur production. Par contre, les amandes et les noisettes arrivent de Grèce ou d’Espagne qui, eux, utilisent les fameux néonicotinoïdes.
Les agriculteurs sont les premiers à vouloir enlever les molécules toxiques de nos champs, mais il faut les remplacer. Les écolos et les ONG sont acharnées contre, on les a sur le dos. Ils ont des pouvoirs très importants. Leur but n’est pas de proposer, mais de détruire. »

Marcel Gay

Date de dernière mise à jour : 08/11/2025

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